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dimanche 27 mars 2005 Les hommes vont mal. Ah bon ? Contre l’émancipation des femmes, des hommes ont inventé "la crise de la masculinité"
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Le 8 mars 2003, Genève accueillait la première grand-messe des hommes blessés : le « congrès international de la condition masculine ». En avril de cette année, le relais sera passé à Montréal. Ces colloques font partie d’un mouvement plus large qui met en avant « la crise de la masculinité » en réaction à l’émancipation (trop ?) radicale des femmes. Si ce courant est minoritaire au sein de la gent masculine, il participe d’une tendance qui remet en question l’avancée des droits des femmes. Depuis que les femmes s’émancipent, les hommes vont mal. Du moins, c’est ce qu’affirment certains groupes d’hommes s’exprimant dans des congrès ou sur de florissants sites Internet (1). Sans importance ? Leur discours est néanmoins à la mode et abondamment relayé par les médias. L’argumentaire se veut simple, cohérent, concret : le féminisme a forcé les hommes à changer et depuis ils se sentent dépossédés de leur identité et de leurs droits. La liste des injustices dont ils souffrent est longue : discrimination positive au travail en faveur des femmes, préjugés favorables aux mères en cas de divorce, fausses allégations de violence ou d’inceste, pensions alimentaires disproportionnées, hausse du décrochage scolaire des garçons, augmentation des prescriptions d’antidépresseurs. « Un discours de dominants », résume Anne-Marie Devreux, sociologue française, chargée de recherche au CNRS. Les arguments utilisés sont majoritairement reliés à l’émotionnel et l’identitaire. Probablement parce que les inégalités matérielles entre femmes et hommes sont toujours favorables à ces derniers. Souffrance suspecte Cette « crise » trouve ses racines dans les années septante et les avancées acquises alors par les femmes, notamment en termes de participation au marché du travail et de contraception. Selon Anne-Marie Devreux, les réactions positives de quelques hommes à ces changements furent montés en mayonnaise et arbitrairement extrapolés à l’ensemble de la société tout au long des années quatre-vingt. Ce n’est que dans les années nonante, comme l’explique la sociologue Pascale Molinier dans L’énigme de la femme active (2), que le discours optimiste sur les nouveaux hommes et la constitution d’une nouvelle société égalitaire laissa la place à un discours alarmiste sur « le malaise des hommes ». Un malaise qui s’expliquerait par la remise en question de certaines pratiques et cadres traditionnels. Si certaines féministes concèdent que l’évolution des rapports entre femmes et hommes ont poussé des hommes à une remise en question de leur rôle dans la société, elles restent très réservées quant à l’ampleur du phénomène. D’abord parce que les inégalités touchent toujours majoritairement les femmes - chômage, précarité, bas salaires - sans oublier la violence, ensuite parce que la « crise » ne concerne qu’une partie minime de la population masculine. « Chez les bourgeois ou dans les cités, les garçons ne traversent pas de « crise de la masculinité », souligne Anne-Marie Devreux. Par ailleurs, certaines « souffrances » masculines peuvent paraître très suspectes. Comme la douleur des pères spoliés du droit de s’occuper de leurs enfants. Etonnamment, souligne la sociologue, cette souffrance apparaît essentiellement lors de la séparation du couple. « Quand les hommes parlent « au nom de leurs enfants », c’est souvent contre les femmes. La dépossession des pères de leurs droits est complètement mythique. Ils oublient que la responsabilité parentale implique aussi des devoirs. » Perte de privilèges Au-delà d’un passager accès de colère, que cache alors cette « crise de la masculinité » ? « On constate qu’un état de crise surgit à chaque fois qu’une domination est remise en question », remarque Anne-Marie Devreux. Cette angoisse serait liée au sentiment de la perte des privilèges et du monopole des hommes. Faut-il vraiment la prendre au sérieux ? « Ce n’est pas un phénomène secondaire. Cette « crise de la masculinité » est une version soft de ce qui est en train de se mener plus particulièrement au Canada et en France : une lutte ouverte des hommes contre les femmes et contre les féministes », analyse Anne-Marie Devreux. Le débat sur la mixité à l’école en est un bon exemple. Parti du Québec, il occupe aujourd’hui ceux qui se sont auto-baptisés les « masculinistes ». Sous prétexte de défendre les garçons qui souffriraient de la réussite scolaire des filles, ces derniers proposent un retour en arrière à des classes non-mixtes. Souffrance féminine Absurde, dira-t-on. La sociologue française ne banalise pas le phénomène. En matière de droit des femmes, rien n’est jamais acquis. Comme le prouve la mise en place de l’Allocation parentale d’éducation (APE) en France, initialement attribuée à l’un des deux parents à condition qu’il reste à la maison pour s’occuper de l’enfant entre 0 et 3 ans. Résultat : l’APE touche essentiellement des femmes et le taux Pour la sociologue Pascale Molinier, cette « crise » cache également un processus d’euphémisation des souffrances féminines. Contrairement à ces dernières, « les formes masculines de décompensation sont spectaculaires et bruyantes : rixe, sabotage, surendettement, violences domestiques, suicides. Quant à la souffrance des hommes dominants, ce n’est rien de dire qu’elle fait recette. « Le stress des cadres » a fait couler plus d’encre ces dernières années que celui des caissières d’hypermarché. En pointant la vulnérabilité des hommes, ne risque-t-on pas d’avaliser l’idée, bien commode pour le maintien de l’ordre social, que les femmes sont formidables dans l’adversité ? » D’ailleurs, beaucoup de femmes ont elles-mêmes intégré ce discours sur la « crise de la masculinité ». Elles culpabilisent, ont le sentiment de mettre la barre trop haut, d’en demander beaucoup, de vouloir trop. Certaines sont aussi sensibles au discours des hommes bafoués dans leurs droits parce qu’elles y trouvent plus de bénéfices personnels. Notes 1. Divers sites Internet comme :La cause des hommes ou Le congrès qui entend redonner la parole aux hommes « Est-ce que l’homme est aussi méchant ou aussi minable que le suggèrent les féministes ? Est-ce que les femmes et les enfants seraient mieux si les hommes disparaissaient de la planète ? L’homme doit-il changer pour se conformer aux attentes de la femme ? » Voilà une série de questions sans réponses qui auraient poussé John Goetelen, naturopathe, et Yvon Dallaire, auteur de Homme et fier de l’être, à organiser le premier Congrès international de la condition masculine, « Paroles d’hommes », en 2003 (1). Pour les deux hommes, ce congrès devait être l’occasion de réfléchir sur la condition de l’homme aujourd’hui. Neuf intervenants belges, suisses, français et québécois y ont abordé des thèmes tels que « La femme n’est pas l’avenir de l’homme », « La violence faite aux hommes », « La tendresse suspecte : pères présumés coupables » ou « Les réseaux d’hommes : quand les hommes parlent ». Quelque cent personnes (dont 30% de femmes) auraient pris part au congrès. Le deuxième congrès, qui aura lieu à Montréal du 22 au 24 avril prochain, entend avancer dans la définition de l’homme du XXIe siècle. « Au lieu de se définir en fonction des attentes des femmes ou en réaction à leurs exigences, les hommes se demandent ce qu’ils voudraient devenir maintenant que les femmes sont plus autonomes et de plus en plus responsables de leur propre vie et survie. » En plus des thématiques déjà abordées, les intervenants traiteront, entre autres, du mouvement gay et de la condition masculine, des garçons à l’école et de l’influence des pères sur l’éducation des fils, de la garde partagée ainsi que du suicide des 1. Site Internet : www.parolesdhommes.com Le sexe, une différence comme une autre propos recueillis par Virginie Poyetton Si certains hommes se complaisent dans leur rôle de victimes, d’autres cherchent à questionner leur place dans une société inégalitaire. Rencontre avec Mathieu Carnal, sociologue, assistant à l’Université de Lausanne et ancien membre des « Mâles Barrés ». De 1998 à 2003, ce groupe d’une quinzaine d’hommes a cherché à créer un espace de discussion sur les rapports de genre et la domination masculine. Le groupe a disparu, il y a deux ans, parce que, comme le signale en souriant Mathieu Carnal, beaucoup sont devenus pères « et comme ils essaient de partager les tâches, ils n’ont plus beaucoup de temps. Manière de prendre conscience de la lourde responsabilité domestique des femmes ». « Le Courrier » : Les hommes sont-ils réellement en crise ? Mathieu Carnal : A mon avis, non. Cette « crise de la masculinité » est essentiellement une invention médiatique et psychologique. Elle est apparue il y a quelques années dans les médias et dans certains L’émancipation des femmes passe-t-elle forcément par le malaise des hommes ? Oui et non. Cela ne devrait normalement pas créer de malaise. L’émancipation des femmes apporte beaucoup aux hommes. Traditionnellement, les rôles sexués sont très limités. Les luttes pour l’égalité ont permis aux hommes d’avoir un autre rapport aux enfants, à leur sensibilité, à leur vie professionnelle. En revanche, si on part du principe que la position avantageuse des hommes s’effrite avec les avancées du droit des femmes, on peut imaginer le malaise de certains. Ils perdent certaines de leur prérogatives masculines dans la répartition des tâches domestiques ou dans la prise de décision au sein du couple, par exemple. Au final, il s’agit d’un choix de société, à savoir si on préfère vivre de manière égalitaire ou dans un rapport de domination. Les identités féminines/masculines seraient donc interchangeables ? Le 8 mars, il y a eu beaucoup de débats autour de cette question à la télé et dans les journaux. On nous agite toujours le spectre de la similitude, d’une perte des différences qui feraient la richesse humaine. C’est un argument peu convaincant. De manière globale, il y a une infinité de différences entre les gens. Est-ce que les différences entre une femme et un homme doivent être forcément plus grandes et plus significatives que celles entre deux personnes du même sexe ? En quoi la différence de sexe serait-elle fondatrice de toutes les autres ? Elle ne devrait pas avoir plus d’importance que la couleur des chaussettes des gens. Si l’appartenance à un sexe est tant martelée dans nos sociétés, c’est bien parce qu’elle permet de perpétuer la domination masculine et non pas parce qu’elle est une « richesse ». Est-il possible de s’affranchir d’une identité masculine stéréotypée ? C’est extrêmement difficile. Nous sommes soumis à beaucoup de messages contradictoires. Le principe de l’égalité, qui est le corollaire de l’idéal démocratique, est généralement bien accepté par l’opinion publique. Paradoxalement, il est également admis par la plupart des gens que les hommes ont un rôle spécifique à jouer. Et cela est sans cesse rappelé aux hommes dans les stéréotypes que véhiculent : le sport, les images publicitaires, le cinéma ou les médias. Il devient alors compliqué pour un homme de sortir de ce schéma, il passera plutôt pour un inadapté que pour un progressiste. D’où la création des « Mâles barrés ». En constituant ce groupe, nous voulions nous donner d’autres possibilités collectives d’appréhender les rapports femmes/hommes. L’idéologie machiste doit être détournés non seulement par la présence des femmes dans des lieux essentiellement masculins, mais aussi par le changement des modes de fonctionnement. Ainsi la relative féminisation des salles de rédaction ne sera un vrai pas pour l’égalité que si les médias adoptent une manière moins sexiste de gérer leur fonctionnement et de relater les affaires du monde. Un homme peut-il être féministe ? Je peux me dire féministe dans le sens où c’est un projet de société qui est positif pour les femmes et les hommes. On pourrait alors être homme féministe comme on peut aujourd’hui être blanc anti-colonialiste. Dans le groupe des « Mâles barrés », nous avons préféré nous dire pro-féministes. Les femmes doivent mener leur émancipation elles-mêmes et les hommes peuvent valoriser leur propre travail d’émancipation en espérant qu’un jour ces différences deviennent caduques. Etre un homme et se dire féministe est présomptueux puisqu’on n’a pas accès à toute une sphère de vécu féminin. Cela a mené à des dérives où des hommes s’affichent publiquement féministes tout en restant profondément machistes dans leur action. En se disant pro-féministe ou anti-sexiste on évite de faire ce que les hommes savent si bien faire : tirer la couverture à eux et récupérer un mouvement. Publié le vendredi 18 Mars 2005 dans "Le Courrier", Genève. – Merci à la rédaction du "Courrier" de nous autoriser à reproduire cet article sur Sisyphe. "Le Courrier" est un quotidien suisse d’information et d’opinion édité à Genève. "Le Courrier" n’a pas de capital, mais il a une richesse : son lectorat. Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 mars 2005. Suggestions de Sisyphe – Le dossier le la chaîne ARTE, « Quand les pères se vengent » : liens à une quinzaine d’articles sur le masculinisme, la garde partagée ou alternée, les violences conjugales, les inégalités... Cliquez ici. – Deux rubriques suggérées : Féminisme et condition masculine |