Au loin, les cris silencieux des fillettes et des femmes écartelées par la force indomptée de la violence se font entendre.
Les coups se multiplient sur leurs corps déjà mutilés.
Mille frappes plutôt qu’une, afin de s’assurer qu’elles en crèvent encore un peu.
Intrusion féroce dans leur intérieur soudainement ravagé par le débarquement sauvage de troupes en guerre.
Pères, frères, fils s’unissent afin de briser les entrailles de la vie. Défoncer pour mieux y introduire l’horreur.
Au nom de la liberté, ils ont pris les armes et ils les ont retournées contre ELLES. Croyant faire tomber l’ennemi, ils empalent et explosent la matrice de leurs fusils.
Conquête inutile et vengeance barbare.
En bataillons serrés, pris d’une lâcheté innommable, ils peuvent sans doute mieux à 10 ou à 40 anéantir tout mouvement de rébellion.
Volant les corps et violant les âmes, aucune supplication ne suffira à mettre fin à leur mission.
Ni gémissements, ni larmes ou prières ne sauront les convaincre de cesser cette cruauté, car le diable s’est invité à la fête.
Alors, les victimes des bourreaux se taisent, étouffées par leurs sanglots. Même en implorant les bénédictions du ciel, elles ne trouveront jamais grâce.
Le tyran s’est approprié tous les droits sur la vie et il poursuit ainsi son chemin vers l’enfer célébrant la destruction et la mort comme pour échapper à la sienne.
Les sacrifices exécutés sur l’autel du pouvoir sont perpétrés dans l’indifférence presque totale alors que sur le seuil du bûcher, personne ne s’est agenouillé pour prier.
Les martyres abandonnées périssent et se décomposent.
Vierges offertes en pâture à de vieux loups affamés.
Femmes anéanties avant même qu’elles ne deviennent l’ombre d’elles-mêmes.
Mères dépossédées de leurs enfants.
Chacune brisée, vidée de son essence par la force instinctive et primaire du mal.
Pourront-elles, jamais, se consoler d’avoir donné naissance à tous ces monstres qu’elles n’ont pu dompter ?
Elles les ont pourtant portés et nourris.
Elles les ont bercés, protégés, soignés et éduqués.
Elles les ont caressés en essuyant chacune de leurs larmes.
Viendra le jour, où les femmes pardonneront toutes les misères qu’elles auront subies, car la miséricorde demeure leur seul salut.
Elles posent déjà un regard sur les hommes corrompus avec l’espoir de voir enfin se dissiper toute malice humaine.
Leur colère ne fera aucune rage et se dissipera avant même que la haine ne s’empare de leur cœur, car les femmes sont construites pour aimer.
La vie coulera toujours dans leurs veines, surpassant la mort qui les menacera sans doute encore aussi longtemps que les hommes ne sauront enfin les embrasser.