Nous vous écrivons à titre de féministes, de progressistes et de partisan.e.s de longue date du NPD. Nous sommes profondément déçu.e.s d’apprendre que Craig Scott, le député du NPD dans Toronto-Danforth, a récemment déclaré (1) que, s’il était élu, le NPD entend abroger la loi C-36, la nouvelle législation canadienne en matière de prostitution. Nous sommes surpris.es de découvrir que le NPD a pris position dans ce dossier, compte tenu du fait qu’un certain nombre de député.e.s et de candidat.e.s néo-démocrates ont ouvertement soutenu le projet de loi C-36.
Cette décision est particulièrement choquante alors même que Thomas Mulcair vient d’appeler à une stratégie nationale sur la violence des hommes à l’égard des femmes (2), en s’engageant à soutenir les maisons d’hébergement pour femmes et les organismes anti-violence, et à collaborer avec ces instances. Abroger C-36 est en porte à faux avec tout engagement à mettre fin à la violence anti-femmes.
Le projet de loi C-36 a été rédigé après une vaste consultation et participation de survivantes de la prostitution, de spécialistes, de juristes, d’intervenant.e.s de première ligne, de membres des services de police et des organisations féministes œuvrant auprès des femmes et des filles prostituées. Ce processus a fait état d’un soutien énorme pour une loi sanctionnant les gens qui exploitent et maltraitent ces femmes (les proxénètes et les acheteurs de sexe), tout en assurant que les personnes prostituées seraient soutenues plutôt que criminalisées. La nouvelle législation a été créée spécifiquement en réponse aux systèmes de pouvoir qui asservissent les femmes sur les bases du sexe, de la race et de la classe sociale au Canada. Le libellé de la loi C-36 a explicitement spécifié que la prostitution est une industrie qui cible les femmes marginalisées et elle a identifié les responsables de ce crime comme étant des hommes.
En tant que féministes et progressistes de longue date, nous avons appuyé le projet de loi C-36 et les nouvelles dispositions du Code criminel adoptées l’année dernière. À titre de personnes investies dans la création d’une société équitable et exempte de violence, nous sommes fermes dans notre opposition à l’industrie du sexe et dans notre appui aux femmes et aux filles qui y sont exploitées et violentées. Nous voulons que les femmes prostituées aient accès aux services et au soutien dont elles ont besoin pour faire de véritables choix de vie.
Cette nouvelle loi détermine sans ambages que le Canada, en tant que pays, ne tolèrera pas l’achat du corps des femmes à des fins sexuelles. Les femmes et les filles ne sont pas des produits de consommation pouvant être achetés et vendus. Les Canadiennes méritent plus de choix de survie que la prostitution. Elles ont le droit de pouvoir survivre et prospérer sans avoir à s’en remettre à l’industrie du sexe. Cette position est progressiste. Cette position appuie les droits des femmes. Cette position est pro-égalité. Cette position en est une que nous nous attendons à voir appuyée par des partis progressistes – des partis qui prétendent se soucier des Canadiennes et reconnaître leur valeur.
Nous sommes des partisan.e.s de longue date du NPD, mais nous ne voterons pas pour un parti qui veut faire du Canada un pays qui accepte l’exploitation des femmes par les acheteurs de services sexuels. Nous voulons voir un parti prêt à appuyer une véritable version du modèle nordique au Canada, avec de vastes mesures de soutien social et des stratégies de sortie du milieu. Nous voulons voir un financement suffisant pour les services de sortie et nous voulons voir la police respecter les nouvelles lois et sévir en conséquence contre les prostitueurs.
Nous avions espéré voir nos représentant.e.s progressistes assumer un rôle avant-gardiste dans ce dossier, plutôt que de rejeter du revers de la main une loi aussi bien fondée et innovatrice. Le Canada veut-il être perçu comme un leader sur la question des droits des femmes, ou comme un échec ? Si le NPD est vraiment sérieux pour ce qui est de mettre fin à la violence sexiste masculine, il doit prendre position contre l’industrie du sexe.
Nous sommes conscient.e.s qu’il y a désaccord au sein du parti au sujet de la loi. Nous sommes également conscient.e.s que les membres du NPD n’ont ni débattu de cette loi, ni voté à son sujet puisqu’elle a été retirée de l’ordre du jour de son congrès 2013. (3)
En 2006, Madame la députée Irene Mathyssen, dans son rôle de porte-parole de la condition des femmes au NPD, a coprésidé le Comité multipartite de la Condition féminine qui s’est penché sur la traite des personnes. Le comité a déposé son rapport, « De l’indignation à l’action pour contrer la traite à des fins d’exploitation sexuelle au Canada » (2007), qui a reconnu la prostitution comme une violence masculine à l’endroit des femmes et a lié celle-ci à la traite sexuelle, en raison de la demande masculine d’exploitation de femmes et de filles. Ce comité a recommandé de décriminaliser les femmes prostituées et de criminaliser les personnes responsables de l’exploitation des femmes et des filles : les acheteurs de sexe et les proxénètes. Nous sommes donc outragé.e.s de constater, à la lumière de ce qui précède, qu’un député néo-démocrate élu a pris sur lui de définir la position du parti.
La présente élection nous place dans une impasse. Nous ne sommes pas disposé.e.s à voter pour un parti qui appuie la marchandisation du corps des femmes, mais nous voulons aussi continuer à être en mesure d’appuyer le parti progressiste du Canada. Montrez-nous que les femmes comptent pour le NPD. Nous vous demandons de nous faire savoir, clairement et publiquement, la position du NPD sur la question de l’exploitation et de la violence des hommes à l’égard des femmes, et en particulier sur la loi C-36. Pouvons-nous compter sur vous pour soutenir les droits de toutes les femmes à vivre à l’abri de l’exploitation sexuelle ?
Merci beaucoup.
Si vous voulez signer cette lettre, envoyez votre nom, la ville où vous résidez et la province à info@feministcurrent.com
Signataires
Betty Qi, Stouffville ON
Brian Cross, Vancouver, BC
Celia Nord, Lee Creek, BC
Cherry Smiley, Montreal, QC
Chris McDowell, Vancouver, BC
Colleen Glynn, Richmond, BC
Courtney Belyea U.E., Fall River, NS
D. Klaric, Toronto, ON
Dawn Kuehn, Kelowna, BC
Debbie Hickey, Meaford, ON
Dr. Erin Graham, Vancouver, BC
Dr. Michael Markwick, Vancouver, BC
Drena McCormack, Powell River, B.C.
Elaine Grisé, Montreal, QC
Elizabeth Pickett, Whitby, ON
Elizabeth Sheehy, Ottawa, ON
Emily Monaghan, Vancouver BC
Fawn Sewell, Edmonton, AB
Fraser Needham, Saskatoon, SK
Gabrielle Trudelle, Guelph, ON
Georgina Fiddler, Edmonton, AB
Grace Bowers, Edmonton, AB
Hayley McPhail, Halifax, NS
Jennifer White, London, ON
Jindi Mehat, Vancouver, BC
Johanna te Boekhorst, Chilliwack, BC
Johanne Heppell, Plaisance, QC
Keri Patterson, London, ON
Krista Sawchuk, London, ON
Kyle Farquharson, Vancouver, BC
Kylee Nixon, Edmonton, AB
Laura Miles, Coquitlam, BC
Leah Harwood, Toronto, ON
Lisa Steacy, Vancouver, BC
Madeleine Andrews, Vancouver, BC
Margaret McCarroll, London, Ontario
Martin Dufresne, Montreal, QC
Marv Wheale, Vancouver, BC
Mary Fowles, Vancouver, BC
Megan Babb, Denman Island, BC
Megan Walker, London, ON
Meghan Murphy, Vancouver, BC
Morgan Westcott, Vancouver, BC
Natasha Falle, London, ON
Orla Hegarty, St. Vincent’s, NL
Paula Schmidt, Vernon, BC
Rachel Goodine, Victoria, BC
Rosemary Fisher-Lang, Vancouver, BC
Samantha Grey, Vancouver BC
Susan Boyd, Vancouver, BC
Rachel Regina, Haliburton, ON
Rachel Rose Anthony, Vancouver, BC
Reece Sellin, Fort Saskatchewan, AB
Sara Hall, Bracebridge, ON
Sarah M. Mah, Vancouver, BC
Shirley Gillett, Toronto ON
Shirley Gillett, Toronto, ON
Stephen Moss, Fredericton, NB
Susan Smyth, Vancouver, BC
Tamara Gorin, Port Coquitlam, BC
Thora Broughton, Ottawa, ON
Tom Gallos, Vancouver, BC
Trish Oliver, Toronto, ON
Trisha Baptie, Vancouver, BC
Trisha Wilson-Singer, Mississauga, ON
Vanessa Fraser, Guelph, ON
Yolande Clark, Queenstown, NBZoe Blunt, Victoria, B.C.