Les politiciens du monde entier, qui ont toujours été par définition des hommes, s’énervent le poil des jambes chaque fois qu’une femme manifeste son intention de prendre enfin SA place dans le dernier véritable bastion masculin. Ça hurle, ça magouille, ça frappe fort.
Soyons franches. Ils se montrent assez accueillants avec celles qui, selon eux, ne représentent pas un grand danger pour leur pouvoir. Si elles sont prêtes à se taire et à se contenter d’agrémenter le coup d’oeil sur le parterre des Assemblées nationales du monde entier en y apportant un peu de couleur et de fraîcheur, ils leur feront une petite place sans rechigner. Ces femmes, par leur bon goût, leur sens de la hiérarchie qui place l’Homme au-dessus d’elles, sont acceptables en politique.
Ce sont les autres, celles qui se prennent au sérieux, celles qui veulent avoir un véritable rôle dans la prise de décisions, celles qui réclament l’égalité, même au sommet, ce sont celles-là qui dérangent.
Il faut leur faire comprendre le plus vite possible que la politique n’a pas besoin d’elles. Et pour y arriver, tous les moyens sont bons. Il faut leur faire comprendre que la politique, ce n’est pas de la tarte et que ce n’est pas fait pour les petites natures. Il faut les dissuader le plus vite possible de chausser des souliers trop grands pour elles et leur faire comprendre qu’elles ne sont pas douées pour les grands mystères des rouages internationaux. Les femmes avec les enfants, les hommes avec les hommes. Chaque chose à sa place.
De Pauline à Ségolène à Hillary...
Au Rwanda, depuis le génocide, les femmes occupent la moitié des postes du Parlement. C’est le seul pays au monde dans ce cas. Comme les hommes font rarement de cadeaux aux femmes dans ce domaine, on peut penser que le pays était dans un tel état que les hommes n’ont pas eu envie de reprendre totalement le pouvoir.
Ils ont laissé des femmes entrer au Parlement pour régler la tragédie dans laquelle le Rwanda s’est retrouvé. Les femmes tiennent leur bout.
Ici, les membres du Parti québécois ont levé le nez sur une femme hautement qualifiée sous prétexte qu’ils n’aimaient pas la façon dont elle s’habillait ou la façon dont elle parlait.
Pauline Marois n’a jamais eu la chance de faire la démonstration de ses compétences. Exécutée sur le contenant plutôt que sur le contenu. Il y en a qui disent que le PQ se retrouve maintenant avec un contenant qui n’a pas de contenu... Ironie du sort.
La droite française a lancé l’attaque contre Ségolène Royal avec la même hargne que celle qui animait les membres du PQ lors de la course à la direction. Cette femme qui a réussi un parcours sans faute jusqu’à maintenant, qui a une longue expérience politique, ne peut pas ouvrir la bouche sans que quelqu’un, quelque part, l’assassine d’un : Elle dérape, elle ne connaît pas ses dossiers.
Si elle montrait plus de réticence à répondre aux questions qu’on lui pose, on l’accuserait immédiatement de pratiquer la langue de bois.
Elle risque de passer tout son temps à se défendre, à rétablir la vérité surtout, pendant que son opposant de la droite, le fameux Sarkozy, va naviguer sur pilote automatique jusqu’à la victoire. Lui, on ne lui reprochera pas d’avoir porté une veste blanche en Chine... ça ne viendrait à l’esprit de personne.
Si vous pensez que ça joue sale quand les femmes se risquent au plus haut niveau en politique, attendez de voir ce qui attend Hillary Clinton. Pauline et Ségolène, ça risque d’être de la petite bière comparé à ce qui va se faire aux USA pour stopper Hillary.
Good luck !
Journal de Montréal, 20 janvier 2007.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 1er février 2007.