Montréal, le lundi 23 avril 2018 – La CLES tient à faire connaître ses vives inquiétudes après l’adoption d’une résolution du Parti libéral du Canada visant à décriminaliser la prostitution.
Adoptée sans aucune discussion et classée dans les 15 priorités des membres, cette résolution a de quoi inquiéter les survivantes de la prostitution et les femmes qui tentent d’en sortir.
Depuis 2014, le Canada reconnaît, via la Loi sur la protection des collectivités et des victimes d’exploitation, que la prostitution n’est pas un crime sans victime, qu’elle est un frein à l’atteinte à l’égalité entre les femmes et les hommes, qu’elle est fondamentalement violente et que les femmes doivent être soutenues dans leurs démarches de sortie.
Depuis cette loi, les femmes qui vendent des actes sexuels ne sont plus criminalisées ; ce sont l’achat et la vente des services sexuels d’autrui qui le sont, dans un but de réduire la force de l’industrie du sexe et des proxénètes.
Appelé « modèle nordique », ce modèle est implanté en Suède depuis 1999 et dans plusieurs autres pays, dont la France.
Après de longues années à travailler au quotidien à soutenir les femmes souffrant d’être ou d’avoir été prostituées, la CLES s’était réjouie du changement de paradigme apporté par la nouvelle loi.
Nous sommes outrées devant la possibilité que le gouvernement de Justin Trudeau, avant même une esquisse de bilan en vue des cinq ans de cette loi, fasse marche arrière, démantèle le modèle nordique en voie d’implantation et cède aux pressions du lobby de l’industrie du sexe pour pouvoir faire le commerce des femmes en toute impunité.
Sans consulter les survivantes de la prostitution ni les organismes qui documentent les effets de la banalisation voire de la légalisation de la prostitution, bref, sans données probantes, le Parti libéral du Canada s’engage sur la voie de la légalisation.
Ainsi, il tend la main à une petite partie des personnes impliquées dans la prostitution mais fait la sourde oreille à une vaste majorité de survivantes, qui revendiquent un monde sans exploitation sexuelle.
Nous implorons le Premier Ministre Trudeau de couper l’herbe sous le pied de l’industrie du sexe en quête de légitimité et de plutôt signer le décret du projet de loi C452 sur la traite des personnes, pourtant adopté depuis 2013, et appuyé par une motion unanime de l’Assemblée nationale du Québec.