Nous vous proposons une action féministe contre la FNAC, qui a choisi dans le catalogue « Sélection de Noël » (page 53) de promouvoir le chanteur machiste Orelsan. Ce catalogue est aussi consultable sur Internet : cliquez sur page 53.
Nous vous invitons à écrire, et de préférence par la poste, car c’est beaucoup plus efficace
– au PDG de la FNAC (Monsieur Christophe CUVILLIER 9 rue des Bateaux-Lavoirs ZAC Port d’Ivry 94768 Ivry-sur-Seine)
– ou par courriel : sur site de la FNAC.
– au PDG du groupe PPR Pinault Printemps Redoute à propriétaire de la FNAC
(Monsieur François-Henri PINAULT 10 avenue Hoche 75381 Paris cedex 08) :
courriel sur le site.
– en reprenant le texte ci-dessous ou en vous en inspirant : l’essentiel est d’annoncer que vous vous abstiendrez d’acheter à la Fnac, ce qui, en cette période d’achat de cadeaux, est un argument auquel ils seront sensibles.
Envoyez-nous le texte de votre lettre, s’il est différent, pour le site de "Encore féministes !"
Sur le site des Chiennes de garde, vous pouvez voir d’autres actions féministes contre Orelsan.
Action n° 47, 8 décembre 2009
Adelphiquement,
Florence Montreynaud
FNAC : Violence machiste sous le sapin
Lettre ouverte à Messieurs
– Christophe Cuvillier, Président-directeur général de la FNAC
– François-Henri Pinault, président du Groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute), propriétaire de la FNAC.
Paris, le 8 décembre 2009
Messieurs,
Vous avez choisi, dans votre catalogue "Sélection de Noël" FNAC, de promouvoir le disque du chanteur Orelsan en ces termes (p. 53) : "La polémique sur l’un de ses textes ne doit pas occulter le talent de ce jeune rappeur. Son ton volontairement très provocateur et son flow nerveux, boosté par un son impressionnant, servent une écriture serrée, digne des plus grands. Il y a du Eminem chez Orelsan !"
Ce catalogue, disponible sur Internet, a aussi été adressé personnellement à vos 3 millions d’adhérents, et il est distribué dans vos magasins.
Voici à quelles paroles vous avez accordé l’estampille « Sélection Fnac » :
Extraits des chansons du disque
– "Etoiles invisibles" : C’est pas en insultant les meufs dans mes refrains que je deviendrais quelqu’un mais j’aime bien.
– "Sous influence" : J’rêve de péter les dents d’l’autre pétasse des Pussycat Dolls.
– "Changement" : Maintenant les meufs portent du Vuitton, des grosses lunettes dorées / Avant c’était qu’pour les vieilles putes blondes décolorées / Les gars s’habillent comme des meufs et les meufs comme des chiennes / Elles kiffent les mecs efféminés comme si elles étaient lesbiennes„
– "Différent" : J’finirais par acheter ma femme en Malaisie / Les putes à blog sont plus bonnes en photos qu’dans la vrai vie / Nan, j’suis pas un produits marketing / J’suis sensible, j’me sens sale après avoir été voir les filles.
(...) Renseigne toi sur les pansements et les poussettes / J’peux t’faire un enfant et te casser l’nez sur un coup de tête / Poulette pourquoi tu veux pas sortir avec moi ? / J’adore passer par les p’tits trous j’adore me sentir à l’étroit.
"Courez courez" : Petite, essaie pas de me fréquenter / Ou tu vas perdre ton pucelage avant d’avoir perdu tes dents de lait / (...) J’suis pour de vrai de vrai, j’dis c’que j’pense, j’pense c’que j’dis / Tout ce que j’écris c’est du premier degré, hé !
(...) Les féministes me persécutent, me prennent pour Belzebuth / Comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes / Elles ont qu’à arrêter de d’se faire péter l’uc / Et m’dire merci parce que j’les éduque, j’leur apprend des vrais trucs / Des fois j’sais plus si j’suis misogyne ou si c’est ironique / j’serai peut-être fixé quand j’arrêterai d’écrire des textes où j’frappe ma p’tite copine.
Fin des citations.
Pour mémoire, Orelsan est aussi l’auteur-interprète de « Sale pute ! », avec des paroles comme « Mais ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner », ou « J’vais te mettre en cloque, sale pute, et t’avorter à l’opinel ».
Les textes d’Orelsan sont fondés sur la violence sexiste et la haine des femmes. Leur machisme a été dénoncé dès mars 2009 par de nombreuses personnalités et élu-es. (Voir le site.)
La liberté d’expression a des limites, l’incitation à la violence et au meurtre en est une. L’expression raciste est heureusement interdite, et la liberté d’expression, loin d’en souffrir, y a gagné au contraire, en qualité. Les femmes ont droit au respect et à la sécurité. Alors qu’en France, une femme sur dix est victime de violences de la part de son conjoint ou ex-conjoint ("Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France", 2000, voir ce lien), les textes d’Orelsan banalisent la violence masculine.
Ignorez-vous que la violence contre les femmes a été décrétée Grande Cause Nationale 2010 par le gouvernement français ? Avez-vous déjà oublié que le groupe PPR (Pinault Printemps Redoute), propriétaire de la FNAC, a créé en janvier 2009 une Fondation pour la dignité et les droits des femmes avec l’objectif de "sensibiliser les internautes aux droits des femmes" (site internet www.fondationppr.org) ?
Avec le réseau "Encore féministes !" (4 015 personnes et associations, dans 53 pays), nous vous demandons de
modifier votre catalogue de Noël en ligne,
mettre en oeuvre tous vos moyens pour rectifier avant l’affluence de Noël cette grave erreur de communication peu en accord avec des principes que vous affichez par ailleurs.
Réseau "Encore féministes !"
Maison des femmes, 163 rue de Charenton 75012 Paris
Courriel
Site.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 décembre 2009
Résultat de l’action
Répondant à notre envoi du 8 décembre et aux nombreux courriels de membres de "Encore féministes !", M. Franck Pupunat, directeur de la Responsabilité sociale et environnementale de la Fnac, a adressé le 11 à 18h à la « dirigeante du mouvement "Encore féministes !" » ce courriel :
« Madame,
Nous avons reçu des mails et lettres provenant de militants et militantes de votre mouvement concernant le chanteur Orelsan.
Nous avons également pris connaissances de vos demandes par courrier et sur votre site internet. Nous tenions à vous dire que [nous] comprenons votre
émotion et sommes navrés d’avoir heurté votre sensibilité.
La mise en avant dans le catalogue de Noël de ce disque
est une erreur. Nous l’avons d’ailleurs immédiatement retiré sur le
catalogue de Noël en ligne sur Fnac.com. Nous vous assurons de notre vigilance sur cette question à l’avenir et vous prions d’accepter nos excuses. Nous espérons que notre réponse vous permettra de
modifier votre appréciation sur votre site. »
Notre première demande est donc satisfaite.
Au nom de notre réseau, j’en prends acte, et demande à M. Pupunat quelles mesures la Fnac compte adopter pour satisfaire la seconde : « mettre en œuvre tous vos moyens pour rectifier avant l’affluence de Noël cette grave erreur de communication peu en accord avec des principes que vous affichez par
ailleurs ».
Bravo à tous-tes les "Encore féministes !" qui ont écrit à la Fnac (il y en a tant que je n’ai pas encore pu les mettre tous sur le site
Encore féministes !)
La preuve est donc faite, une fois de plus, de l’efficacité de notre mode mode d’action, qui est aussi celui de La Meute des Chiennes de garde : analyser et dénoncer la violence machiste en mots ou en images, puis
annoncer que nous n’achèterons pas tel produit ou service.
(à suivre)
Adelphiquement,
Florence Montreynaud
Mis en ligne sur Sisyphe, le 12 décembre 2009