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lundi 14 octobre 2002


À l’AGA de la Fédération des femmes du Québec
Prostitution : Un consensus à l’arraché

par Élaine Audet et Micheline Carrier






Écrits d'Élaine Audet



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Lors de leur Assemblée générale annuelle, le 22 septembre 2002, les déléguées de la Fédération des femmes du Québec (FFQ) sont parvenues à un consensus pour « décriminaliser les pratiques exercées par les prostituées et "les travailleuses du sexe" ». Une position qui se situe, selon un communiqué de la FFQ, « dans le cadre de la lutte contre la violence faite aux femmes. Après avoir adopté une vingtaine de propositions soumises par le conseil d’administration (C.A.) à la suite de la tournée provinciale de 2001, l’assemblée a confié au C.A. le soin de former un comité chargé de poursuivre la réflexion sur la nature de la prostitution : travail comme un autre ou forme d’esclavage et de violence envers les femmes.

La division des déléguées de la FFQ reste entière sur ces deux positions, ainsi que sur la criminalisation des proxénètes et des clients. L’appui d’influentes militantes de longue date, dont Françoise David, à l’utilisation de l’expression "travailleuses du sexe ", revendiquée comme « identitaire » par Stella, a permis d’inclure les deux formulations, soit celle de prostituées ET de "travailleuses du sexe", dans ce consensus obtenu à l’arraché. Et ce, en dépit de l’indécision d’une partie des participantes à l’AGA, qui ne semblaient pas avoir été préparées à une telle tournure du débat, ainsi que des fortes réticences de membres importantes de la FFQ, dont le Regroupement québécois des Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS). Dans son document de travail de février 2002, le RQCALACS affirme en effet : « (...) en nommant les femmes travailleuses du sexe, nous croyons qu’on minimise la violence, la pauvreté et l’oppression qui mènent des femmes et des filles à la prostitution et les y confinent. On légitime également l’industrie du sexe comme un secteur économique au lieu de la voir comme un système d’exploitation ».

Stratégie pour un consensus : la culpabilisation

On peut s’interroger sur la façon dont ce consensus partiel a été obtenu de l’assemblée. Selon des participantes, l’atmosphère des débats aurait été fortement influencée par la stratégie de Stella, un groupe d’aide et de défense des droits des « travailleuses du sexe », créé en 1995. Ce groupe s’est prononcé, à plusieurs reprises dans divers forums et assemblées, en faveur de la décriminalisation de tous les aspects de la prostitution, y compris pour la décriminalisation des clients et des proxénètes.

En marge de l’AGA, des déléguées ont en effet soutenu que Stella avait fait usage de stratégies qui lui seraient habituelles, cherchant à intimider celles qui ne sont pas familières avec des débats de cette nature. Dans les assemblées, les porte-parole de Stella se présenteraient en grand nombre, elles seraient mieux préparées, plus articulées et plus agressives que celles des autres groupes. Elles réussiraient ainsi à faire entendre leurs points de vue avant et parfois aux dépens de tous les autres, et même à l’imposer. En somme, elles procéderaient comme les lobbys de pression plus forts qui étouffent des points de vue, pourtant beaucoup plus représentatifs de la majorité, mais moins bien soutenus.

L’une des stratégies de Stella et de ses sympathisantes consiste, selon des participantes à l’AGA, à tenter de culpabiliser les personnes qui ont un point de vue différent du leur. Elles les accusent de mépriser les femmes dans la prostitution, de refuser de les écouter, de leur nier des droits et de les refouler en marge du mouvement des femmes. Cette façon de faire, qui se dispense d’une analyse globale et approfondie du problème de la prostitution, en déstabilise plusieurs.

Les personnes qui considèrent que la prostitution n’est pas un moyen légitime d’accéder à l’autonomie économique se voient accusées de ne rien connaître de la réalité. Stella et ses porte-parole rappellent sans cesse que se prostituer peut rapporter davantage que des emplois au salaire minimum. Elles atténuent et mettent parfois en veilleuse le fait que les proxénètes et les trafiquants de drogues prennent une large part des gains de la prostitution. Certaines semblent croire que la décriminalisation totale de la prostitution changerait cet état de choses de façon quasi-automatique. (Voir à cet égard les débats sur le réseau Netfemmes.)

Les porte-parole de ce groupe insistent, enfin, sur le soi-disant travail "social" des femmes dans la prostitution. Ces dernières connaîtraient les hommes mieux que les autres femmes, parce qu’elles recueilleraient leurs confidences, etc. Ce "travail" serait donc « nécessaire », selon Stella qui n’analyse pas, cependant, les conditions qui feraient de la prostitution une soi-disant nécessité sociale. Cette argumentation rejoint le discours traditionnel de personnes qui veulent valoriser leur statut à leurs propres yeux et à ceux d’autrui. Mais ce discours « racoleur » a des chances de rallier une partie de l’opinion, notamment les "acheteurs" potentiels et les personnes qui souhaitent faire l’économie d’une réflexion sur le rôle et les conséquences de la prostitution dans l’ensemble des problèmes de la condition féminine à travers le monde.

Formation plus que consultation

Quelque temps après son assemblée générale, la FFQ a rendu public le rapport de Françoise David, qui a présidé une tournée provinciale portant sur la prostitution, à l’automne 2001. Il s’agissait moins, selon le contenu du rapport, de consulter les membres de la FFQ sur le sujet que de les préparer à en débattre à l’assemblée générale de septembre. F. David définit ainsi son mandat : « J’ai eu le plaisir d’être embauchée par la Fédération comme contractuelle afin d’effectuer une tournée des régions pour commencer les débats sur cette question avec nos membres. Un canevas de formation a été conçu avec la précieuse collaboration de Martine David et Suzanne Biron. »

En quoi consistait précisément cette formation ? On croit comprendre qu’il s’agissait de présenter les deux tendances (n’y en a-t-il que deux ?) face à la décriminalisation de la prostitution. Le rapport énumère les questions et les réflexions des participantes, mais il ne présente pas d’analyse proprement dite, ce qui n’était peut-être pas l’objectif visé. « Une remarque revient souvent dans les évaluations anonymes, peut-on lire dans le rapport : la difficulté de retransmettre dans les groupes la formation reçue lors de la tournée. On aime beaucoup le tableau synthèse, il aide à la compréhension, mais plusieurs participantes évaluent qu’elles auront quand même une certaine difficulté à expliquer les deux tendances dans tous leurs aspects. L’animatrice conseille de s’en tenir à l’essentiel et d’axer les débats surtout sur les recommandations. » Ces débats sont-ils possibles et efficaces si on ne connaît et ne peut expliquer « les deux tendances dans tous leurs aspects » ?

Une autre question plus importante se pose. Si l’objectif de ces rencontres était de préparer les membres à se former une opinion personnelle et à en débattre en toute liberté, n’aurait-il pas été préférable de confier cette responsabilité à une personne qui n’était pas identifiée à l’un ou à l’autre des deux principaux courants d’opinion sur la décriminalisation complète de la prostitution ? Avant cette tournée, Françoise David avait déjà annoncé ses couleurs en exprimant une position proche de celle du groupe Stella en faveur de la décriminalisation complète de la prostitution. Elle avait déjà elle-même posé publiquement certaines questions, dont celle attribuée dans son rapport à des participantes à la formation : « Pouvons-nous convenir que les femmes, comme les hommes, ont des pratiques sexuelles très diversifiées et qu’il n’y a pas qu’une seule vision féministe de la sexualité ? » Sans accuser l’intéressée d’avoir cherché à orienter les débats et les opinions, peut-on convenir que le fait de connaître d’avance les convictions personnelles de la présidente de la tournée, ancienne présidente de la FFQ et personnalité qui jouit d’une grande notoriété publique, comportait un certain risque de « teinter » la formation et les débats ?

Les participantes et les recommandations

La Fédération des femmes du Québec regroupe à la fois des membres individuelles et des associations. Le rapport indique le nombre de femmes rencontrées (530 au cours de 26 rencontres). N’aurait-il pas été pertinent d’indiquer de quels groupes ces femmes provenaient ? On aurait pu savoir, par exemple, si des groupes ont été mieux préparés que d’autres à participer aux débats sur les propositions du 22 septembre. Le rapport indique aussi des formations « avec des femmes des communautés culturelles (rien n’est dit cependant de la façon dont ces femmes des plus vulnérables voient les choses) ; d’autres demandes continuent d’arriver à la FFQ pour des formations. Le sujet suscite énormément d’intérêt, surtout dans les groupes autonomes de femmes. » La formation a donc débordé les seuls rangs des membres de la FFQ.

Enfin, le rapport conclut que des recommandations sont ressorties des rencontres, mais qu’elles ne sont pas d’ordre public et ne sont accessibles qu’aux membres de la Fédération des femmes du Québec. Il s’agit des recommandations débattues à l’AGA du 22 septembre. On peut alors se demander quelle était la pertinence de rendre public un rapport qui ne contient pas d’analyse et dont les conclusions n’étaient pas « d’ordre public ».

On connaît au moins sur quoi portaient les propositions qui ont été adoptées le 22 septembre par la FFQ. Selon le communiqué de la FFQ, elles visent principalement :

 « la mise en place de service adéquats et l’affectation des sommes nécessaires pour aider les travailleuses du sexe à défendre leurs droits et les protéger ; la poursuite de la réflexion au sein des groupes féministes et la sensibilisation : former et éduquer les groupes qui interviennent auprès d’elles ;

 « la décriminalisation des pratiques exercées par les femmes qui font de la prostitution ou tout autre forme de travail du sexe : on sait que légalement, le fait de payer pour un service sexuel n’est pas criminel ; cependant, les policiers peuvent arrêter les travailleuses du sexe pour sollicitation dans la rue, pour avoir amené un client chez elle (sous l’accusation de tenir un maison de débauche), etc.

 « la protection des femmes victimes de trafic sexuel à l’international. »

Et après ?

Le conseil d’administration de la FFQ et le mouvement des femmes ont du pain sur la planche pour les prochaines années et devront forcément établir des priorités. Il y a gros à parier que les questions de fond touchant les principaux responsables de la prostitution (clients et proxénètes) seront reportées indéfiniment. Il n’est pas difficile d’imaginer à qui profitera le plus ce statu quo entériné par la plus grande organisation des femmes au Québec. Si les choses en restent là, plusieurs pourront s’interroger sur la cohérence d’une organisation, qui mène des campagnes permanentes contre la violence faite aux femmes, mais qui hésite à s’attaquer aux racines d’une violence contre les femmes aussi flagrante, c’est-à-dire le système proxénète.


Octobre 2002


 Aussi : Yolande Geadah, Prostitution - Des failles dans le processus de réflexion amorcé au sein de la FFQ », Lettre ouverte aux membres du C.A. de la FFQ.

LIRE


. Fédération des femmes du Québec, Communiqué, le 23 septembre 2002
. Fédération des femmes du Québec Rapport de la Tournée sur la prostitution et le travail du sexe

. Stella et ses revendications, sur le site Cybersolidaires, Section Prostitution-Travail du sexe
. Regroupement québécois des CALACS, Prostitution - Document de travail, février 2002

. Le réseau Netfemmes



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Élaine Audet et Micheline Carrier



Plan-Liens Forum

  • > Prostitution : personne n’a rien arraché à personne !
    (1/3) 17 octobre 2002 , par

  • > Prostitution : Un consensus à l’arraché
    (2/3) 17 octobre 2002 , par

  • > Prostitution : Un consensus à l’arraché
    (3/3) 16 octobre 2002 , par





  • > Prostitution : personne n’a rien arraché à personne !
    17 octobre 2002 , par   [retour au début des forums]

    C’est avec grand étonnement, voire avec stupeur, que la Fédération des femmes du Québec prenait connaissance de cet article, écrit par deux femmes qui n’étaient pas présentes à notre assemblée générale du 22 septembre, et qui, à notre avis, reflète très mal la réalité.

    En effet, à l’issue de la discussion sur la prostitution et le travail du sexe, plusieurs membres ont témoigné à l’assemblée de leur grande satisfaction d’avoir pu participer à un débat aussi déchirant dans le plus grand respect de tous les points de vue. Dire que le consensus sur la décriminalisation des pratiques exercées par les prostituées a été obtenu à l’arraché tient de la fabulation. Le vote était très majoritaire, puisqu’il ne s’agissait pas de légaliser la prostitution, un enjeux sur lequel l’assemblée à décidé de poursuivre sa réflexion, mais bien de protéger des femmes des discriminations et violences dont elles sont victimes. Demandez aux membres !!

    S’il est vrai que les femmes qui défendent les droits des travailleuses du sexe et qui exercent ce métier ont donné leur point de vue sans ambages et ont témoigné de la difficulté de vivre certaines situations, notamment de violence, de harcèlement policier, etc., sachez que toutes les personnes qui ont voulu s’exprimer sur le sujet ont également été entendues, sans aucune intimidation de la part de nos membres. Les membres ont ainsi voté après avoir entendu autant d’arguments en faveur que contre la décriminalisation des pratiques exercées par les prostituées et travailleuses du sexe. En outre vos affirmations selon lesquelles nos membres n’étaient pas préparées au débat sont totalement erronées puisqu’elles ont toutes été invitées à participer à la tournée québécoise sur le travail du sexe et la prostitution l’année précédente et ont pu suivre de près les travaux du comité de réflexion sur la prostitution et le travail du sexe par le biais de nos publications.

    Cette tournée de formation/débat sur la question, où bon nombre de nos membres ont été rencontrées, visait à donner un aperçu de la situation actuelle de la prostitution et de toute autre forme de travail du sexe, puis de discuter, en fonction des différentes perspectives, des enjeux, tenants et aboutissants de la problématique. Pour plusieurs, il s’agissait d’une première réflexion, et le but n’était nullement de prendre une position ferme mais bien de faire avancer la pensée des militantes sur le sujet, dans un sens ou dans l’autre. Les participantes se sont d’ailleurs montrées extrêmement satisfaites, autant de l’exercice en soi que de l’impartialité de l’animatrice. Elles ont aussi manifesté un désir certain de poursuivre la réflexion.

    Le climat du débat sur la prostitution et le travail du sexe au Québec, très animé et émotif, rappellera à certaines et à certains celui qui prévalait au moment où les lesbiennes revendiquaient que le mouvement des femmes les entende et les appuie. À cette époque aussi, on a accusé ces groupes de femmes de mener un lobby indu et d’intimider les membres par le seul fait de dire haut et fort qu’elles étaient lesbiennes et qu’elles vivaient des discriminations.

    Autre chose : si les propositions comme telles ne sont pas disponibles sur notre site Web, c’est simplement que le procès-verbal de l’AG (qui contient ces propositions) ne sera adopté qu’à l’assemblée des membres en juin 2003 (comme à tous les ans), et que seules les propositions ainsi entérinées sont de nature publique. Cependant, toutes les membres en recevront copie dans le prochain bulletin interne de la FFQ, comme à l’habitude.

    La Fédération est consciente que la décision de ses membres de ne pas prendre position pour ou contre la prostitution ne plaît pas à toutes et à tous, qu’on soit abolitionniste ou non. Mais la démocratie en a décidé ainsi et la FFQ respectera la voix de ses membres.

    Enfin, nous nous interrogeons sur l’origine de vos sources puisque personne à la FFQ n’a été contactée pour répondre à vos questions, et que ni l’une ni l’autre des auteures n’était présente lors du débat.

    Vivian Barbot
    Présidente de la FFQ

    • Les opinions diffèrent.
      18 octobre 2002 , par
        [retour au début des forums]

      Nous avons bien lu vos commentaires sur notre article, « Prostitution : un consensus à l’arraché », et nous aimerions apporter des précisions.

      Tout d’abord, il est vrai que nous n’étions pas à l’assemblée de la
      Fédération des femmes du Québec, car nous ne sommes pas membres de la
      FFQ. Nos convictions féministes à toutes les deux sont connues depuis longtemps. Élaine Audet, qui tient une chronique féministe depuis 12 ans dans « L’aut’journal », a demandé d’assister à cette importante assemblée générale, en tant que journaliste amie. Mais on lui a dit qu’aucun-e journaliste n’était admis-e. Ce qu’elle a respecté.

      Rien ne nous empêchait, cependant, de mener notre propre enquête sur le déroulement de cette assemblée. Nous n’avions pas à privilégier la seule opinion officielle qui s’est exprimée par voie de communiqué. Les personnes qui nous ont donné les renseignements à la base de notre article sont membres de la FFQ. Certaines ont participé à tout le processus de réflexion sur le sujet, et toutes
      étaient présentes à l’AGA. Manifestement, elles ont eu du
      déroulement des débats une perception quelque peu différente de ce qui ressortait du communiqué émis par la FFQ au lendemain de cette rencontre. Le contexte même des débats, qu’elles ont décrit, justifie qu’elles aient réclamé l’anonymat, ce qui n’invalide en rien leurs témoignages. Nous n’avons pas de motifs valables de mettre leur parole en doute.

      Vous écrivez : « En outre, vos affirmations selon lesquelles nos
      membres n’étaient pas préparées au débat sont totalement erronées
      puisqu’elles ont toutes été invitées à participer à la tournée
      québécoise sur le travail du sexe et la prostitution l’année
      précédente et ont pu suivre de près les travaux du comité de
      réflexion sur la prostitution et le travail du sexe par le biais de
      nos publications. »

      C’est précisément cette préparation que nous avons questionnée à
      partir du rapport de Françoise David, qui ne nous semblait pas suffisant pour que les membres se forgent leur propre opinion. Nous nous posions également des questions sur la nature de la formation donnée. Environ dix jours avant la publication de notre texte, Micheline Carrier a écrit à la FFQ posant deux questions : 1. en quoi consistait précisément cette formation, dont parlait le rapport de Françoise David ? 2. était-il possible d’obtenir la liste des groupes qui ont reçu cette formation ? Elle n’a pas reçu de réponse.

      Vous écrivez : « Dire que le consensus sur la décriminalisation
      des pratiques exercées par les prostituées a été obtenu à l’arraché
      tient de la fabulation. »

      Ce n’est pas « le consensus sur la décriminalisation des pratiques
      exercées par les prostituées » qui a été obtenu à l’arraché, mais la
      formulation de « travailleuses du sexe », qui indique la reconnaissance de la prostitution comme un moyen économique de gagner sa vie, plutôt qu’une mise en marché des femmes par des proxénètes pour des acheteurs-consommateurs, avec tout ce que cela implique quant au respect de la liberté et de l’autonomie des femmes (comme certains groupes le pensent). Nous approuvons la décriminalisation des femmes prostituées. Élaine Audet a écrit son appui sur cet aspect de la question à Michèle Busque et à Nicole Nepton, de Stella, ainsi que dans son article « Droits des femmes ou droit aux femmes ». Micheline Carrier a pris la même position dans son article « Bientôt des proxénètes et des bordels subventionnés ? » On peut lire ces deux textes sur ce site.

      On peut questionner le fait que la plus importante organisation de
      femmes au Québec ne discute pas du problème fondamental lié à la
      prostitution, à savoir le rôle des proxénètes et des clients dans la
      mise en marché du corps et de la sexualité des femmes. Le statu quo à
      cet égard annonce-t-il une concession aux groupes qui réclament la
      décriminalisation des clients et des proxénètes ? Comment peut-on
      vouloir protéger les femmes dans la prostitution sans aborder ce
      volet de la question ? Comment peut-on voter des résolutions pour
      protéger les femmes prostituées contre diverses formes de violence
      sans une analyse des causes de la prostitution et de ses conséquences
      pour l’ensemble des femmes ? Sans débattre du fait que la
      prostitution est en soi une forme de violence ? L’assemblée et la
      tournée de formation ont peut-être fait cette analyse, mais cela ne ressort pas dans le communiqué de la FFQ, ni dans le rapport de Françoise David.

      Vous écrivez : « Le climat du débat sur la prostitution et le
      travail du sexe au Québec, très animé et émotif, rappellera à
      certaines et à certains celui qui prévalait au moment où les
      lesbiennes revendiquaient que le mouvement des femmes les entende et
      les appuie. À cette époque aussi, on a accusé ces groupes de femmes
      de mener un lobby indu et d’intimider les membres par le seul fait de
      dire haut et fort qu’elles étaient lesbiennes et qu’elles vivaient
      des discriminations. »

      Nous croyons que la comparaison est un peu tordue. Les femmes lesbiennes
      revendiquent le droit d’aimer des femmes et de vivre sans hommes. Elle ont obligé le mouvement féministe à les écouter, en affirmant haut et fort leurs
      droits (pas en empêchant les autres de s’exprimer, ni en les culpabilisant). Les luttes légitimes des femmes lesbiennes (qui sont des luttes pour l’autonomie) ne devraient pas, selon nous, être utilisées comme comparaison pour justifier les stratégies de celles qui réclament que la prostitution soit considéré un « travail comme un autre ». Demander la décriminalisation et la protection contre les violences pour les femmes engagées dans « l’industrie du sexe » est une chose. C’en est une autre de chercher à imposer la reconnaissance de la prostitution comme une activité légitime pour atteindre l’autonomie économique, ainsi que le proxénétisme comme un entrepreneurship légitime, quand en réalité un très grand nombre de femmes considèrent qu’il s’agit plutôt d’une forme d’exploitation, voire d’esclavage.

      [Répondre à ce message]

    • cinema porno et prostitution....
      5 mai 2004 , par
        [retour au début des forums]

      quel difference y a t il, du point de vu legal, entre un gars qui commande les services d une prostitue et un producteur de film porno qui engage des filles pour avoir des relations sexuelles devant des cameras ?a ce que je sache le premier est un hors la loi et le second est un partenaire de notre gouvernement, il met ses films en location dans les sex shop et le gouvernement percoit de taxes sur la location de ces films....les filles ont ete paye dans les deux cas pour services sexuels....? non ? svp quel qu un peut m eclairer ?je suis un peut meler....

      [Répondre à ce message]

    > Prostitution : Un consensus à l’arraché
    17 octobre 2002 , par   [retour au début des forums]
    prostitution : un consensus a l’arraché

    Bonjour,

    Je viens de lire votre article et je suis sidérée. Tout cet article écrit au conditionnel, plein d’accusations et d’insinuations...mais vous n’affirmez pas...! Comme si vous n’étiez pas certaines de ce que vous avancez. Et, en effet, il aurait été intéressant que vous vous donniez la peine d’aller aux informations.

    C’est assez rigolo de lire qu’avant la tournée ou j’ai été personne-ressource, j’aurais annoncé que j’avais une position proche de Stella sur la décriminalisation de la prostitution. Ah bon, premiere nouvelle ! Oui, j’étais en faveur de la décriminalisation des prostituées et travailleuses du sexe. Quant aux clients, c’est bien apres la tournée que j’ai pris position en faveur de la décriminalisation. Les proxénetes ? Je n’ai pas terminé ma réflexion.

    Deuxio, si vous me l’aviex demandé je vous aurais dit que sur les 530 femmes rencontrées au cours de la tournée, pas moins de 450 venaient de groupes membres de la FFQ : des centres de femmes, des Calacs, des maisons d’hébergement, des comités syndicaux de condition féminine, des féministes dans l’église, des membres de l’AFEAS, et j’en passe...

    Les évaluations remplies anonymement et par écrit par les participantes indiquaient un niveau énorme de satisfaction face aux informations recues. Au fait, plusieurs participantes ont félicité l’animatrice pour son objectivité !!!Il est vrai cependant que plusieurs se demandaient comment retranmettre tout cela, ca n’était pas facile pour plusieurs féministes qui discutaient de ce sujet pour la premiere fois. Mais par la suite, une trentaine de groupes locaux, de tables régionales et de regroupements nationaux ont fait parvenir ``a la FFQ les résultats de leurs débats. C’est sur cette base que le C.A. a retravaillé les recommandations a soumettre a l’assemblée. Par exemple, il a éliminé les propositions qui suscitaient beaucoup de divergences pour conserver celles qui étaient largement appuyées.

    Autre chose : ce rapport de tournée a été écrit en janvier dernier et s’adressait au C.A. Les recommandations qui y apparaissaient a la fin suggéraient simplement des facons de poursuivre le processus de discussion jusqu’a l’assemblée générale. Ce n’était donc pas d’intéret public. Les seules recommandations discutées tout au long de la tournée et dans les groupes sont celles qui apparaissent dans le document soumis aux membres de la FFQ des aout 2001.

    Troisiemement : il est bien possible que plusieurs participantes a l’assemblée générale aient trouvé cette assemblée difficile. En fait, toutes étaient nerveuses, surtout le matin. Nous cherchions des chemins pour nous rejoindre sachant l’ampleur des divergences. A mon avis,et sauf pour une ou deux interventions (pas du meme bord...)les débats ont été respectueux. De chaque coté des militantes se sont exprimées. J’insiste : de chaque coté. Et je parle de militantes articulées, aguerries avec des arguments convaincants. A tel point que le matin j’ai voté contre le fait d’inscrire "travailleuses du sexe" dans une résolution (eh oui !) et l’apres-midi, dans un autre contexte, j’ai voté pour. Plus l’assemblée avancait, plus il me paraissait important de garder les deux appellations (prostituées et travailleuses du sexe)étant donné que le débat était loin d’etre clos et que je sentais une volonté généralisée de le poursuivre.La grande majorité des participantes ne se disaient pas pretes a statuer sur le champ sur le fond de la question. Cependant, une majorité voulait adopter les résolutions du C.A. dans l’optique de lutter contre la discrimination et la violence a l’endroit des prostituées et travailleuses du sexe.

    Le consensus n’a donc pas été obtenu a l’arraché. Il n’y a pas eu de tordage de bras mais des votes démocratiques sur toutes les questions.

    Stella pourra se défendre toute seule. Je tiens cependant a exprimer mon profond désaccord avec le proces qui leur est fait .

    Je suis consternée de voir qu’apres une assemblée somme toute, assez réussie, des féministes se lancent dans des insinuations plus ou moins hargneuses.

    Car, croyez-le ou non, je fais partie de celles qui souhaitent qu’un jour le trafic sexuel des femmes n’existe plus, qu’un jour les hommes, dans leur ensemble, portent un autre regard sur les femmes (et plusieurs le font déja), qu’un jour, la pub cesse d’etre sexiste, qu’un jour, les etres humains vivent une sexualité épanouie, diverse, plurielle ou chacun et chacune trouve son plaisir.

    C’est ca que je voudrais vraiment et je n’ai pas toutes les réponses quant aux chemins pour y arriver.

    Voila ce que je voulais vous écrire. Mon ordi fait des siennes, je n’ai plus d’accents graves et circonflexes mais je pense que ma lettre est lisible quand meme.

    Ma lettre est spontanée,peut-etre un peu trop fachée mais je déteste les proces d’intention.

    A la prochaine chicane !

    Francoise David

    • > Prostitution : Un consensus à l’arraché
      20 octobre 2002 , par
        [retour au début des forums]

      Bonjour aux membres de la FFQ,

      Serait-il possible que, sur votre site, vous mentionniez, en première page,le nombre de femmes qui sont membres de la Fédération des Femmes du Québec car, le nom semble indiquer que votre Fédération représente toutes les femmes du Québec ce qui, évidemment, n’est absolument pas le cas.

      Je vous réfère au préambule de la Charte québecoise des droits et libertés de la personne qui précise que : " le respect de la dignité de l’être humain et la reconnaissance des droits et libertés dont il est titulaire constituent le fondement de la justice et de la paix."

      Le respect du corps de l’être humain fait partie de son droit au respect de sa dignité et l’acceptation de la formule "travailleuses du sexe" porte
      atteinte à celui-ci.

      Je n’ai absolument rien contre les prostituées, pour celles dont c’est un choix personnel je le respecte, cependant il ne faut pas en faire un choix de société.

      À force de vouloir démontrer qu’on a l’esprit ouvert, on risque de verser
      dans l’extrême.

      J’espère que je ne verrai jamais le jour où, alors que nos élus coupent sur les subventions d’aide aux femmes victimes de violence, ils voteront des subventions pour des cours universitaires afin d’enseigner aux "travailleuses du sexe" comment faire jouir un homme uniquement avec leurs cils.

      Paulette Giroux.
      pgmmm@globetrotter.net
      N.B. Copie du message que j’ai adressé sur Netfemmes, le 18 octobre 2002, 12:45 hres.

      [Répondre à ce message]

    • Erratum : précisions de Françoise David
      21 octobre 2002 , par
        [retour au début des forums]

      Bonjour,

      Je me suis trompée sur un point dans ma réplique et j’aimerais que
      vous ajoutiez cet erratum.

      De janvier 2000 à mai 2001, j’ai animé un comité mis sur pied par la
      FFQ sur la prostitution/travail du sexe. C’est ce comité qui a
      produit un rapport et des recommandations qui ont été distribués aux membres en août 2001. L’une des recommandations avait trait à la décriminalisation des clients. Cette recommandation était la seule à
      ne pas être unanime mais majoritaire. Je faisais partie de la
      majorité.

      La nouvelle loi suédoise qui criminalise les clients m’a interpellée
      comme bien d’autres féministes. C’est seulement au bout d’une longue réflexion que j’en suis venue a exprimer mon désaccord avec cette loi et à le dire publiquement. Mais la tournée était terminée depuis longtemps. Voila pourquoi, dans ma réplique spontanée, j’ai affirmé que j’avais pris position après la tournée. Ça demeure vrai de ma position publique mais faux pour ce qui est du comité.

      De toute façon, entre vous et moi, qui aurait pu dans une totale
      neutralité animer cette tournée ? Franchement, le mieux que la FFQ
      pouvait faire c’était d’embaucher une féministe qui s’engage a
      susciter les débats sans trancher et à le faire le plus objectivement
      possible. C’est ce que j’ai fait et les évaluations remplies
      anonymement par les participantes le confirment.

      J’ai parfois l’impression que pour certaines féministes, les points
      de vue défendus par la tendance représentée par Stella ne peuvent
      être féministes et qu’il aurait mieux valu les taire. Je continue de
      croire au contraire que les deux grandes tendances (je sais qu’il y a
      des sous-tendances...) méritaient d’être présentées aux membres de la FFQ qui sont assez grandes pour se faire une idée par elles-mêmes.
      Les débats suscités dans la tournée par cet exposé ont été
      passionnants et très respectueux.

      Françoise David

      [Répondre à ce message]

      • Précisions de Françoise David : impressions et faits.
        21 octobre 2002 , par
          [retour au début des forums]

        Vous écrivez : « J’ai parfois l’impression que pour certaines féministes, les points
        de vue défendus par la tendance représentée par Stella ne peuvent
        être féministes et qu’il aurait mieux valu les taire. »

        Vous ne précisez pas d’où vous vient cette impression. Notre texte
        soulève la question des stratégies employées par le groupe Stella
        pour faire valoir ses positions, non celle de la pertinence d’exposer
        ces positions. Nous résumons des revendications de Stella,
        dans notre texte, et dans les références de certains textes de notre
        dossier (encore incomplet), nous avons mis des liens vers deux sites
        où s’expriment abondamment les positions de Stella : Cybersolidaires
        et Netfemmes.

        Vous écrivez : « Je continue de croire au contraire que les deux grandes tendances
        (je sais qu’il y a des sous-tendances...) méritaient d’être présentées aux membres de la FFQ qui sont assez grandes pour se faire une idée par elles-mêmes. Les débats suscités dans la tournée par cet exposé ont été passionnants et très respectueux. »

        Tout à fait d’accord. Ce n’était pas l’objet de nos interrogations critiques.

        Dans votre premier message du 16 octobre 2002, vous avez écrit :
        « Tout cet article écrit au conditionnel, plein d’accusations et d’insinuations...mais vous n’affirmez pas... ! Comme si vous n’étiez pas certaines de ce que vous avancez. Et, en effet, il aurait été intéressant que vous vous donniez la peine d’aller aux informations. »

        D’abord, tout cet article n’est pas écrit au conditionnel, comme vous l’affirmez, et nous n’avons rien insinué. Nous avons utilisé le conditionnel, comme le veut entre autres la pratique journalistique, quand nous citions une source qui avait demandé l’anonymat et parce que nous n’étions pas nous-mêmes sur place. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Élaine Audet a écrit trois messages à la FFQ pour demander une accréditation. On lui a répondu que l’AGA avait lieu à huis clos. Est-ce une pratique courante, pour une organisation démocratique comme la FFQ, particulièrement lors d’un débat présentant un tel intérêt public ? Nous n’avons aucune raison de douter des témoignages que nous avons reçus. Et contrairement à ce que vous dites, nous sommes allées aux informations. En fait, nous nous sommes adressées à des militantes de la base plutôt qu’aux porte-parole officielles, ces dernières ayant déjà exprimé leur point de vue par voie de communiqué.

        [Répondre à ce message]

      • La loi suédoise "
        21 octobre 2002 , par
          [retour au début des forums]
        Sisyphe

        Vous faites allusion à la loi suédoise sur la prostitution. Pour le
        bénéfice de nos lectrices et de nos lecteurs, voici grosso modo en
        quoi consiste cette loi :

        En Suède, la loi sur l’interdiction de l’achat de services sexuels
        est entrée en vigueur le 11 janvier 1999. Les clients des prostituées
        sont passibles de six mois d’emprisonnement. Par ailleurs, la
        prostitution ne constitue pas une infraction, mais le proxénétisme
        est condamné par le code pénal. Cette infraction est punissable d’un
        emprisonnement pouvant aller jusqu’à quatre ans. Les avis sont
        partagés quant aux effets de cette loi.

        http://www.senat.fr/lc/lc79/lc798.html

        À propos de cette loi, une députée féministe, Inger Segelström, dit : « On ne peut pas construire une société égalitaire si on admet la prostitution, si on laisse faire le trafic et l’importation des femmes. Cela n’a rien à voir avec la sexualité et la morale. C’est une question d’égalité. » Pour sa part, Agneta Borg, travailleuse sociale, avance cet autre argument : « Moi, je regarde cette loi dans une perspective de 30 ans. C’est la période qu’il nous faut pour changer d’attitude. L’espoir est que cette loi agisse sur le futur comportement des adolescents d’aujourd’hui ».

        http://www.marianne-en-ligne.fr

        Une autre députée suédoise déclare : « Ce n’est pas une question de sexualité mais de pouvoir et d’égalité. Comment pouvons-nous interdire à un homme de frapper sa femme, de harceler sexuellement sa collègue de bureau s’il peut en toute impunité s’offrir une prostituée ? »

        http://www.mix-cite.org/expose/index.php3?RefArticle=166

        Pour Marianne Eriksson, députée européenne : « la loi suédoise, qui prend en compte tous les maillons du trafic du sexe, et est soutenue par 80% de la population suédoise, doit être défendue et « exportée ». Il ne s’agit pas ici d’un débat sur les notions de moralité ou d’immoralité. Il s’agit d’une industrie, d’un marché florissant qui, en devenant légal, cautionnerait le fait que le corps humain puisse être considéré comme une marchandise ! »

        http://www.bouge-leurope.org/documents/document.phtml?iddoc=

        D’autre part, alors que les personnes favorables à la libéralisation de la prostitution tentent de minimiser les effets de son interdiction en Suède, en argumentant que ce pays a des conditions socio-économiques exceptionnelles, Janice Raymond, dans son article « Légitimer la prostitution en tant que travail », porte à notre attention le cas moins connu du Vénézuéla. En mai 1998, le gouvernement du Vénézuéla a fait passer une loi rejetant la demande de groupes puissants « pro-travail du sexe » qui avaient demandé à être enregistrés comme un syndicat légal de « travailleurs du sexe ». La décision du Ministère du travail s’appuyait sur le fait que la majorité de ce qui était défini comme « travail du sexe » était en fait de la prostitution, et qu’il s’agissait donc d’exploitation sexuelle. Le Venezuela considère en effet que « la prostitution ne peut être identifiée comme un travail, car elle s’oppose aux principes de base de dignité et de justice sociale. » Il a également établi que l’objectif principal de la formation d’un syndicat est de « promouvoir le développement collectif de ses membres et de leur profession ». Ainsi, une décision en faveur d’un syndicat de « travailleurs du sexe » amènerait de fait à la promotion et au développement de la prostitution. (Republica de Venezuela, 1998)

        http://sisyphe.levillage.org/article.php3?id_article=158

        Puisque nous sommes d’accord avec de telles positions, vous comprendrez que nous ne pouvons que nous interroger sur un possible appui de la FFQ à la décriminalisation des clients, que vous dites avoir appuyée, ainsi qu’à celle des proxénètes, sur laquelle vous dites n’être pas encore fixée. Comme nous l’avons écrit dans notre article, la notion de « travail du sexe » nous paraît contraire à l’éthique féministe particulièrement pour « une organisation, qui mène des campagnes permanentes contre la violence faite aux femmes, mais qui hésite à s’attaquer aux racines d’une violence contre les femmes aussi flagrante, c’est-à-dire le système proxénète ».

        [Répondre à ce message]

    • > Prostitution : Un consensus à l’arraché
      27 octobre 2002 , par
        [retour au début des forums]

      Des insinuations plus ou moins hargneuses, disiez-vous, Madame David, que je n’ai pas l’honneur de connaître.

      Pourtant, l’article de Yolande Geadah confirme beaucoup plus que ces supposées insinuations. Il semble que le processus ait été biaisé dès le départ en faveur du groupe que vous appuyez, et comme par hasard, c’est vous qui avez animé cette tournée de formation. Formation à quoi ? À accepter la prostitution comme un métier normal, ordinaire ? Il y aurait eu un peu de lavage de cerveau dans tout ça que personne ne s’en étonnerait.

      [Répondre à ce message]

    > Prostitution : Un consensus à l’arraché
    16 octobre 2002 , par   [retour au début des forums]
    > Prostitution : Un consensus à l’arraché

    Bonjour,

    Je termine à l’instant la lecture de votre article. Je trouve toujours difficile lorsque nous sommes contre une proposition adoptée de revenir sur le processus pour le critiquer. Surtout que c’est la première fois que j’entends ces critiques

    C’est vrai que le débat n’a pas été facile à la FFQ. Il n’avait aucune raison d’être facile, le sujet étant hautement délicat et bouleversant.

    Le Réseau des femmes de la CSQ a été le premier groupe à recevoir la formation. Nous sommes revenues en débat deux fois par la suite avec des intervalles de quelques mois pour valider, réfléchir, avancer. Malgré cela nous avons toutes été bouleversées lors de l’adoption des propositions par le Réseau des femmes car nous sentions que peu importait notre décision quelque part des femmes seraient flouées. Je ne crois pas qu’une plus longue discussion y ait changé quoi que se soit. Si pour vous la question se résume à une interdiction pur et simple à cause de la violence soustendue par la prostituion pour nous elle impliquait des questions sur l’autonomie qu’on reconnait aux femmes, même celles qui font des choix qui nous heurtent, sur notre conception de la sexualité, du corps et même du travail. Et si nous avons adopté les recommandations de la FFQ il n’a jamais été question pour nous de considérer la prostitution comme un travail comme les autres.

    Concernant l’attitude du groupe Stella, je ne peux que déplorer votre interprétation. Étant moi-même une militante de longue date j’ai eu à mener certaines batailles au sein de certaines instances. À chaque fois, que ce soit sur la question des femmes ou celle des lesbiennes nous arrivions très bien préparées car nous nous sentions interpellées. De plus, j’ai souvent moi-même utiliser les attitudes culpabilisantes que vous dénoncez. En effet, avant d’avoir une solide expérience militante j’avais tendance à me laisser guider par des émotions pas toujours claires. J’étais blessée qu’on ne me comprenne pas. Je me sentais humiliée par la moindre réticences à mes propos. À l’époque j’imagine qu’on m’a jugé culpabilisante et entraînant le débat sur de fausses pistes, pourtant j’étais honnête. En ce qui me concerne c’est là que je situe l’attitude de Stella. Je n’y vois aucune stratégie intimidante.

    J’aimerais que le débat entourant ce sujet soit plus respectueux de tous les points de vue car je crois sincèrement que toutes cherchent le meilleur intérêt pour les femmes.


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