|
mardi 30 novembre 2010 La prostitution menace le patrimoine humain
|
DANS LA MEME RUBRIQUE La semaine de sensibilisation à la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineures est primordiale Le Regroupement des événements majeurs internationaux et le Conseil des Montréalaises : même déni ! Les "Dalila" de la prostitution Gisèle Halimi et les "harkis "du féminisme De la pertinence d’images suggestives et sexistes pour dénoncer la marginalité des prostituées au temps du Covid Prostitution : quand la pandémie est un prétexte à protéger un système et ses exploiteurs Tweets controversés de la présidente de de la FFQ Prostitution : il faut qu’on parle des acheteurs La prostitution, une question sociale Une politique publique pour combattre le système prostitutionnel Prostitution - La CLES s’inquiète des intentions du Parti libéral du Canada "L’intime et le marché", un livre essentiel de Rhéa Jean Le réseau international contre la prostitution Zéromacho - La faute de Canal+ La prostitution, une violence patriarcale La tyrannie du nouvel ordre sexuel Des militantes et militants pro-prostitution menacent des survivantes pour les faire taire Prostitution - La Loi sur la protection des collectivités et des victimes d’exploitation, deux ans plus tard, qu’en-est-il ? Le prostitueur moderne et sa nounou queer Aidez-nous à éradiquer la prostitution au Canada Euro 2016 - Le prix d’une passe n’est pas celui que tu crois Abolition de la GPA et de la prostitution, même combat contre le patriarcat Les droits des femmes bafoués, les corps marchandisés Non au système prostitutionnel ! Une analyse féministe et abolitionniste du système prostitutionnel Prostitution : L’Assemblée nationale française fidèle à ses convictions Claudine Legardinier - Prostitution : une guerre contre les femmes France - Les inégalités femmes-hommes au Sénat font obstruction à la sanction des clients de la prostitution ! Offrir aux hommes handicapés de recourir à la prostitution, une idée ancrée dans la misogynie et le validisme Lettre ouverte à rabble.ca - La journaliste Meghan Murphy visée par une campagne misogyne du lobby de l’industrie du sexe Grand Prix de Montréal - La CSN demande l’application de la nouvelle loi fédérale pour contrer la prostitution Comment la pornographie influence les jeunes consommateurs "Le commerce du sexe", un film d’Ève Lamont Réglementer la pornographie ou criminaliser les pornocrates ? Corps disloqués, âmes brisées : conséquences psychiques et physiques de la prostitution sur les personnes qui la vivent Prostitution - L’approche de “réduction des méfaits” ne suffit pas pour une analyse pertinente de la prostitution « Ni client, ni complice ! » - La CLES lance un appel à lutter contre la banalisation de l’exploitation sexuelle Pénalisation du client de la prostitution ? Les belles histoires de Tonton Robert Non, Messieurs, la plupart des personnes prostituées ne le sont pas par choix Le manifeste des 343 bites tellement légères qu’elles se dressent à l’insu de leur cerveau La cruelle chosification des femmes prostituées et des mères porteuses Catharine A. MacKinnon - Traite, prostitution, inégalité Prostitution - Sanctionner les clients et non les prostituées Prostitution des jeunes - La trahison des adultes Décriminaliser la prostitution ne peut pas être la solution Prostitution : une affaire d’hommes ou la fraternité "des salauds" Loi sur la prostitution en France - « Je ne veux pas d’une société où les femmes ont un prix » Janice G. Raymond – Prostitution : "Pas un choix, pas un travail" Elisabeth Badinter et Irène Théry ou la caution intellectuelle du système patriarcal Les femmes étrangères rêveraient-elles de devenir "putes" ? Prostitution - La stigmatisation et le mythe entourant le statut de victime Abolition de la prostitution en France - Le principe est acquis, place à la loi ! Comprendre la prostitution dans l’ensemble des structures de pouvoir fondées sur le genre L’Irlande pourrait interdire l’achat de sexe Le prostitueur, "chaînon manquant" de la question prostitutionnelle, selon Victor Malarek La prostitution, sexualisation du pouvoir La France envisagerait des sanctions "pédagogiques" pour les prostitueurs Le Canada ne peut traiter la prostitution comme un filet de sécurité sociale Les "femmes de réconfort" étaient nécessaires pour maintenir la discipline dans l’armée, selon le maire d’Osaka Prostitueurs et non-prostitueurs, une étude de Mélissa Farley Bienvenue dans le monde des prostitueurs Prostitution - Rendre tabou la notion de victime pour masquer l’existence d’agresseurs Prostitution en Grande-Bretagne - Un bien étrange syndicat au service des proxénètes Prostitution et mariage : une assimilation douteuse La prostitution, le STRASS et la sénatrice - La pertinence de la transparence Au delà des mythes, légaliser la prostitution est une très mauvaise idée La Suède malmène l’industrie du sexe et aide les femmes prostituées Les prostitueurs. Sexe à vendre… Les hommes qui achètent du sexe, un livre de Victor Malarek "Angel" : Piégée dans un monde de prostitution et de violence L’être et la marchandise. Prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi "Les criminelles" : individualisation et romantisation de la prostitution Des spécialistes en santé veulent aider les femmes à sortir de l’industrie du sexe… en faisant échec aux prostitueurs L’Islande songe à interdire la porno diffusée sur Internet En studio avec Ruth ! "Je crois sincèrement que la traite humaine et la prostitution fonctionnent de pair" Catalogne - La loi et l’ordre des proxénètes Qui estime vraiment les personnes prostituées ? En studio avec Ruth ! "La prostitution est un grand enjeu politique" L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) et l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (FAFIA) répondent au rapport Oppal sur les femmes disparues Colombie-Britannique - L’égalité des femmes et le contexte socio-économique absents du rapport Oppal sur les femmes disparues Prostitution - Les “progressistes” australiens oscillent entre l’industrie du sexe et les droits des femmes Prostitution - Le refus d’abolir le système prostitueur est une atteinte aux droits humains Fantine ou la liberté de se prostituer ? Première rencontre de l’Association internationale des survivantes unies de la traite à des fins sexuelles (prostitution) Prostitution - Pourquoi il faut mettre fin à une des plus anciennes violations des droits humains Carton rouge pour les bordels à vitrine Prostitution - La réduction des méfaits est-elle ce que nous pouvons faire de mieux pour les personnes prostituées ? Un traité féministe international pour abolir la prostitution Prostitution - Coup de tampon réglementariste ! Prostitution et séropositivité - Le Gouvernement grec arrête et emprisonne des femmes pour protéger les hommes Manifeste contre le système prostitueur Prostitution en France - Lettre ouverte à M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre 1946-2012 : De la fermeture des maisons closes à la lutte contre le système prostitueur, les abolitionnistes portent progrès et liberté ! Prostitution - Gloria Steinem appuie le modèle nordique Solidarité avec les prostituées, mais lutte contre la prostitution Comparaison entre acheteurs et non-acheteurs de sexe dans la région de Boston 8 mars 2012 : Pas d’égalité sans abolition de la prostitution ! La danse contact ou "lap-dance", prologue de la prostitution Fiers d’aller aux danseuses ! Vraiment ? Abolitionnistes du système prostitueur : ce que nous sommes, ce que nous voulons ! Les Néerlandais commencent à regretter la légalisation de la prostitution Prostitution et faux-semblants : une affaire de société, de femmes et d’hommes Pourquoi la gauche veut-elle faire de la prostitution "un métier comme un autre" ? Prostitution et "slutwalk" - Bâtir un mouvement féministe progressiste à l’époque individualiste Prostitution - Il faut rendre illégal l’achat de "services" sexuels en Australie Le mouvement des femmes n’est pas monochromatique ZéroMacho - Des hommes contre la prostitution Prostitution et domination masculine La vérité sur l’esclavage sexuel planétaire, un livre de Lydia Cacho Votre voisin est un prostitueur - Une nouvelle recherche J’ai rien vu Abolition n’est pas prohibition - Pourquoi la défense de l’avortement diffère de la défense de la prostitution Prostitution et traite des femmes - Le projet abolitionniste au congrès Mondes des femmes 2011 Congrès international Mondes des femmes 2011 - Compte-rendu des échanges sur l’abolition de la prostitution à l’exposition "Les draps parlent" Banalisation de l’industrie du sexe et éducation des jeunes Nous devons sanctionner les acheteurs de la prostitution Des députés proposent une résolution sur la prostitution réaffirmant la position abolitionniste de la France Dix raisons de ne pas légaliser la prostitution Demi Moore s’associe au CNN Freedom Project pour un documentaire saisissant sur le commerce sexuel au Népal Client de la prostitution : vers une prise de conscience européenne Lutter pour faire de la prostitution un travail, c’est se tromper de combat Prostitution et traite des êtres humains, controverses et enjeux Le système de la prostitution militaire en Corée du Sud, en Thaïlande et aux Philippines Les pratiques des hommes "clients" de la prostitution : influences et orientations pour le travail social La prostitution comme violence contre les femmes Le système prostitutionnel, un pilier de l’inégalité sexuelle et des violences envers les femmes Clients de la prostitution : un "droit de l’homme" heureusement en péril Prostitution as violence against women Prostitution - Vive le sexe libre et gratuit ! France - La prostitution n’est pas une fatalité "Il faut punir les clients des prostituées", selon Roselyne Bachelot. Oui... et dépénaliser les personnes prostituées ! Belgique - Analyse « Prostitution : arguments et opinions » Prostitution - Le débat entre féministes se poursuit Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale - Inscription La tolérance sociale, complice de la violence et de l’exploitation sexuelle Traite des femmes à des fins sexuelles - Au cœur des réseaux criminels : l’exemple de l’Albanie S’unir contre la banalisation de la prostitution - Un défi pour la décennie Moi, si j’étais un homme Prostitution et traite des êtres humains - Les mensonges du réglementarisme La députée bloquiste Maria Mourani présente un projet de loi pour accélérer la lutte à la traite des personnes et au proxénétisme La série "Maison close" : de la fiction à la réalité C’est un métier, tout comme le vôtre… Décriminaliser totalement la prostitution sape le travail pour l’égalité des sexes - Exigeons le changement "Abolir la prostitution" – Une question en suspens pour le féminisme et pour la gauche Pays-bas : infirmières ou prostituées ? Madame Parité commence fort en renvoyant les femmes… au bordel ! Le sexe s’invite à la Coupe du Monde Feu « Verts » au proxénétisme ! Plus de pornographie à l’Assemblée nationale, mais des assises de la prostitution au Sénat "Travailleurs du sexe", un documentaire sexiste, réactionnaire et dangereux Le Mouvement du Nid-France louera un mini-car pour faire visiter les maisons closes Pour un quartier assiégé, la prostitution est loin d’être un "crime sans victime" De client prostitueur à homme responsable : une démarche nécessaire Le "client", premier agent de la prostitution Proxénétisme et prostitution - Lettre ouverte aux candidat-e-s aux élections européennes de juin 2009 Poser les bases d’une Europe sans prostitution, c’est oser Le tourisme de prostitution, une industrie mondialisée florissante Prostitution : la grande promo Première Journée mondiale contre l’exploitation sexuelle : les raisons d’un engagement Prostitution et traite des êtres humains, enjeux nationaux et internationaux Le vagin industriel. Vers une économie politique du sexe commercial mondialisée S’attaquer au trafic mondial du sexe Intégrisme islamique et esclavage sexuel en Iran Le corps des femmes est attaqué. Que fait-on ? On se tient debout et on riposte ! Libre disposition de son corps et liberté de se prostituer Le refus de la prostitution gagne du terrain La mode hypersexualisée s’inspire de la pornographie Le "droit de prostituer" n’est pas un droit de l’homme "Abolition de la prostitution" - Édito Revue Labrys Affaire Sneep aux Pays-Bas - Condamnation de deux proxénètes qui ont exploité et maltraité 120 filles de l’Europe du Sud et de l’Est Le commerce du sexe est florissant en Afghanistan Sexe et Formule 1 Dossier prostitution - Importants développements à l’échelle internationale Prostitution - Touche pas à mon client ? Le Conseil National des Femmes du Luxembourg (CNFL) se prononce en faveur d’une législation agissant directement sur la demande de "services sexuels" Affaire Spitzer - Le mythe du crime sans victimes Le Mouvement du Nid inquiet de plusieurs mesures de la politique française sur la prostitution Le Forum de Vienne sur la traite des êtres humains reste sourd aux voix des victimes Une politique cohérente contre la violence à l’égard des femmes doit commencer par s’attaquer à la prostitution Prostitution - À Alger comme en Europe, on esclavagise les femmes Manifeste des hommes pour l’abolition de la prostitution (Espagne) Pornographie et fin de la masculinité Pornographie : "Ça fait mal, tellement mal" ou pourquoi certaines femmes ne veulent pas savoir Prostitution : les limites du consentement Prostitution et traite des femmes au Nevada « Être abolitionniste, c’est défendre la liberté sexuelle ! » "Rent-A-Wife", c’est discriminatoire ! Après des décennies, les secrets des bordels des camps nazis émergent Une association féministe espagnole conteste l’expression "travailleuse du sexe" Le Mouvement du Nid face aux clients prostitueurs Première Journée mondiale pour un tourisme responsable et respectueux, le 2 juin 2007 Richard Poulin parle de son dernier livre "Abolir la prostitution" - Interview par Sporenda Police, Justice et acteurs sociaux, quelle coopération ? Réflexions sur les meurtres de femmes prostituées au Royaume-Uni Prostitution - Trois femmes et un débat Déchirées par la guerre, les femmes d’Irak sont la cible des trafiquants du sexe La prostitution n’est pas un service comme un autre Entretien avec Coline Serreau sur le film Chaos Qu’est-ce que la libération ? Le féminisme hier, aujourd’hui et demain Quand le porno impose sa vision de la sexualité La prostitution, une arme politique Prostitution : tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir et qui existe quand même ! La liberté dévoyée Mondialisation, militarisme et trafic sexuel Pour que la porno recule Marchandisation et déshumanisation : l’exemple de la prostitution Richard Poulin lance un manifeste abolitionniste Prostitution en Allemagne : Déclaration post-Coupe Mondiale de Football Prostitution Reform - Stamp out sexual slavery (Angleterre) La prostitution au XVIIIe siècle, pierre d’achoppement entre politiques locales et pouvoir royal Campagne contre la traite des blanches de l’Europe de l’Est Prostitution : les pièges du pragmatisme L’âge du consentement sexuel à 16 ans : un pis-aller ? Prostitution : cherchez le client Enjeux de la prostitution considérée comme "travail du sexe" L’envergure de la traite à des fins de prostitution Les filles de l’Est Violence pro-prostitution à la Maison des femmes de Paris Le discours pro-prostitution : une rhétorique de dominant "Survivantes" et féministes contre la prostitution Clients de la prostitution : motivations et déterminants La législation à l’encontre des prostituées au XVIIIe siècle Une politique cohérente contre la violence faite aux femmes doit d’abord s’attaquer à la prostitution La nouvelle industrie du sexe "Terre promise", un film d’Amos Gitaï sur la traite des femmes Prostitution : une arme de destruction massive "Les clients de la prostitution : l’enquête", de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama Les Philippines contre le trafic sexuel "Inside deep throat", contribution à la liberté sexuelle ? La prostitution au XVIIIe siècle : introduction à une liberté superficielle Femmes à vendre dans les pays baltes Prostitution et Société No 150 Acheter du sexe n’est pas un sport Une loi qui jetterait les femmes dans l’industrie du sexe Casino de Hull - Des "playmates" de Playboy pour faire la promotion des nouvelles machines à sous Ni coupables, ni victimes : libres ? Oui, libres de toute prostitution Le système de la prostitution : une violence à l’encontre des femmes La marchandisation du corps humain est une violation des droits fondamentaux de la personne Le système de la prostitution au Cambodge : le témoignage de Somaly Mam Le Mouvement du Nid Le Mouvement du Nid - Documents sur la prostitution La banalisation de la prostitution : des choses à savoir L’Association canadienne des centres contre les agressions sexuelles réclame des politiques contre le commerce du sexe 16 journées d’actions citoyennes pour dire "Non aux violences à l’égard des femmes et à la prostitution ! Oui à la promotion de la dignité humaine !" Prostitution et travail « invisible » : une assimilation dangereuse Le risque global d’être convertie en marchandise Gunilla Ekberg : « Le mieux que nous puissions faire pour nos soeurs prostituées, c’est de les aider à en sortir. » Prostitution, pornographie et trafic des femmes Sexe, argent et intégrisme postmoderne Les politiques européennes et internationales sur la traite des êtres humains encouragent le proxénétisme Quinze thèses sur le capitalisme et le système prostitutionnel mondial Le chemin de Buenos Aires : la prostitution, hier et aujourd’hui Prostitution, la mondialisation incarnée Mondialisation des industries du sexe : oppression maximale des femmes et des enfants du Sud, de l’Est, du Sud-Est, etc... L’hypocrisie a-t-elle un sexe ? Ou comment masquer l’insoutenable réalité de la prostitution L’importance de ne pas censurer le débat sur la prostitution Viol et prostitution Esclavage et prostitution Journée de formation sur la mondialisation de la prostitution et du trafic sexuel - Documents Les jeunes et l’industrie du sexe La marchandisation du sexe : nouvel esclavagisme ? Le "libre choix" en Allemagne : accepter de se prostituer ou perdre son allocation de chômage ? La croissance effrénée des industries du sexe : entrevue avec Richard Poulin Aux pays des tsunamis, le trafic sexuel sévit Le modèle suédois : une source d’inspiration, non une panacée Une étude dresse le portrait des prostitueurs ou clients de la prostitution Prostitution : La nouvelle traite des Noirs « La mondialisation des industries du sexe » : des faits aux valeurs Décriminaliser la prostitution a profité aux proxénètes, pas aux personnes prostituées Occupations militaires - La prostitution érigée en système Le scandale de l’esclavage sexuel au Kosovo « Les Yeux secs » et la caméra citoyenne de Narjiss Nejjar Rapport sur les conséquences de l’industrie du sexe dans l’Union européenne L’érotisation de la violence et de la subordination Prostitution : réflexions d’un militant en colère Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, esclavage, travail forcé, trafic de personnes Pacte du silence sur les clients de la prostitution Le débat sur la prostitution : quelle libération sexuelle ? Des questions à se poser sur la prostitution Fabrication d’un nouveau mythe sur la prostitution L’urgence est-elle de faire de la prostitution un métier ? Je voudrais parler porno La légalisation de la prostitution, une expérience qui a échoué en Australie Prostitution, pornographie et capital L’Organisation Internationale du Travail (OIT) appelle à la reconnaissance de l’industrie du sexe Prostitution, trafic sexuel et mondialisation On s’arrache les actions du premier bordel inscrit en bourse Il faut stigmatiser le client... il est criminel Adulte ou infantile, la prostitution est le contraire de l’autonomie sexuelle Les enjeux occultés de la prostitution et les conséquences sur les rapports hommes-femmes Le trafic mondial des femmes et des enfants Des proxénètes à l’Université ? La mondialisation des marchés du sexe - I La mondialisation des marchés du sexe - II Combattre le système prostitutionnel Sexe : de l’intimité au « travail sexuel » ou prostituer est-il un droit humain ? L’Organisation Internationale du Travail (OIT) appelle à la reconnaissance de l’industrie du sexe. Commentaire. Pour une critique de la politique pro-prostitution de Cabiria Prostitution : droits des femmes ou droit aux femmes ? Faut-il une autorisation pour parler de la prostitution ? « Le corps est un nouvel instrument d’esclavage » Florence Montreynaud « La prostitution, ce n’est pas le plus vieux métier du monde, c’est le plus vieux mensonge » (Gunilla Ekberg) L’idéologie sexiste et la pornographie Femmes esclaves des bordels du Bangladesh |
En mai 2000, avec plusieurs partenaires dont l’UNESCO, la Fondation Scelles a organisé un colloque sur la prostitution qui avait pour thème « Le Peuple de l’Âbime. La prostitution aujourd’hui ». Sous la direction du groupe Act-up, des personnes du milieu de la prostitution ont pris le micro à l’ouverture du colloque en dénonçant les discours des participants-es qui ne s’étaient pas encore exprimé-es. Ils ont lancé des accusations contre ceux et celles qui avaient organisé la rencontre, lui reprochant de ne pas orienter l’événement dans le sens de leur prétention, à savoir la reconnaissance de la prostitution comme un travail ordinaire, en niant aux personnes non prostituées le droit de parler de prostitution. Wassyla Tamzali, alors directrice à l’UNESCO du programme pour la promotion de la condition de la femme dans la région méditerranéenne, a été l’une des premières à prendre la parole. Elle a regretté que les manifestant-es, qui disent ne pas être écouté-es, soient sorti-es sans attendre que les participants et les participantes au colloque leur répondent. Elle a répondu à aux arguments habituels destinés à faire taire les femmes et les hommes qui voient dans la prostitution, non pas un métier, mais un danger pour le patrimoine humain. Elle exhorte les États et les institutions internationales de défense des droits humains, comme les Nations Unies, à prendre conscience de ce danger et à agir pour le combattre. Wassyla Tamzali a autorisé la publication de son allocution et le titre que nous lui avons suggéré. (Sisyphe)
En sortant de la salle sans écouter ce que nous avions à répondre à leurs accusations, à leurs revendications, les manifestants ont voulu très ostensiblement nous signifier que nous n’avions pas le droit de parler de la prostitution, ni au nom des prostitués. Aussi, avant d’aborder la cause ou les raisons profondes qui justifient la violence de cette manifestation conduite par Act-Up, nous devons dissiper le malaise qui pourrait s’être installé dans la salle après la prise de parole de celles et ceux qui étant prostitués, ou se revendiquant devant nous comme tels, prétendent avoir le droit exclusif de parler de la prostitution, et entendent retirer aux autres, c’est à dire grosso modo, la presque totalité des intervenants et des occupants de la salle, et moi la première, la possibilité d’exprimer un point de vue sur ce sujet. Faut-il être prostitué-e pour parler de l’exploitation sexuelle des êtres humains et de sa forme radicale, la prostitution sous toutes ses formes, dites libres ou forcées ? Ai-je le droit de m’exprimer à partir de ma pratique de fonctionnaire internationale au service de l’amélioration de la condition des femmes dans le monde ? Quel rapport a ceci avec cela ? Ai-je le droit de parler du trafic des êtres humains, des femmes et des enfants quand le sort de ce trafic dépend en bonne partie des décisions qui sont prises, qui seront prises, qui devraient être prises par la communauté internationale et l’Union européenne sur le crime organisé et ses structures transnationales ? Ai-je le droit de rapporter ici le long et difficile calvaire des femmes et des enfants écoutés, secourus, recueillis, aidés, accompagnés par les associations, qui depuis le combat de Joséphine Butler à la fin du XIX° siècle, arpentent sans relâche les trottoirs de nos villes, et avec qui nous avons entrepris dès 1975 le travail difficile de conscientiser les femmes et les hommes, et les décideurs politiques sur la violation criante, en plein coeur des pays, même et surtout les plus démocratisés, de la dignité humaine et des droits fondamentaux partout où on renonçait à éradiquer la prostitution ? Peut-on accepter que la prostitution de certaines femmes ne concerne que celles-ci quand on sait combien sont déterminantes pour la condition de toutes les femmes, pour le rapport entre femmes et hommes, pour les petites filles, les images que charrient la prostitution, la pornographie et tout ce qui concerne la femme, la féminité, mais aussi l’homme et la masculinité et le rapport sexuel des femmes et des hommes ? Peut-on se désintéresser de l’étalage des corps humains nus, déformés parfois par la science biologique et chirurgicale, travestis et livrés à la sexualité prédatrice des hommes, au coeur des villes, dans les bois les entourant, et des effets que tout ceci peut avoir sur la violence sexuelle contre les femmes et les enfants ? Qu’est-ce qui pourrait aider les esprits fragiles à mettre des limites là où la société n’en met pas ? Sachant tout cela, peut-on encore dire que seuls les prostitués sont concernés par la prostitution ? La prostitution intéresse non seulement les femmes prostituées et ceux qui luttent contre le sida, de plus en plus nombreux à prendre la parole au non des victimes de la prostitution, mais également les hommes et les femmes qui doivent dire quel monde ils souhaitent pour demain. Un monde avec ou sans prostitution ? Oui, la prostitution est l’affaire de toutes les citoyennes et tous les citoyens. Elle est au centre du travail que nous effectuons au niveau international pour la econnaissance de la dignité des femmes et le respect des droits fondamentaux. Ce problème me concerne, vous concerne et ce que nous avons entendu ici ne fait que justifier, une fois encore, la nécessité de nous rencontrer pour dire ce que nous pensons de la prostitution, ce que nous attendons des pouvoirs publics pour agir contre son développement et son aggravation. Ce que nous avons entendu de la salle et de la tribune, des hommes et des femmes révélant, sous la violence de leurs propos, une grande solitude, un grand désarroi, nous rappelle, si nous l’avions oublié, que ce dont nous parlons aujourd’hui c’est d’hommes et de femmes et d’enfants. Nous ne devons jamais oublier que ce qui est en débat ici c’est la souffrance de femmes et d’enfants, - les prostituées sont de plus en plus jeunes -, que la prostitution dans le monde est un phénomène massif et dramatique et qui touche en grand nombre des enfants dans des contrées entières, qu’elle conduit à la mort, presque toujours, la fillette ou le petit garçon qui y est condamné. La prostitution est la mort programmée pour des milliers d’enfants des deux sexes. Et la mort de l’âme pour beaucoup plus encore. Nous savons cela aujourd’hui grâce aux médias qui ramènent jusqu’à nous ce qui se passe dans des terres lointaines. Ce qui se passe dans ces « ailleurs » est peut-être caricatural de ce fléau que représente la prostitution, mais ne nous y trompons pas, tout ce qui conspire à banaliser dans les pays dits occidentaux et démocratiques, c’est la même chose que ce qui se passe dans ces pays, la même indignité, les mêmes souffrances. Ce qui nous effraie là-bas, certains au moins, c’est l’expression nue et sans fard d’une pratique qui ne connaît aucune limite. Dans certains pays de l’Asie du Sud–Es - et en Afrique aussi, commence-t-on à entendre -, un nombre de plus en plus important d’enfants des deux sexes sont livrés à la prostitution dans des formes qui confinent au barbarisme. Sur ce fléau qui dévaste les pays pauvres, qui met en péril tous les jours davantage, des petites filles et des petits garçons, sur la massification de l’exploitation sexuelle de personnes, la spécialisation de quartiers entiers, voire de villes, sur la spécialisation de plus en plus pointue de voyages touristiques, spécialisation par prestations sexuelles, ne pouvons-nous pas penser que l’origine de la persistance et l’extension continue de ce mal absolu vient de nos hésitations, de notre irrésolution à condamner la pratique dans son essence ? Que font les pouvoirs publics, que font les instances internationales, de quoi devrait-on parler dans les enceintes internationales à New York, à Genève, à Bruxelles ? Alors qu’on comprend si bien les enjeux internationaux du commerce et de l’alimentaire, ne peut-on voir que la prostitution, là où elle se pratique, nous met en péril, là où nous nous trouvons ? Les destins des baleines, de l’ours blanc, sont-ils les seules perspectives qui nous préoccupent ? A quoi serviraient toutes ces énormes machines que sont les organes du Système international, de l’Union européenne, s’il n’y a pas une volonté ferme et résolue à faire respecter le premier des termes que nous avons retenus pour rendre la vie en commun possible, pour dialoguer avec un minimum d’entendement : tous les hommes sont nés libres et égaux, et la dignité humaine est le patrimoine que nous partageons et dont nous avons la garde. Peut-on penser qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut accepter cette situation ? Doit-on faire taire la peur et l’indignation qui nous prennent devant ces êtres sacrifiés et ces pratiques qui remettent en question l’idée que nous nous faisons de la dignité humaine ? Devons-nous accepter que le corps humain soit mis dans le domaine des échanges commerciaux ? Peut-on, enfin, accepter que jusqu’au coeur des institutions, des États, - ceux qui légalisent la traite ou la prostitution -, du système des Nations Unies, des médias, soit tenu un discours dans lequel la prostitution et l’industrie du sexe sont présentées comme une alternative aux problèmes économiques, voire un chemin vers le développement ? Cette tendance de plus en plus forte, de plus en plus menaçante trouve sa meilleure expression dans un rapport de 1998 de l’Organisation Mondiale du Travail dont la lecture vous expliquera mieux qu’un long discours la gravité de notre débat et son urgence. Un texte qui vous donnera la mesure des dérives qui mettent en péril la base même du système mis en place par la communauté internationale pour assurer le respect de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et de la Convention des Nations Unies de 1949 sur la traite des êtres humains, qui est une mise en application de la Déclaration sur les questions concernant la prostitution. Je cite : « Le ’travail du sexe’ a pris les dimensions d’une industrie et a contribué de façon considérable, directement ou indirectement à l’emploi, au revenu national et à la croissance économique. En Asie du Sud-Est, l’industrie du sexe prostitue entre 0,25 à 1,5% de la population totale des femmes d’Indonésie, de Malaisie, des Philippines et de Thaïlande et compte entre 2% et 40% du produit national brut. En Thaïlande, la prostitution reste l’activité illégale la plus importante, bien plus que le trafic de drogue, le trafic d’armes, la contrebande de pétrole, le trafic du travail humain et le jeu. Ces bases économiques soulignent l’importance du secteur du sexe dans les économies des pays de l’Asie du Sud-Est. C’est pourquoi la question politique ne peut être abordée uniquement sous l’angle du bien-être individuel des prostituées, cela vaut la peine de considérer que la possibilité d’une reconnaissance officielle serait extrêmement utile afin d’élargir le filet fiscal et couvrir ainsi nombre d’activités lucratives qui y sont liées ». Ce rapport édité en anglais sous le titre de « Sex-Sector : economic and social bases of prostitution in South-East-Asia », sous la direction de Lin Lean Lim (1998.ISBN 92.2.109522.3), a reçu le Nike Award 1998, a fait l’objet d’une large campagne de promotion du Bureau International du Travail. Ceci méritait d’être dit et souligné. Ceci est d’autant plus inattendu que ce rapport va à l’encontre d’une convention internationale adoptée par les Nations Unies et ratifiée par 56 pays membres, la Convention de 1949. Peut-on dire que la cohésion du système est en jeu ? Je dirais simplement que de tels faits montrent que les acteurs de la vie internationale, les nationaux et les internationaux attachent peu d’importance, ou une importance superficielle, à ce problème et qu’ils ne mesurent pas les conséquences de leur laxisme. Vous comprenez pourquoi, en vous accueillant, je vous disais qu’il était important que nous nous réunissions dans la Maison de l’UNESCO, et que nous prenions le problème à sa racine. J’éprouve, à la lecture de ce rapport, de l’indignation de voir que l’on parle ainsi de femmes et d’enfants qui sont livrés sans limites aux pulsions sexuelles les plus archaïques contre quelques billets en papier, un sentiment très fort d’assister à une transgression. Sentiment physique, comparable à celui que j’ai ressenti la fois où, dans le désert de Mauritanie, je réalisais que la jeune fille fragile qui me servait depuis quelques jours était une esclave. Pour la première fois, je voyais une esclave. Un long frisson me parcourut le dos. L’interdiction de l’esclavage est devenue forte, elle avait pris sa place auprès des tabous fondateurs. J’ai réalisé que c’était le seul moyen d’éradiquer la prostitution : faire de la vente d’une part du corps humain un tabou au même titre que la vente du corps dans sa totalité. Faire accepter par nos sociétés que la vente des sexes transgresse l’acceptable au même titre que l’esclavage et l’inceste. C’est un long chemin, mais dont l’issue ne peut être envisagée, même à long terme, très long terme, que s’il est pris dès aujourd’hui dans le bon sens. Il ne s’agit pas d’interdiction juridique qui nous rapprocherait dangereusement du système prohibitionniste, le pire pour les femmes prostituées, mais d’un interdit moral. Indignation et peur. Peur devant la défaite possible, en cette fin de siècle, de la pensée si précieuse qui a pris naissance au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Nous sortions abasourdis, couverts des cendres de la civilisation occidentale, pas uniquement à cause de la guerre, mais, comme si la guerre n’était pas suffisante, par le crime odieux qui avait été perpétré contre les juifs et contre d’autres groupes humains. Il y a eu alors un sursaut des hommes et des femmes, des politiques. Ils ont créé l’Organisation des Nations Unies sur deux mots : « Tous les êtres sont nés libres et égaux », deux mots qu’ils se sont promis, jurés, de défendre et de porter jusqu’au bout. Mais aujourd’hui, jusqu’à l’intérieur du système né de cette prise de conscience, nous assistons à un affaiblissement des principes qui ont régi la communauté. Affaiblissement, reniement parfois, comme on l’a vu à la lecture du rapport du Bureau International du Travail. Les horreurs du génocide perpétré contre des humains, les transgressions commises par certains chercheurs sur le corps humain se sont-elles à ce point dissipées pour que, de nouveau, ceux qui prennent à la légère le concept d’espèce humaine relèvent la tête et cherchent de-ci de-là où ils pourraient étendre les filets de la rentabilité. Les sexes, les femmes, les hommes, les organes, les utérus… Que reste-t-il à vendre ? Il s’agit bien de reniement, et non comme on voudrait nous le faire croire d’une réponse raisonnable à une situation existante. Peut-on oublier que les droits de l’Homme ont été conquis sur les situations existantes, contre les situations existantes ? Il s’agirait, à entendre les rumeurs qui s’amplifient et les sarcasmes, d’un face à face entre les réalistes efficaces, répondant aux besoins des prostitués et de la société et les utopiques méconnaissant la réalité, moralistes et appartenant à une époque révolue, nous dit l’air du temps. Nous répondons très haut qu’il s’agit ici de l’opposition irréductible entre ceux qui ont renoncé à vouloir un monde meilleur pour eux et pour les autres et ceux qui continuent à croire que le monde n’est pas ce qu’il est, mais ce qu’il devrait être, et que sa raison d’être est tout entière dans ce devenir. Dialogue impossible avec d’un côté ceux qui acceptent la supériorité du marché sur les valeurs humaines, ceux qui acceptent que nos êtres, notre pensée, nos ambitions soient évalués à l’aune de leur valeur marchande, qui disent qu’il faut prendre le monde tel qu’il est et faire avec… avec la drogue … avec la prostitution. Et de l’autre côté ceux qui n’acceptent pas le monde tel qu’il est, qui refusent de baisser les bras. Il n’y a rien de bien nouveau dans ce refus. Les défenseurs des droits de l’Homme savent que les droits de l’Homme se conquièrent contre la réalité des choses. Quand je parle de peur, il ne s’agit pas d’un trop plein de sensibilité ni d’une vision outragée du monde et des personnes. Il ne s’agit pas non plus d’un point de vue culturel, moraliste, sectaire, partisan, serait-il féministe. Ce qui est en question dépasse « ma » sensibilité, « ma » vision du monde, « mon » point de vue, « ma » morale. Ici il s’agit de dire quelles sont les normes que nous acceptons pour mettre en sécurité la plus précieuse des richesses, notre patrimoine humain. Il s’agit de dire les limites qui fixent ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, ce qui met en péril l’espèce humaine. En un mot, que cela plaise ou non, que cela soit difficile ou pas, que cela soit à la mode ou pas, il s’agit d’accepter de refonder sur l’éthique notre position vis-à-vis de la prostitution et de s’engager, dans ce domaine complexe qui se situe dans le champ de la sexualité, à préserver, protéger ici aussi l’intégrité humaine, patrimoine contre « la liberté » des hommes, l’intelligence et la passion de savoir là-bas, le lucre ici. Il s’agit de dire si, oui ou non, il y a péril dans la pratique de la vente des sexes humains. Ceci se fait déjà couramment dans un grand nombre de pays. Les comités d’éthique, installés pour « contrôler » la recherche scientifique, pourraient servir de modèles et rendre moins farouche l’opinion publique vis-à-vis de cette démarche. La prostitution n’est pas une alternative à la pauvreté Pour comprendre la nécessité dans laquelle nous nous trouvons, et engager la réflexion qui nous permette de saisir le problème qui nous réunit ici dans toute sa signification, il nous faut dépasser le pathos dans lequel trop souvent les récits sur ce fléau nous plongent, et surtout sortir du marasme dans lequel les tenants de la reconnaissance de la prostitution comme métier, et de la dépénalisation du trafic, nous entraînent. Ils veulent nous pousser à accepter la prostitution comme alternative à la misère, la pauvreté, ils veulent nous faire admettre que la prostitution des femmes peut rendre des services à la société, ils vont jusqu’à parler de services sexuels rendus à des handicapés. Ils nous disent qu’il faut accepter la prostitution puisqu’elle existe depuis toujours, et qu’en l’acceptant, on vient en aide aux prostituées, on leur redonne leur dignité, des droits sociaux et syndicaux. Ils nous disent encore qu’il ne faut pas confondre la prostitution des femmes et celles des enfants, celles des femmes du tiers-monde qui sont victimes de trafic, et les autres, les femmes adultes qui choisissent librement de se prostituer. Ils nous disent enfin que le trafic doit être considéré un commerce comme un autre, car il peut être pratiqué sans violence et avec le consentement de la personne « trafiquée », et à son bénéfice. Tous ces arguments sont un tissu de mensonges. Depuis une dizaine d’années, nous les voyons, les entendons dans les conférences les plus importantes, les plus officielles, nous les voyons s’agiter dans les couloirs des rencontres internationales. Ils font de la désinformation et réussissent parfois à convaincre, parce que leur auditoire, quand il n’est pas partie prenante, est un auditoire pressé, ne se sentant pas concerné, ou que se sentant concerné, cet auditoire éprouve une certaine mauvaise conscience et avoue être dépassé par l’énormité du phénomène. De guerre lasse, il se laisse convaincre et renonce. Sa conviction est tiède, ambiguë. Ce marasme dans lequel nous plonge cette pratique, dont de jour en jour nous apprenons à connaître les aspects monstrueux, cette pratique qui se banalise tellement elle est présente dans nos rues, nos parcs, nos hebdomadaires, notre petit écran, et les grands, ce marasme se transforme, comme aujourd’hui, en désarroi quand devant nous, en chair et en os, des hommes et des femmes prostitués viennent revendiquer le droit d’être ce qu’ils sont, et réclament que nous les considérions comme des « travailleurs du sexe ». Ils n’ont pas, nous l’avons vu, la ferme et froide détermination des représentants des organisations non gouvernementales qui se sont établies au niveau international – avec des moyens financiers énormes-, pour la défense de la reconnaissance de la prostitution comme métier. Ils n’ont pas non plus le discours articulé et socio-psychanalysant de ceux - et celles - qui, de la marginalité dans laquelle ils choisissent de s’installer ou dans laquelle ils sont pris, défendent, à travers eux, la liberté de toutes les formes de la vie sexuelle. Ils crient. Ils crient de l’abîme. S’ils crient devant vous, c’est parce qu’ils sont sortis de l’abîme, ce sont des survivants. Ils nous disent leur haine et leur mépris pour tout ce que nous représentons à leurs yeux. Ils sont les survivants d’un système que la société, que toutes les sociétés, jusqu’à la société des Nations, confortent, un système que la morale bourgeoise, comme nous l’avons dénoncé dès les années 80, lors de la réunion d’experts internationale organisée par l’UNESCO à Madrid, a scrupuleusement entretenu depuis des siècles, un système basé sur la condamnation à vie d’une catégorie de femmes et d’enfants. Ils et elles réclament haut et fort le droit d’être prostitués. Leur avons-nous laissé le choix ? Ces femmes et ces hommes qui revendiquent devant vous le droit de se prostituer, qui réclament que vous leur reconnaissiez la dignité ou tout au moins que vous cessiez de les condamner, qui vous demandent d’accepter les prostitués comme vous acceptez la prostitution, que font-ils d’autre que de répondre à ce que nous leur disons sur tous les tons, dans toutes les langues sur la vente des sexes ? C’est parce qu’ils savent déjà que nous acceptons la prostitution qu’ils réclament le droit de sortir du purgatoire auquel nous les avons condamnés. Ils nous haïssent sans doute d’avoir rendu possible par mille tiédeurs, mille renoncements, mille compromissions, par lâcheté, par égoïsme, par malhonnêteté parfois leur situation. Ils nous haïssent d’être ce qu’ils sont, des hommes et des femmes condamnés pour toujours à appartenir à une catégorie réduite à vivre dans les marges de nos cités. Une catégorie qui serait la frange de nos sociétés, comme les fous et les reclus. Ces femmes, venues vous dire « je suis une prostituée libre et heureuse de l’être », ont-elles réellement choisi de le dire ou répondent-elles oui à notre choix à nous, nous qui avons choisi de dire que la prostitution est le plus vieux métier du monde et que l’on ne pourra jamais l’arrêter, que la prostitution est nécessaire, qu’elle répond à un besoin des hommes, que les femmes honnêtes ne peuvent satisfaire, etc., et encore mille foutaises, qui nous feraient rire si elles n’étaient pas le liant qui tient ensemble le système infernal de la prostitution. Jusque dans la Convention de 49, nous laissons le terrain à nos hésitations, à nos ambiguïtés. La Convention a été le produit des négociations difficiles et du consensus mou qui a eu pour résultat que le texte adopté n’a été assorti d’aucun dispositif chargé d’en contrôler l’application. Sur la portée de la Convention, il faut ajouter que, si le préambule condamne la prostitution comme une atteinte aux droits de l’Homme et à la dignité humaine, les articles qui la composent, et l’interprétation qu’en ont faite de nombreuses chancelleries, ont conduit à distinguer deux formes de prostitution, l’une libre et autorisée, l’autre forcée et condamnable. Cette distinction est aujourd’hui revendiquée par le courant anti-abolitionniste et pro-réglementariste. Ce courant souhaite que la Convention de 49 soit révisée afin de faire clairement la distinction entre les deux formes de prostitution, et, pour qu’il n’y ait plus de confusion, les tenants de ce courant, à travers une offensive sémantique sans relâche, tentent de faire disparaître le mot prostitution au profit de celui de « travailleur du sexe ». Ils ont été en cela précédés par l’agence internationale du travail, le BIT, qui sans bien mesurer, sans doute, la portée de ce qu’elle faisait, a employé dès les années 1970 le terme de « travailleuses du sexe » dans le premier rapport sur les salons de massage dans un pays asiatique ! S’agissant du rapport de 1988, nous ne pouvons penser que les auteurs emploient sans le savoir ce vocabulaire, puisque ce dernier rapport s’inscrit dans une stratégie dont nous connaissons enfin les objectifs. C’est pour répondre à ce que nous affirmons tous les jours, de lieux différents, des tribunes des instances internationales, dans l’intimité de nos maisons, dans les médias, les livres, à travers notre culture, nos jugements de valeur, ce que nous transmettons à nos enfants, que la prostitution est partie inhérente de nos sociétés et que rien ne changera jamais, que ces femmes affirment si fort qu’elles sont volontairement prostituées. Comme Sisyphe, comprendre et accepter leur destin est pour elles la conquête de la liberté humaine qu’elles peuvent espérer. Nous avons bien mérité le rejet et la violence de celles et de ceux qui se sont exprimés ici, et qui ont quitté la salle sans entendre ce que nous avions à dire. Pour que nous puissions espérer raisonnablement de ces hommes et ces femmes un autre discours, il faudrait que nous sortions de nos hésitations, de nos ambiguïtés. Il faudrait pour la défense de la dignité humaine autant de détermination, de voix, et avec autant de force que celles qui s’élèvent contre la mal-bouffe, contre la mondialisation. Il faudrait faire prendre conscience du danger que nous courons, tous ensemble, dans le sacrifice consenti d’une catégorie d’êtres humains à la satisfaction des instincts les plus archaïques travestis en liberté sexuelle. La valorisation de ces instincts, pulsions, par les marchands devrait nous mobiliser autant sinon davantage que la défense d’une espèce d’arbre, d’une manière de manger ou de faire des films. Comment peut-on expliquer cette situation effarante où l’on voit se rassembler des milliers de personnes, et bravo, pour dire leur ras-le-bol de la mondialisation, pour défendre la taille et la qualité de ce qu’ils ont dans leurs assiettes, et rien contre le massacre de milliers de femmes et d’enfants ! Comment expliquer cette indifférence sans recourir à l’analyse féministe de la société et de la place donnée aux femmes. Les féministes italiennes avaient bien compris les enjeux de leur libération : “Ni mère, ni putain ”. Voilà à quoi la société patriarcale a réduit les femmes. À force d’avoir peur d’employer le mot féministe qui est perçu toujours, par les femmes elles-mêmes parfois, d’une manière péjorative, on ne comprend plus de quoi l’on parle. La mise à nu de la culture patriarcale éclaire les processus de la prostitution des femmes et des enfants. Dénoncer cette culture rend plus forte notre voix quand nous dénonçons la prostitution comme toutes les formes de violences sexuelles qui manifestent le pouvoir de l’homme sur le reste du groupe. Le féminisme a permis que soit rompu le silence sur les abus sexuels des hommes sur ceux dont ils avaient la garde. La citadelle de la famille a éclaté. Les pouvoirs sexuels du père, du mari, du frère ont maintenant des comptes à rendre. Le féminisme a fait passer ces crimes de la sphère du privé à la sphère du public. Les femmes sont prises au piège de cette culture patriarcale qui les réduit à être soit des putains, soit des mères. Cette aliénation des femmes par les structures patriarcales trouve son ultime et terrible illustration quand un père vend une de ses filles pour pouvoir élever ses autres enfants. Pleurerait-il que nous ne pourrions lui pardonner. Que faudrait-il alors dire de sociétés comme la nôtre qui vivent dans un luxe, relatif certes mais réel, dans la paix, puisque voilà maintenant 50 ans que nous sommes en paix, et qui obligent une mère, à Bruxelles, de Bruxelles, une mère qui ne vient pas de ces pays lointains, ces ailleurs « différents » de nous, étrangers à nos conceptions des droits de l’Homme, à se prostituer pour soigner son fils tuberculeux, comme on vient de nous le dire, à quelques pas de là où se bâtit l’Europe. Faut-il dans ce cas accepter la prostitution comme solution sociale au problème économique des femmes ? Ne faudrait-il pas, pour rester en accord avec notre pratique générale, exiger de l’État qu’il remplisse son rôle et, dans une situation comme celle-là, le condamner pour non-assistance à personne en danger ? Ne devrait-on pas lui demander de répondre de la destruction du corps de cette femme et des autres femmes dans cette contrainte ? Il ne s’agit pas de s’emparer de la situation d’exclusion des femmes pour dire que la femme a le droit de se prostituer. Dire cela c’est renier la longue lutte des femmes et des hommes pour faire reconnaître le droit au travail, le droit à bénéficier des richesses de leur pays, le droit des femmes d’être libres de toute exploitation sexuelle. Car nous pensons qu’en dehors de la reconnaissance et du respect du droit d’être libre de toute exploitation sexuelle, on ne peut pas dire que les femmes jouissent pleinement des droits fondamentaux. Quelle que soit la forme de sa prostitution, elle se trouve dans un rapport inéquitable et dans une situation de violence que nous condamnons et punissons par ailleurs. Cette violence, qu’elle soit le fait du mari, ne change rien au délit. Acceptons-nous cette violence parce qu’elle est monétisée ? Ce que nous voudrions dire à la Communauté internationale, si elle ne bouchait pas ses oreilles au féminisme, c’est que pour la pleine et entière réalisation du principe à l’égalité en droit des hommes et des femmes, il faut, il est nécessaire que les femmes soient libres de toute exploitation sexuelle, que ce droit, comme le droit d’être libre de toutes formes d’esclavage, est le droit qui détermine l’ensemble des droits fondamentaux. La prostitution à ce titre est un obstacle pour toutes les femmes puisqu’elle accrédite l’idée que la sexualité des femmes peut Mon propos dépasse le féminisme et les intérêts des femmes, même s’il y puise sa raison et sa passion. Ce qui est en jeu ici, c’est le principe des droits de l’Homme et la dignité humaine. Nos réponses à toutes les questions que nous avons posées ici diront si, oui ou non, nous pouvons accepter la prostitution comme un métier, et comme une possibilité, aux êtres qui s’y engagent, de résoudre leurs problèmes économiques, ou si nous pensons qu’adopter cette voie met en danger le patrimoine humain et condamne des hommes et des femmes à appartenir à une catégorie de seconde zone, et à terme condamne la société qui l’accepte. Télécharger cet article en format PDF. – Télécharger les Actes du colloque "Peuple de l’abîme. La prostitution aujourd’hui", le 16 mai 2000, dont ce texte est extrait sur le site de la Fondation Scelles. Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 novembre 2010 |