Le 7ème rapport annuel sur la traite des personnes, déposé le 4 juin dernier par la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, révèle que, comparé à la situation d’il y a deux ans, le Canada a fait peu de progrès dans la lutte contre la traite de personnes immigrantes vulnérables et la prévention de l’achat et de la vente de ses propres citoyen-nes comme esclaves sexuel-les.
Les organisations non gouvernementales (ONG) estiment que 2,000 victimes de la traite entrent au Canada chaque année, alors que la gendarmerie royale (GRC) évalue ce chiffre entre 600 et 800 personnes en y ajoutant 1,500 à 2,200 victimes de la traite vers les États-Unis (1). La majorité des victimes sont des femmes et des enfants venant principalement de l’Asie et de l’Europe de l’Est pour répondre aux besoins de l’industrie du sexe, mais on a aussi identifié au Canada des victimes d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes. On y pointe Vancouver et Toronto comme plaques tournantes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Le rapport conclut que "le Canada constitue une source, un lieu de transit et un pays de destination pour la traite d’hommes, de femmes et d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle commerciale et de travail forcé."
Dans l’introduction, disponible en français (2), on peut lire qu’il existe "une large gamme d’estimations quant à l’ampleur et à la magnitude de cet esclavage moderne. L’Organisation internationale du travail (OIT) - agence des Nations Unies chargée des questions liées aux normes du travail, de l’emploi et de la protection sociale - estime à quelque 12,3 millions d’individus le nombre des travailleurs forcés, travailleurs serviles, enfants asservis et esclaves sexuels ; d’autres estimations font état de 4 à 27 millions de victimes. Environ 80 % des victimes transnationales sont des femmes et des filles, jusqu’à 50 % sont des mineur(e)s, et la majorité est vendue pour une exploitation sexuelle commerciale."
Le rapport souligne également le rôle important de la demande dans l’augmentation de la traite des personnes qui "n’existerait pas sans l’explosion de la demande mondiale de sexe commercial. Le gouvernement américain a adopté une position ferme contre la prostitution dans une décision de décembre 2002 qui dit qu’elle est en soi nuisible et déshumanisante et qu’elle alimente la traite des personnes."
On ne peut que se réjouir de voir les États-Unis souligner la mollesse du Canada en ce qui concerne la lutte contre la traite à des fins d’exploitation sexuelle. Il faut espérer que ce rapport, qui souligne le lien indissociable entre prostitution et traite, dissuadera le gouvernement de Colombie-Britannique de légaliser la prostitution pour les Jeux olympiques d’hiver en 2010, ouvrant ainsi toute grande la porte à la traite de femmes et des enfants pour le marché prostitutionnel.