A RFO, le moins que l’on puisse dire, c’est que le Président Besse n’à aucun souci de l’image de l’entreprise. En deux mois, une journaliste a été contrainte de bloquer deux fois les grilles de la station de RFO Martinique, pour se faire payer son complément de salaire, retenu indûment.

Par erreur selon la Direction. Harcèlement moral, répond L. David, déléguée syndicale CGT qui, depuis deux ans, a engagé une procédure prud’homale contre son employeur pour harcèlement moral et discrimination syndicale. Cette fois, muni d’un bidon d’essence, elle a menacé de s’immoler devant la télévision publique.

Jeudi 31 juillet sur ATV, la Martinique a pu voir la spécialiste de l’investigation expliquer, la détermination dans le regard, que l’immolation est un geste de résistance. Radio Martinique, comme radio Paris du temps de l’occupation allemande, ou plus récemment comme l’ORTF, n’a pas donné l’information.

Quelle crédibilité ont désormais les journalistes de RFO pour aller couvrir des conflits sociaux nés du manque de dialogue social ou du non respect des droits des salariés quand à leur porte ils étouffent l’information ?

Pourtant leur collègue était dans ses droits puisque jeudi soir, comme déjà le mois dernier, on a vu la directrice régionale venir devant les grilles porter le chèque de régularisation du salaire de la journaliste.

Liliane Francil lui a aussi remis une lettre dans laquelle la direction donne son accord pour qu’un expert choisi par Lisa David, vérifie la régularité de ses salaires des cinq dernières années. Un expert qui sera payé par RFO.

DIFFICILE ALORS DE NIER UN VERITABLE HARCELEMENT MORAL

Lisa David aime à rappeler ce rédacteur en chef qui dans un cri du cœur lui avait dit « tu es un accident dans l’histoire de RFO ». L’histoire semble lui donner raison, tellement cette journaliste irrespectueuse détonne par son courage dans cette télévision publique où elle défend régulièrement les droits de ses collègues.

« Si les camarades de la CGTM, du BTP en passant par France Télécom, l’EDF, les dockers, les municipaux ou la santé, ont été nombreux à venir m’apporter leur soutien, à RFO une main me suffit pour compter les collègues qui ont osé s’approcher de moi. Il ne fallait pas se faire voir du coté de la résistance. »

Pourtant on a vu des anonymes venir après le journal d’ATV, manifester leur solidarité.

« Vous savez, à RFO, vous êtes plus fréquentable en détournant de l’argent, en vendant les images de la maison ou en utilisant le droit de cuissage pour permettre à des femmes en difficulté d’obtenir un contrat précaire, assure un salarié, ancien de la maison ».

Les Renseignements Généraux avaient pris la menace de Lisa David au sérieux. Pendant les deux jours où celle-ci s’est installée devant les grilles, des policiers se sont succédés pour tenter de la convaincre, en vain, de leur remettre le bidon d’essence.

Quand on connaît le profil de cette femme, on sait qu’elle est capable de passer à l’acte. Un geste qui n’est pas sans rappeler Jan Palach, cet étudiant tchèque qui le 16 janvier 1969, s’immolait par le feu sur la place Venceslas à Prague, pour protester contre l’occupation soviétique. Aujourd’hui encore, l’endroit est quotidiennement fleuri par des anonymes.

Beaucoup parient sur le départ de Lisa David qui finira par baisser les bras, abattue. D’autres affirment qu’un homme politique serait séduit par sa capacité de résistance et voudrait l’intégrer dans son cabinet.

Mais l’intéressée s’en défend, « je crois que j’étais née pour être journaliste, je le suis devenue tard, mais pour toujours ». Celle qui a fait trembler le monde politique et économique martiniquais, en révélant de nombreuses affaires politico financières, cache difficilement sa lassitude.

Dans un sursaut d’orgueil, sans enlever ses lunettes noires qui dissimulent son regard, elle dit souriante « les coups qui ne vous tuent pas vous renforcent », nous apprend un dicton arabe.

Vendredi 2 août, aux environs de 14 heures, la twingo jaune qui bloquait les grilles est partie après que la direction parisienne se soit engagée, auprès de la CGTM et de Maître Raphaël Constant, conseil de Lisa David, à ouvrir des négociations pour que cesse ces « erreurs ». Ce sera au cours d’une visioconférence lundi prochain 4 août.

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