| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






vendredi 2 décembre 2011

La violence contre les femmes : une pandémie mondiale

par Soraya Chemaly






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Nos gouvernements doivent reconnaître les féminicides
À propos de l’impunité des artistes criminels, réflexions autour du cas de Roman Polanski en France
Quand les « besoins » sexuels des hommes, même très dangereux, sont plus importants que la dignité et la sécurité des femmes.
La Coalition féministe contre la violence envers les femmes (CFVF) rencontre l’ONU
Des hommes appuient #Etmaintenant
"Vous venez d’insulter une femme, votre bite va se désintégrer dans les trois jours"
#EtMaintenant, un geste de solidarité avec toutes les femmes harcelées ou agressées
Violences contre les femmes - Refuser la connivence et la léthargie masculines
Une culture d’agression
#NOUSTOUTES - Fait-on confiance aux femmes ?
Colloque "Patriarcat : prostitution, pédocriminalité et intégrismes"
La culture du viol est dévastatrice pour notre société et l’avenir de nos enfants
"Le sous-financement des maisons d’hébergement pour femmes : facteur aggravant de la marginalisation des femmes immigrantes au Québec", une étude de l’IRIS
La prostitution et la culture du viol sont indissociables
Le courage des femmes brisées
À Justin Trudeau - Pourriez-vous "bousculer les tabous" au Canada aussi ?
La solidarité avec les victimes d’agressions sexuelles est incompatible avec l’ambiguïté
Agressions sexuelles - Le consentement pour les Nuls
Violence sexuelle dans les universités : une culture à changer
URGENCE ! Les femmes et les filles victimes de violences sexuelles attendent toujours
Ghomeshi - Pourquoi retournent-elles auprès des agresseurs ?
Lettre à Jean - Nous, #OnVousCroit
Des musiciens super ne sont pas nécessairement des gens super
Agressions sexuelles - Invitation aux ministres qui souhaitent que les femmes dénoncent
Pour mes petites soeurs de Val-d’Or
Nous joignons notre voix à celle des femmes autochtones réclamant justice
Peut-on battre une femme en réunion impunément dans la République française ?
Colloque "Les émotions au coeur de nos interventions"
En première à Montréal : "Aftermath" d’Andrea Dworkin
Les agressions sexuelles... brisent des vies
Ni silence ni pardon : l’inceste, un viol institué - Interview de Melusine Vertelune
Nouvelle loi sur le viol en Californie : silence n’est pas consentement
Viol - La campagne "Stop au déni"
Le manifeste des mères survivantes
Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes : Message de Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d’ONU Femmes
Culture du viol dans la danse - Le Sacre du printemps
"Les crimes d’honneur : de l’indignation à l’action" - Pour la sécurité des femmes avant tout
L’affaire Guy Turcotte, un cas qui n’est pas unique
Les violences sexuelles sont un problème de société et de santé publique
Viol - Dans un party près de chez vous
Le viol de Steubenville - C’est de la masculinité qu’il s’agit
"One Billion Rising" - Danser contre la violence (masculine) ou riposter ?
Le mouvement masculiniste - dit "des droits des hommes" - ment à propos des femmes
Viol en Inde - La prostitution, gage de non-violence envers les femmes ?
Le viol a une fonction
France : Un mois, quatre familicides
« Et les hommes, eux ? » Propos sur la masculinité et les tueries de masse
Drame de Newtown - Pourquoi refusons-nous de parler de la violence et de la masculinité en Amérique ?
Les meurtres de Newtown - Dire l’indicible
De la misogynie au meurtre : une perspective féministe sur la fusillade du Connecticut
Nous n’avons plus les moyens du patriarcat et de sa violence
Violence - L’AFEAS lance sa campagne Opération Tendre la main (OTM)
La nuit et le danger (1979)
La rue la nuit, femmes sans peur
Le Southern Poverty Law Center désigne les masculinistes comme organisations haineuses
Un sauf-conduit pour violer
Affaire Shafia - Pour que la mort de Rona, Zainab, Sahar et Geeti ne soit pas vaine
Affaire Shafia - La conspiration du silence
Un guide pour soutenir l’aide professionnelle aux victimes de harcèlement sexuel au travail
Daniel Welzer-Lang et le masculinisme à Nancy
Mon action féministe : resituer le sexe dans le harcèlement sexuel et le viol
Journée internationale pour l’élimination de la violence contre les femmes et Polytechnique 1989
Violence conjugale - « Comment aider Marie ? »
Take Back our Walk - Ne laissons pas les industriels saloper notre lutte
"Slutwalk" - Au sujet des défilés de féministes-en-sous-vêtements
L’ "homme debout" (Nelly Arcan) - Inceste, honte et mépris
Pourquoi nous n’avons pas participé à la "Slutwalk" (marche des salopes) strasbourgeoise du 1er octobre 2011
Lettre ouverte des Black Women’s Blueprint aux organisatrices de la "slutwalk" (marche des "salopes")
Victime d’un pédophile - Je ne peux pas vivre avec ce que mon bourreau m’a fait
Verdict odieux pour viol et prostitution d’une adolescente de 14 ans à Carpentras
Verdict au procès de Guy Turcotte - Le risque réel de la normalisation de la violence au Québec
Attentats en Norvège - Le massacre des Innocents
Une femme inconsciente ne peut consentir à des relations sexuelles
En France, être maire, sénateur, membre d’un parti politique et condamné pour agressions sexuelles, c’est possible !
Cour suprême du Canada - Il n’y a pas consentement à une relation sexuelle lorsqu’une femme est inconsciente
"On est des salopes, pas des féministes !" Où ma relation avec la “Slutwalk” passe un mauvais quart d’heure
La "marche des salopes" ("slutwalk") n’est pas la libération sexuelle
Violence conjugale - Quand la prison devient une solution de rechange
Lorsque la prison devient une solution de rechange
M. P. acquitté des viols commis contre Anne, son employée
Le contrat sexuel - Contrat… ou trahison ?
Culpabilisation des victimes d’agression sexuelle et de violence conjugale
L’AVFT lance un appel à soutien pour une femme violée par son employeur
Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes
La rue, la nuit, femmes sans peur ! Le 24 septembre 2010, faites du bruit !
Affaire Polanski - C’est bon, on a compris. Il n’y a rien de mal à abuser d’une fillette, pourvu qu’on soit un réalisateur célèbre
La mort tragique d’Aqsa Parvez - La face meurtrière de l’extrémisme islamique
L’AFEAS s’oppose à l’affaiblissement de la Loi sur le Registre des armes à feu
Le pape Benoît XVI a imposé le silence sur les crimes sexuels de prêtres et d’évêques
La Loi de la Nation, la première violence contre les femmes
FNAC - Violence machiste sous le sapin
Victime d’inceste et de la théorie du syndrome des faux souvenirs
Il y a 48 000 viols de femmes par an en France !
Les femmes victimes des conflits armés
Loubna Al Hussein, condamnée au Soudan pour port de pantalon
Affaire Polanski - Ne laissons pas banaliser le viol d’enfants
L’affaire du violeur Polanski - Refuser d’oublier
Femmes en danger
Le "dépit amoureux" selon Frédéric Mitterrand
Nous soutenons Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes
Tueries de masse au masculin, victimes au féminin
Au machisme bien-pensant, les Chiennes de garde montrent les dents !
Moi j’s’cap ! Réponse de la rappeuse au rappeur (Orelsan)
La photo de Cathy Gauthier - Voir la femme qui souffre
Les proches invité-es à dénoncer les cas de violence conjugale
Si ça tue, c’est surtout pas de l’amour
De nombreuses ressources pour les hommes au Québec et au Canada
Pourquoi des organisations nient-elles la responsabilité de l’islam dans les violences faites aux femmes ?
Taux de pauvreté et femmes autochtones assassinées - L’ONU demande au Canada de soumettre un rapport
France - La violence conjugale tue : 166 femmes au moins en 2007
Témoignage - Moi, la femme de personne
La violence faite aux femmes... C’EST ASSEZ !
Une minute de silence de trop ! Plutôt crier que faire silence !
Les femmes, la paix et la sécurité
Des violeurs dans les rangs de l’armée
Violence - Rassemblement suivi d’une marche de nuit non mixte à Paris
Réplique du Dr Michel Dubec aux critiques de son livre Le Plaisir de tuer
Une critique des pages sur le viol du livre "Le Plaisir de tuer"
Agressions sexuelles - L’importance d’apprendre aux filles à se défendre
Le Dr Michel Dubec impose la censure d’une critique de son livre "Le Plaisir de tuer"
Crimes d’honneur : une affaire de famille
Lettre de protestation contre les propos et l’attitude d’un chanteur
Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes pour la Journée internationale contre les violences faites aux femmes
Tuerie de Virginia Tech - La célébrité au bout du fusil
Hommes, porno et prostitution - Dossier
Il faut criminaliser la propagande haineuse contre les femmes
Le refus de réglementer les jeux vidéos et ses conséquences
Jeux vidéo - Qui va faire feu le premier ?
Étude de l’Institut de la statistique du Québec sur la violence conjugale : le directeur répond aux critiques
La proposition de « loi-cadre contre les violences faites aux femmes » du CNDF (Collectif national pour les droits des femmes) est inacceptable
La violence serait-elle devenue un jeu de société ?
La violence domestique comme torture - Une guerre de basse intensité contre les femmes ? (1er de 3 articles)
La violence serait-elle devenue un jeu de société ?
Tuerie de Virginia Tech - La célébrité au bout du fusil
Crime et pacifisme
Le groupe Amnistie Internationale UQAM souligne la semaine internationale des femmes
Le Regroupement des CALACS refuse la décision du Barreau dans le dossier de Me Bureau
LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
Injustice pour une femme violée
Maya et le viol sacré
Agressée sexuellement, trouve-t-on de l’aide ?
Quand le droit des femmes de dire NON sera-t-il inviolable ?
Pourquoi tous contre une ?
Viol collectif ou profilage racial ?
"Écorchées", un roman déchirant sur les femmes en prison
Les effets psychodynamiques de la violence (2e de 3 articles)
Grandir dans la proximité de la violence : des adolescent-es racontent la violence familiale
Logiques sociales de la violence domestique et de la torture (dernier de 3 articles)
Si Amnesty international savait parler aux hommes
Propos méprisants et haineux envers des femmes au bar "Chez son père", à Québec
La Fondation Scelles s’inscrit désormais dans une dimension européenne
Refuges pour femmes violentées 2003-2004
Anniversaire de Columbine : quelles leçons en a-t-on tirées ?
L’AVFT en campagne contre la loi sur le délit de dénonciation calomnieuse
Viol-Secours : un quart de siècle au service des femmes
Violences conjugales : le chiffres en Europe
Pourquoi on a défiguré le mot "victime"
Affaire Cloutier : les préjugés qui restent
Essai d’explication de la violence masculine à l’égard des femmes
Sida, la dernière violence faite aux femmes
Contre la violence, Opération Tendre la main
Violence sexuelle et conjugalité
La Journée internationale d’action contre la violence faite aux femmes
Vagins bulldozés
Violences - Les femmes pour cibles
Violences mâles
Les politiques du ministère de l’Education nationale en France concernant les violences sexuelles et sexistes - 1995-2003
Les mots du viol
Un tribunal reconnaît aux femmes le droit à s’organiser entre elles
Il n’est pas suffisant pour nous, en tant qu’hommes, de ne pas être violents
Non à toutes les violences contre les femmes - ONU et AI
Le machisme tue tous les jours
L’homicide conjugal au féminin, le droit au masculin
Une fillette de 12 ans jugée responsable de son viol
les meurtriers
Viol d’enfant : des tribunaux sous influence
Lettre ouverte aux député-es de l’Assemblée nationale du Québec
Conjoints agresseurs et stratégie masculiniste de victimisation
Face aux conjoints agresseurs… La danse avec l’ours
Limites et risques de l’intervention psychologisante auprès des batteurs de femmes
Conjoints agresseurs et victimisation- témoignages







La violence contre les femmes, une pandémie mondiale ? Comme la grippe H1N1 ? Comme dans le film « Contagion » ? Pas du tout. Pensez à votre réponse instinctive à l’idée d’une catastrophe biologique qui terroriserait le monde entier – voilà ce que devrait être votre réaction au niveau normalisé de violence contre les femmes dans le monde. Parce que, pour dire les choses clairement : les femmes ne sont pas un groupe d’intérêts particulier et la lutte pour la capacité de vivre sans violence n’est pas un simple projet personnel.



Vous pensez que j’exagère, n’est-ce pas ? Jusqu’à ce que je prenne conscience de la campagne 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes (1), qui a débuté le 25 novembre, j’aurais pu le croire aussi. C’est parce que nous, en tant que culture, embrassons la glamourisation de la misogynie au lieu de considérer ses effets néfastes et d’essayer de changer ses normes. Pour ce qui est de notre conscience collective du problème, nous préférons passer notre tour : le « sexy » est tellement plus amusant que la tristesse.



Un exemple : suis-je la seule à trouver intéressant que cette campagne des 16 jours s’inscrive entre les lancements de deux films particuliers : « Breaking Dawn », un film axé sur la violence masculine / féminine, l’amour, la douleur, le sexe et la mort, et « Girl with the Dragon Tattoo » ?



« Girl with the Dragon Tattoo » n’est pas le nom original de la série : le titre original, « Men Who Hate Women », a été changé pour le marché de langue anglaise (2). La trilogie mondialement connue de romans de Steig Larsson, truffée de scènes explicites de violence de genre sadique, est un fantasme de revanche féminine contre des hommes coupables de viol, de traite des femmes et d’assassinats. L’histoire, dont la protagoniste repousse les hommes, n’a pas été initialement conçue pour glorifier la violence contre les femmes – d’où son titre original, qui était simple et honnête.

Cependant, cette intention a été subvertie par le changement de titre et par au moins la première commercialisation de la version américaine du film, que Melissa Silverstein, fondatrice du site Web « Women and Hollywood », décrivait cet été comme une « pornification de Lisbeth Salander » (3) : la première affiche diffusée du film présentait Rooney Mara nue, un mamelon percé, l’héroïne violente et distinctement non stéréotypée femme étant embrassée de façon protectrice par un Daniel Craig renfrogné (que j’adore, en fait, pour son travestisme dans la campagne « We Are Equal »(4).

Le titre original ne laissait rien à l’imagination ou l’interprétation. Ce titre précis et sans équivoque, troublant et intense dans sa désignation de la misogynie, a-t-il été jugé trop sévère, trop accusateur, trop réel ?

La « haine » est-elle un mot trop fort ? Croit-on qu’il n’existe pas d’hommes qui haïssent les femmes ou qui les considèrent comme des sous-hommes parce qu’elles ne sont pas des hommes, ce qui rend la violence à leur égard en quelque sorte plus acceptable ou inévitable ? Peut-être croyez-vous qu’il s’agit d’un problème limité au tiers monde, ou à une race ou une classe spécifique ? Je sais qu’il y a des lecteurs qui vont immédiatement prendre pour acquis que je suis en train de condamner tous les hommes pour les actions de quelques-uns. Dans tous ces cas, je vous suggère de prendre en considération les chiffres suivants (5).


Considérez le fémicide, le fait d’assassiner des femmes parce qu’elles sont des femmes :


  • Aux États-Unis, un tiers des femmes assassinées chaque année sont tuées par un partenaire intime.
  • En Afrique du Sud, une femme est tuée toutes les six heures par un partenaire intime.
  • En Inde, en 2007, 22 femmes ont été tuées chaque jour dans des meurtres liés au paiement d’une dot.
  • Au Guatemala, deux femmes sont tuées en moyenne chaque jour.
  • Les crimes dits d’honneur (6), soit le fait d’assassiner des femmes pour avoir faire honte à leurs familles, se produisent partout dans le monde, y compris aux États-Unis.
  • Et qu’en est-il de l’esclavage, ce qu’est la traite des personnes ?
  • Les femmes et les filles représentent 80 pour cent des quelque 800 000 victimes annuelles de la traite, dans la majorité des cas (79 pour cent) à des fins d’exploitation sexuelle.
  • Ce chiffre est une des estimations les plus faibles. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) de l’ONU estime que les victimes de la traite comptent 2,5 millions de personnes dans le monde, dont plus de la moitié vivent dans la région de l’Asie-Pacifique.
  • La traite, sous la forme d’importation d’esclaves sexuelles et d’utilisation d’enfants prostitué-e-s, est en hausse aux États-Unis (7) et atteint des proportions épiques à l’échelle internationale.

    Vous n’êtes toujours pas scandalisé-e ? Parce que sinon, il ya toujours ce qu’on appelle pudiquement des « pratiques néfastes », qui sont des formes violentes de torture et de viol. Par exemple :

  • Environ 100 à 140 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi des excisions ou mutilations génitales. Chaque année, plus de 3 millions de filles sont menacées par ces pratiques en Afrique.
  • Plus de 60 millions de jeunes filles dans le monde sont mariées dans l’enfance, un autre euphémisme s’il en est un, mariées avant l’âge de 18 ans, principalement en Asie du Sud (31,1 millions) et en Afrique subsaharienne (14,1 millions).

    Ces chiffres ne comprennent pas les épouses à qui on met le feu, les « suicides », « accidents » suspects et autres actes de haine liés au versement de la dot.

    Passons maintenant aux bons vieux dossiers de la violence conjugale et sexuelle :



  • Une femme est agressée ou battue à toutes les neuf secondes aux États-Unis. (8)
  • Selon les Centers for Disease Control and Prevention (9), les femmes subissent chaque année environ 4,8 millions d’agressions physiques et de viols aux mains d’un partenaire intime.
  • Dans l’ensemble du monde, au moins une femme sur trois (10) a été battue, contrainte à des rapports sexuels ou autrement agressée au cours de sa vie.
  • Jusqu’à une femme sur quatre subit des violences physiques et/ou sexuelles pendant la grossesse, par exemple, ce qui augmente la probabilité de subir une fausse couche, une mortinaissance ou un avortement.
  • Jusqu’à 53 pour cent des femmes dans le monde sont maltraitées physiquement par leur partenaire intime, sous la forme de coups de pied ou de poing à l’abdomen.
  • À Sao Paulo, au Brésil, une ville si amusante à visiter, une femme est agressée toutes les 15 secondes.
  • En Équateur, les adolescentes signalant des violences sexuelles à l’école ont identifié des enseignants comme auteurs de ces violences dans 37 pour cent des cas.
    Selon le Département américain de la Justice (11), il se produit une agression sexuelle toutes les deux minutes aux États-Unis (majoritairement contre des femmes). Une Américaine sur six a été victime d’un viol ou d’une tentative de viol au cours de sa vie (12). C’est près de 20 pour cent de notre population et le Département américain de la Justice reconnaît que le viol est le crime le plus sous-signalé au pays (13).



    À l’échelle mondiale, les chiffres (14) pour le viol et l’agression sexuelle sont renversants. Surtout quand on considère le recours au viol comme tactique et arme de guerre (15). Des millions de femmes (et d’enfants) ont été violées à la suite de la militarisation systématisée des hommes pour « déshonorer » leurs ennemis. Plus récemment, dans la seule République démocratique du Congo, plus de 400 000 cas de violence sexuelle, impliquant pour la plupart des femmes et des filles, ont été documentés, soit un taux de 48 viols de femmes par heure (16).



    Vous commencez à ressentir un peu de fatigue, de dépression ? J’ai presque fini.

Au bout du spectre, on trouve les formes relativement « bénignes » de harcèlement, y compris le harcèlement sexuel au travail et le harcèlement de la rue, dont j’ai beaucoup parlé ces deux derniers mois (17).

    Entre 40 et 50 pour cent des femmes des pays de l’Union européenne vivent en milieu de travail des avances sexuelles non désirées, des attouchements ou d’autres formes de harcèlement sexuel. Le harcèlement sexuel et de harcèlement de la rue sont les symptômes d’un problème beaucoup plus profond, auquel les statistiques ci-dessus donnent une signification viscérale.
    Aux États-Unis, 83 pour cent des filles âgées de 12 à 16 ans ont subi une certaine forme de harcèlement sexuel dans les écoles publiques (18). Dans le monde, entre 87% et 98% des femmes interrogées (19) signalent un harcèlement en public persistant et agressif qui modifie le cours de leur journée, leur capacité de gagner leur vie, de se rendre à l’école, de se sentir en sécurité, d’atteindre l’égalité.

    Que pouvez-vous faire ?

    L’objectif de la campagne 16 jours cette année est simple : étudier, faire connaître et aider à abolir les causes de la violence contre les femmes. Cette année, la campagne met l’accent sur une contestation du militarisme (20).


    Je refuse de croire que les garçons naissent pour grandir et faire mal aux femmes et que les filles et les femmes naissent pour devenir des victimes. À tout le moins, nous pouvons acquérir plus de conscience du spectre de la violence contre les femmes, des méthodes subtiles dont se sert la culture pour promulguer cette violence (21), et de la prévalence du problème dans la vie de toutes les femmes. Ne la passez pas sous silence, ne la banalisez pas, et ne laissez pas vos représentants au gouvernement en faire de même (22).

    Que vous soyez un homme ou une femme, apprenez-en davantage sur cette campagne mondiale pour mettre fin à la violence contre les femmes. Le site Web de Say No-UNITE (23) comprend une liste détaillée de gestes (24) que peuvent poser des particuliers-ères, des étudiant-es et des enseignant-es, des gouvernements et des parlementaires, des organisations de la société civile et des groupes communautaires, ainsi que des entreprises et sociétés.



    Il ya aussi une foule d’organisations, beaucoup trop nombreuses pour être énumérées ici, comme Women for Women International (25), We Are Equals (26) et UNWomen (27), qui se dédient à toutes sortes d’initiatives allant de l’aide aux victimes individuelles de violence à des tentatives de modifier la culture ambiante. Une simple recherche de telles ressources aux paliers local, régional, national et international vous en fournira une bonne liste.



    Si vous êtes un homme qui s’intéresse plus particulièrement à ce que vous pouvez faire, il existe aussi beaucoup de ressources à votre intention. Par exemple, veuillez jeter un coup d’oeil à l’ouvrage de Jackson Katz intitulé 10 Things Men Can Do to Prevent Gender Violence (10 choses que les hommes peuvent faire pour prévenir la violence de genre) (28) ou à des organisations comme Men Against Abuse Now (29) ou Men Can Stop Rape (30). L’On-Campus Anti-Violence Project dispose également d’une excellente page-ressources (31), comme le fait l’organisation RAINN (32) (qui travaille aux dossiers du viol, de la violence et de l’inceste). D’autres sites Web comme le Good Men Project (33) et A Call to Men (34) sont également engagés à redéfinir la masculinité d’une manière qui n’y intègre pas la violence antifemmes comme un impératif biologique.



    Je sais, en mettant le point final à ce texte (ouf, n’êtes-vous pas content-e de vous être rendu-e jusqu’ici ?), qu’il y aura des réponses innombrables à cet article pour tenter de faire valoir la violence subie par des hommes, les femmes qui assassinent des hommes ou les battent, les hommes qui sont violés en prison ou agressés sexuellement par des femmes. Je sais que de telles choses sont arrivées et qu’elles sont horribles et violentes et déshumanisantes. Mais ce n’est pas le sujet de mon article.



    Le sujet de mon article, le voici : combien de personnes exactement doivent être battues, vendues, violées ou tuées simplement parce qu’elles sont nées de sexe féminin ? Combien en faudra-t-il pour que ce problème cesse d’être marginalisé ou considéré comme un élément accessoire gênant à ce qui est censé être « réellement important » ? Ou comme l’a dit récemment un représentant anonyme de la Maison-Blanche : « Les enjeux de genre doivent céder la place à d’autres priorités... Il nous est impossible d’être efficaces que si nous devons entretenir tous les intérêts particuliers et projets personnels. » (35)



    Et, juste pour mémoire, cet article n’est pas un texte compassé du style « Pauvre moi »/« Pauvres femmes ». C’est un texte indigné du style « Pauvres nous ! », qui vous invite à vous lever et à faire quelque chose !

    * Toutes les statistiques citées se trouvent, avec le détail de leurs sources, sur le site Web de l’organisation SAY NO-UNITE. Quand j’ai référencé d’autres statistiques, j’ai créé un hyperlien direct à la source pertinente.

    Notes

    1. Lire en ligne.
    2. Lire en ligne.
    3. Lire en ligne.
    4. Lire en ligne.
    5. Lire en ligne.
    6. Lire en ligne.
    7. Lire en ligne.
    8. Lire en ligne.
    9. Lire en ligne.
    10. Lire en ligne.
    11. Lire en ligne.
    12. Lire en ligne.
    13. Lire en ligne.
    14. Lire en ligne.
    15. Lire en ligne.
    16. Lire en ligne.
    17. Lire en ligne.
    18. Lire en ligne.
    19. Lire en ligne.
    20. Lire en ligne.
    21. Lire en ligne.
    22. Lire en ligne.
    23. Lire en ligne.
    24. Lire en ligne.
    25. Lire en ligne.
    26. Lire en ligne.
    27. Lire en ligne.
    28. Lire en ligne.
    29. Lire en ligne.
    30. Lire en ligne.
    31. Lire en ligne.
    32. Lire en ligne.
    33. Lire en ligne.
    34. Lire en ligne.
    35. Lire en ligne.

    Source : http://sorayachemaly.tumblr.com

    Traduction : Martin Dufresne

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 décembre 2011



    Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
       Commenter cet article plus bas.
  • Soraya Chemaly



        Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

    © SISYPHE 2002-2011
    http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin