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mardi 17 juin 2014

Pénalisation du client de la prostitution ? Les belles histoires de Tonton Robert

par Isabelle Alonso






Écrits d'Élaine Audet



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    « Le principe de liberté ne peut exiger qu’il soit libre de ne pas être libre. Ce n’est pas être libre que d’avoir la permission d’aliéner sa liberté ». John Stuart Mill

    « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». Jean de la Fontaine

Avertissement : le texte qui suit est délibérément empreint de la plus totale irrévérence pour Maître Robert Badinter. Pourquoi ? Parce de cet homme considéré comme brillant, érudit et prestigieux on est en droit d’attendre non pas qu’il soit d’accord avec des thèses qui ne sont pas les siennes, mais à tout le moins qu’il montre une attitude respectueuse vis-à-vis des gens qui ne pensent pas comme lui. Or, dans cette audition devant le Sénat, il fait preuve d’une condescendance et d’une ironie plus dignes d’une scène de music hall que d’une prise de parole devant une Chambre très Basse, ce jour-là. Donner dans la caricature, quand c’est Dodo-la-Saumure qui s’y colle, ça reste cohérent. Quand c’est un homme qui, par son combat pour l’abolition de la peine de mort (dont médiatiquement on lui attribue tout le mérite alors qu’elle fut l’objet d’une très longue mobilisation collective) passe pour une référence morale, ça donne envie de lui retourner l’impolitesse.

Le pourfendeur de guillotine se serait-il lancé dans le one man show, à l’instar d’un jouvenceau à la recherche de lui-même ou d’un financier en rupture de ban ? On peut se poser la question quand on visionne les mimiques, sourires complices, œillades en biais, petits rires dont il ponctue ce passage en revue de tous les arguments qui justifient le bon plaisir du client. La performance a eu lieu le 14 mai 2014 et en attendant la sortie du DVD (je rigole…) vous pouvez le retrouver sur Sénat.fr. Des repères temporels sont également notés tout au long du texte qui suit.

Théâtre : Sénat.
Festival : « Commission spéciale sur la lutte contre le système prostitutionnel »
Durée : 66 minutes.
Titre : « Audition de Maître Robert Badinter ».
Auteur : Robert Badinter.
Mise en scène : quelques millénaires de patriarcat.
Langue : de bois.

Pitch : La prostitution, c’est mal. Très mal. Mais seulement quand c’est contraint par d’horribles mafias. Autrement c’est juste un déplorable et séculaire mal social. Quant à la pénalisation du client, c’est une fantaisie, un concept aberrant qui prêterait à sourire s’il ne plongeait le juriste patenté dans une consternation navrée.

Bilan carbone : garanti sans idéologie.
Ambiance sonore : silence, recueillement. Le Maître parle.

Présentation : Jean Pierre Godefroy, Sénateur.

00:12 Nous avons le plaisir et l’honneur de recevoir Monsieur Badinter, ancien Président du Conseil Constitutionnel, ancien Garde des Sceaux, et ancien collègue au Sénat, je dois dire que pendant tout le temps où j’ai siégé, quand je suis arrivé en 2001, j’ai toujours beaucoup apprécié les interventions de Monsieur Badinter, …, et du fait de la compétence qui est la vôtre, nous souhaitions avoir votre analyse de cette Proposition de Loi, et non pas un Projet de Loi, qui nous vient de l’Assemblée Nationale. Merci beaucoup de votre présence. Vaseline et onctuosité.

02:00 En vrai professionnel, l’Artiste commence par détendre le public sur un ton léger, presque badin :

03:37 « …nul ne saurait m’accuser de n’être pas féministe, parce que si je n’étais pas féministe, je n’aurais pas le privilège de célébrer bientôt notre cinquantième anniversaire de mariage, elle ne l’aurait pas supporté… » Imparable ! Je suis féministe, puisque je suis marié avec une féministe ! On pense au maître, Fernand Reynaud : « Je suis pas un imbécile, puisque je suis douanier ! ». Robert Badinter est féministe par capillarité conjugale. CQFD.

Après cette entrée en matière, changement de ton, ça ne baguenaude plus. Il plante les piquets qui vont clôturer son discours : Cour, Convention, Europe, Sauvegarde, Droits de l’Homme. On se raidit de déférence. Le Glorieux se pose en juriste. À juste titre, vu que juriste, il l’est indéniablement. Ancien Garde des Sceaux, ex-Président du Conseil Constitutionnel, ancien Sénateur, il a des biscuits plein sa musette. Se placer d’un point de vue juridique, pourquoi pas ? Pour autant, la Loi des Hommes n’est pas la loi de la gravitation universelle, ce n’est pas une loi physique à laquelle tout serait soumis sur notre planète. Le Droit est une création humaine qui repose sur des principes. C’est une écriture, pas un bloc de béton armé. Ceux qui conçoivent la loi, la rédigent et la font voter se situent dans un contexte social et culturel précis.

L’Illustre choisit d’ignorer l’encre patriarcale dans laquelle a trempé la plume du législateur. Libre à lui. Mais c’est un parti pris à partir duquel il ne peut plus prétendre à une quelconque neutralité. Quand, à la minute 03:08, il emploie l’étrange formule « le rapport entre la prostitution et femmes-et-hommes », il substitue délibérément une terminologie on ne peut plus vague, « femmes-et-hommes », à un mot qui permettrait d’identifier ce dont il parle, à savoir le rapport de forces politiques entre femmes et hommes et ses conséquences sur la prostitution. Ce mot existe, et il n’est pas nouveau : patriarcat. Ce choix est en soi une prise de position. Éluder la domination masculine, quand on aborde la question de la prostitution, revient à parler de construction navale sans tenir compte de l’élément liquide. Armé sur la terre ferme, aucun navire ne risque le naufrage. Mais on ne peut pas dire qu’il flotte. Même d’un point de vue juridique.

05:04 « …le débat très vif des années 80, même 70 déjà aux USA, je me souviens d’avoir eu là les premiers échos à partir de la théorie des genres, des visions des féministes radicales américaines, à Los Angeles, j’ai entendu déjà des assertions qui ont conduit aux propositions de Loi que nous avons aujourd’hui… » Plaît-il ? Échos ? Théorie des genres ? Visions ? Assertions ? Quel est ce galimatias ? Il parle de quoi, précisément ? Historiquement ? Peu lui chaut. Son propos est ailleurs. Cette allusion aux « féministes radicales américaines » envoie un signal au public. Dans le discours ambiant, la « féministe » porte une dose de suspicion. Si de plus elle est « radicale », c’est une sorte de féministe au carré, la suspicion se démultiplie. Quand de surcroît elle est « américaine », la suspicion devient accablement. Ces femmes là racontent n’importe quoi. Quoi précisément ? Peu importe. Pas la peine de relever. À ses yeux, ça ne vaut rien. La « féministe radicale américaine » est une harpie, une empêcheuse de prendre l’ascenseur, une extrémiste qui déclenche par sa simple évocation l’impuissante consternation qu’on réserve aux illuminés. Parole disqualifiée d’office. Les jalons sont posés.

05:42 « …on ne peut pas parler de la prostitution comme le faisait l’illustrissime sénateur à vie Victor Hugo, dont chacun sait qu’à la fois il écrivait les malheurs de Fantine et n’était pas tout à fait insensible aux charmes de ces dames… » Première apparition, il y en aura d’autres, du partenaire indispensable au "kit" argumentaire du client : la référence historique. On appelle sur scène le grand ancêtre, la figure positive, le héros vénéré… le collègue sénateur ! Victor Hugo, son art d’être grand-père et son goût de la chair fraîche. Si lui allait aux putes, a fortiori Monsieur Tout-le-Monde !

Puis le Brillant joue les GPS : où en sommes-nous, par les temps qui courent ? Il commence par une révélation qui laisse sur le cul : le monde a changé et mystérieusement la prostitution aussi ! Déroutante modernité. Attention, qu’on ne lui fasse pas dire ce qu’il n’a pas dit, il nous précise que c’est moche, la prostitution, pas bien du tout, c’est mal, « …un mal social, permanent, constant… » n’allez pas imaginer qu’il trouve ça bien, mais bon, en même temps, c’est hyper super différent de ce que c’était avant, parce que d’abord y a des garçons, ha, voilà qui déroute, et puis y a des occasionnelles, les intermittentes, les clignotantes, les un-coup-tu-la-vois un-coup-tu-la-vois pas, et en plus vous savez quoi ? Elles ont le téléphone ! Portable ! Et même Internet ! Alors qu’avant, au temps du Palais Royal et des Napoléon d’Or (ancêtre de l’euro), pas du tout.

(09:30) Voilà qui n’a pas échappé au Rigoureux : avant, c’était autrement. Ok. Sur la forme, ça n’avait échappé à personne. Mais sur le fond ? Un élément reste d’une remarquable constance : un pénis, moyennant quelque monnaie cédée par le porteur, obtient l’opportunité de s’introduire dans un orifice (vagin, bouche anus). Du Napoléon Or à Internet, rien que de très familier. Classique. Le décor change, l’esprit reste, la bite demeure. Le droit de pénétrer, le pouvoir de payer.

10:35 Après la « féministe radicale américaine », il embraye sur un deuxième warning : le mot « système », pioché dans « système prostitutionnel ». On pourrait penser que c’est le mot « prostitutionnel » qui charrie de l’ambiguïté en ce qu’il ne précise pas si l’on parle de la personne qui est prostituée, de celle qui paye ou de celle qui encaisse, mais non. Non. Ce qui gêne le Resplendissant, c’est bien le mot « système ». Pourtant, le « système », qu’il soit métrique ou monétaire, cardio-vasculaire ou digestif, n’est que l’ensemble des données permettant la description d’un fonctionnement. En liant le mot « système » à LePen et à Vichy, rien que ça, il le colorie en brun. Histoire de baliser le chemin de notre pensée, miner le terrain et ainsi délégitimer l’analyse adverse.

(11:14) : « …quand on aborde le terrain sérieux du Droit, il faut éviter de parler de "système" contre lequel on va lutter… ». Un peu gros. Surtout si on note qu’à la minute (04:26) il vient de prononcer la phrase suivante (c’est moi qui mets en majuscule) : « J’ai eu toute ma vie … la passion des lois bien faites et des lois qui expriment très exactement à la fois les motifs pour lesquels ces lois sont adoptées et qui s’inscrivent dans un ensemble, un SYSTÈME de principes qui sont définis … » Un quoi ? Tout dans la rigueur, à ce qu’on peut voir.

Il est temps de passer à la substantifique moelle de la critique de cette loi de pénalisation des clients de la prostitution, qui à ses yeux cumulerait les trois tares suivantes :

 elle est inefficace
 elle est injuste
 elle n’est pas conforme aux principes fondamentaux du Droit.

Mais n’anticipons pas ! Avant de tordre le cou à ces « followeuses » de féministes radicales américaines inspiratrices des lois qui consternent l’Éblouissant, il tient à prendre une précaution supplémentaire :

14:14 « …pour ne pas donner le sentiment le moins du monde d’une sorte de partialité… » Partialité ? Lui ? Il a levé le doute depuis le début, posé les jalons de sa subjectivité dès la deuxième minute, mais il ne s’en est pas rendu compte ! Douanier un jour, douanier toujours ! Comme preuve de son impartialité, il choisit de se retrancher derrière un rapport fait au Sénat belge. Faudra pas venir lui chercher des poux dans la tête si ce qui suit est aberrant au dernier degré. C’est pas lui qui le dit, c’est des Belges. Et c’est pas n’importe où, c’est au Sénat. Mais c’est n’importe quoi ! Jugez plutôt :

Les « promotrices de la Loi suédoise » affirment les trois fantaisies suivantes :

 La prostitution est une forme de violence masculine.

Masculine ? C’est-à-dire à l’encontre des femmes ? Alors qu’il y a des homosexuels ? Il pouffe, l’Illustre ! Mais où peut-on aller chercher une idée pareille, il se le demande ! On sent l’influence pernicieuse des féministes radicales américaines ! La présence d’homosexuels prémunirait contre la violence masculine comme la coccinelle éloigne le puceron. Et ça, les gens sérieux le savent.

 Il est physiquement et psychologiquement dommageable de « vendre » du sexe.

14:55 « je mets "vendre" entre guillemets parce que c’est de la communication, ça, c’est pas du Droit ». Attention, haute voltige ! Billard à trois bandes. Il choisit, c’est lui qui s’exprime, le mot "vendre". On vend ? On vend pas ? Si on vend, on vend quoi ? Si on ne vend pas, on fait quoi ? Il se garde de répondre. Il met des guillemets. Ce faisant, il conteste une logique marchande que par ailleurs il justifie tout au long de son audition. En clair : touchez pas à ce mot, non seulement il n’est pas approprié, mais il est à moi. Tordu ? Pas du tout ! C’est du Droit ! Lui, il fait du Droit. Les autres, « de la communication » ! De la pub, de la propagande, de la manipulation ! Pas du Droit ! Et si c’est pas du droit, c’est pas sérieux, il se tue à vous le dire !

 Aucune femme ne se prostitue volontairement.

16:14 « …je ne suis pas sûr, quand on regarde la Toile, qu’on puisse accepter cette proposition… » Bluffant ! C’est bien simple, il a un détecteur de contrainte, le Beautiful. On la lui fait pas, à lui. Si la fille sourit, c’est qu’elle n’est pas contrainte, ça tombe sous le sens ! Suffit de regarder l’écran ! On lui voit les dents, les coins de sa bouche remontent, c’est clair, elle sourit ! Et elle serait contrainte ? Allons donc ! Restons sérieux !

Maintenant que nous voilà convenablement oints du sérieux qui convient, allons plus loin. Le Sublime ne nous demande pas de lui faire confiance, il fait mieux que ça ! Il extirpe de sa besace du rab de papier. Des enquêtes. Des études. Et pour clouer le bec à toute éventuelle contestation de la validité de ces documents à charge, il assène :

17:28 « … je rapporte toute une série, que je vous laisserai, d’études et de commentaires généralement universitaires, par des auteurs généralement femmes, peu suspectes à cet égard de rallier des thèses machistes ». Et toc ! Une femme ne saurait rallier des thèses machistes. Surtout une femme universitaire. Ou une sociologue. Ou une philosophe. Pourquoi ? Parce que. Toujours l’esprit douanier ! Le féminisme, c’est non seulement un caractère conjugal, mais aussi un caractère génétique commun à toutes les femmes, de Margaret Thatcher à Marie Bonaparte en passant par Marine LePen. Si quelqu’un trouve plus sérieux, on se passe les ovaires au micro-ondes et on se les mange sauce gribiche à la terrasse du Pigalle !

Et que disent-elles, ces féministes chromosomiques ?

18:13 Il cite : « notre position, en ce qui concerne la politique en matière de prostitution, est qu’elle doit être fondée sur la connaissance et l’expérience plutôt que sur la morale ou l’idéologie radicale féministe. Nous croyons également que lorsque les politiques sont élaborées, les acteurs au cœur de cette politique, c’est-à-dire ici les prostituées elles mêmes ou eux-mêmes doivent être consultées et respectées ». Les voilà, les féministes radicales à l’américaine ! On n’aura pas attendu longtemps ! Au nom de la morale ou de l’idéologie, elles omettraient de consulter et de respecter les prostituées elles-mêmes ! Elles se croient tout permis ou quoi ? D’où parlent-elles, analysent-elles, proposent-elles ? Quelle est leur légitimité à l’ouvrir sur le sujet ?

Heureusement, il veille. Peu soucieux de reconnaître que les abolitionnistes ont toujours mis le sort des personnes prostituées au cœur de leur pensée, notre Avocat (donc neutre et habilité, lui, à parler de ce qu’il veut) en appelle ici à des universitaires (neutres aussi, on aura compris la logique) pour affirmer que seules les personnes prostituées peuvent émettre un avis sur la prostitution. Heu… Voilà qui coupe le sifflet à bien du monde. À la niche, Karl Marx, coucouche-panier Lévi-Strauss, au dodo Voltaire, aux oubliettes Victor Schœlcher ! De quoi je me mêle ! Ni ouvrier, ni Peau Rouge, ni blasphème, ni esclave ? Alors ta gueule ! Et Pasteur qui invente un vaccin alors qu’il est même pas malade ! Bande d’imposteurs ! Y en a même, il paraît, c’est ce qui se dit, qui parlent de peine de mort alors qu’ils n’ont jamais tué personne ! On se gondole !

La démonstration se poursuit avec forces citations, développements et considérations alambiquées, armada de patronymes nordiques, survol de contrées septentrionales, pour affirmer que la prostitution est un mal, certes, mais il y a pire, bien pire ! Essayez seulement de l’interdire et vous verrez, avec horreur, se profiler à l’horizon, surgir, se matérialiser devant vos yeux éberlués….. ce qui existe déjà ! Les mafias, la traite ! Voilà ce qui nous attend ? Elles sont là depuis longtemps.

21:48 Le Scintillant évoque des « bordels flottants » dans des eaux aussi glacées qu’internationales, accueillant une « forte clientèle » ! Si celle-ci attrape un rhume à bord, ça sera la faute de ces nigaudes d’abolitionnistes ! Voilà ! On tremble. On est dans le vrai méchant, pas dans le débonnaire…

25:14 « le mal profond … c’est la traite, le trafic organisé honteux, ignoble et extraordinairement lucratif des êtres humains auquel se livrent les mafias. C’est véritablement un fléau … pas de mot assez sévère… c’est un fléau qui aujourd’hui hélas … est en augmentation dans l’ensemble Européen ». Forcément, personne ne va prétendre le contraire. Plus abject qu’une mafia albanaise, ça court pas le macadam. Et du coup, ça relativise le micheton. Il trace son chemin, il trace…

On lui parle pénalisation du client, il balaye, il écarte, il élimine ! Y a plus important ! Quoi ? Lui, sa vie, son oeuvre ! Oui, car Lui, il oeuvre ! Les autres grenouillent, barbotent, s’égarent. Lui, il s’intéresse à des trucs fondamentaux, à un Parquet Européen !

28:58 « … et croyez-moi ça a une autre importance que la pénalisation des clients … » Il insiste sur sa propre importance (« j’avais le privilège d’œuvrer », « je présidais » , « j’avais renforcé »). Il s’auréole d’autosatisfaction. Puis il nous confiture de son dédain : il y a la vraie cible, celle que Sa Splendeur a déterminée, puis il y a...

30:36 « la cible idéologique pour satisfaire des postulats de principe sur la violence quotidienne faite aux femmes ». Et celle-là ne vaut pas tripette. Postulats de « principe ». C’est-à-dire déconnectés du réel. Billevesée, faridondaine, carton pâte. Pour distiller crescendo, mot après mot, un tel mépris, il faut un déficit d’empathie pathologique. Ne rien ressentir. Et en faire un argument. Fouler aux pieds la souffrance d’autrui pour servir sa thèse. On nage dans l’impartialité.

En quoi la pénalisation du client, sujet du jour, et un Parquet Européen seraient-ils incompatibles ? On se le demande.

Il poursuit. Brutale accélération de l’argumentation. On se la repasse au ralenti, attention, ça va très vite !

31:00 « …la pénalisation du client, elle est nulle en ce qui concerne la répression contre les réseaux pour une raison d’évidence constante, c’est que le client ne connaît pas les réseaux mafieux qui ont apporté la fille, il ne connaît que la fille… » Nulle ! Il cause jeune quand il veut, le Grand Sachem. Et pourquoi, nulle ? Ça tombe sous le sens ! Parce que le client, il connaît pas la mafia, il connaît que la fille ! Il veut une meuf à niquer, pas une visite des coulisses ! Du coup, il sert à rien. Comme s’il n’était pas là. Il ne fait que passer, un petit coup de bite et au revoir la compagnie, c’est pas lui qui va guider notre Inspecteur Gadget au cœur du réseau ! Le client, c’est peanuts ! Nada ! Nibe de nibe ! Il ne sert à rien. C’est bien simple, on se demande ce qu’il fout là. Il insiste : « … c’est nul ! et plus que nul !… » Nul et plus que nul ? Qu’est-ce qui, précisément, est plus nul que nul ? S’en prendre au client ! Client absous d’office. Même le client du réseau mafieux ? Même le client du réseau mafieux. Ces réseaux « qui ont apporté la fille », comme il dit. Apporté ? En français, on apporte un objet. On amène une personne. Il ne saurait être plus clair. L’empathie qui manquait au paragraphe précédent se trouve, ici, pour le client. En toute neutralité idéologique.

Le client est le chevalier blanc du business. Si on l’importune, ça catapulte les prostituées dans les buissons direct, sur les aires d’autoroute, « … parkings déserts … fourrés… bosquets… et puis les hôtels …studios… » Et ça sera de la faute de l’insupportable pression idéologique de féministes radicales même pas américaines. Dans le même esprit, songer à supprimer le verrouillage des banques, qui provoque l’attaque à main armée. Si les coffres-forts restaient ouverts, les braquages seraient inoffensifs. Le gangster, il s’en fout de voler, il veut juste l’argent.

34:00 Une étape hygiène ne saurait manquer. Le Vénéré connaît son parcours. Au sujet de la prostitution, il est de tradition, avant même de se poser la question du quoi, du pourquoi et du comment, de considérer la chose du point de vue sanitaire, « les conditions d’hygiène … il faut d’abord penser à la sécurité sanitaire des prostituées ». Au XIXème siècle, période de totale tolérance des maisons du même nom, les autorités organisent la surveillance des prostituées et le rythme des visites médicales auxquelles elles sont soumises. La prostituée transmet des maladies, il convient donc de la ficher, l’encarter, l’ausculter car elle est le vecteur, elle est le collecteur de ce qu’on appelle les maladies vénériennes, c’est-à-dire maladies de Vénus, on ne saurait être plus clair. Les images comparant la prostituée à une sorte d’égout humain sont légion dans les textes d’époque. Et c’est de la maladie à sens unique, de la prostituée au client. Le risque pris par le client a toujours obsédé les autorités, clientes elles aussi. En revanche, la question de savoir qui a filé la chtouille (blennorragie ou gonorrhée) à la prostituée ne fait pas partie du tableau. Personne n’a jamais contrôlé les clients. Le Chatoyant reste muet sur le sujet. Quant aux ravages psychiques, psychologiques, physiques sur la prostituée, du simple fait de multiplier des rapports sexuels sans désir, voilà qui reste dans l’angle mort des hygiénistes. Les Gentils Organisateurs de la prostitution ont la salubrité sélective.

36:50 Les arguments défilent, sans surprise. Nous voilà face à l’impuissance de la force publique : « je laisse de côté les expériences historiques bien connues sur la suppression de la prostitution ». Expériences bien connues ? Aucun gouvernement au monde ne s’est jamais attaqué sérieusement à l’abolition de la prostitution. On s’est attaqué aux prostituées elles-mêmes, ce qui n’est pas exactement la même chose, chacun en conviendra, mais cette nuance, pour des raisons mystérieuses, échappe à notre Indomptable, qui persiste dans l’à peu près.

38:50 Après la prophylaxie, la psychanalyse ! À l’ombre des grands ancêtres, Flaubert, Maupassant, Baudelaire, fauchés par la vérole, avec Freud en invité vedette, entrée en scène des célébrissimes pulsions irrépressibles et de la diabolique alliance Éros-Thanatos. La sexualité masculine serait un concentré de sauvagerie

...inéluctable, « …la peur de la maladie et la mort n’a jamais pu dissuader les clients… »,

... incontrôlable, « … c’est oublier ce qu’est la pulsion sexuelle et surtout la pulsion sexuelle chez les jeunes gens ça n’a jamais empêché, ça a dissuadé certains mais ça n’a jamais empêché beaucoup d’aller au bordel y compris les pires… » ,

inéducable « …on sait que dans les "backrooms" on a recommencé sans préservatifs... », auxquels il serait vain de fixer des limites.

Ce gloubiboulga conceptuel pose comme axiome que les pulsions des uns doivent pouvoir s’exercer aux dépens des autres parce que c’est comme ça, que ça a toujours été comme ça, on n’y peut rien, c’est une constatation objective indépendante de toute vue idéologique. L’idéologie, c’est les autres. Quiconque percevrait du machisme dans ce raisonnement serait victime d’une regrettable distorsion idéologique. Le Flamboyant passe au peigne fin le cheminement mental du client, mais ne saurait s’attarder sur les cailloux qui ont balisé le parcours de la prostituée. Par crainte, sans doute, qu’une sournoise imprégnation idéologique ne lui brouille l’écoute.

Il reconnaît sa perplexité : « …vous êtes là dans un domaine qui est le plus complexe qui soit… » Si vraiment il souhaite s’éclaircir les idées, et il en a grandement besoin, je ne saurais trop lui conseiller (à lui et à tout le monde) la lecture d’un texte à la réjouissante radicalité : « Abolir la prostitution ? Non : Abolir le proxénétisme », de Marie-Victoire Louis. De quoi éclairer les lanternes les plus obscurcies.

43:10 Puis Robin des Lois nous met en garde. La pénalisation du client fonctionnerait au détriment des plus pauvres : « …les "escort girls" de luxe pour les uns et pour les autres la misère prostitutionnelle plus la poursuite pénale… ». Certes, mais c’est là une étrange manière de poser la question. Que les riches échappent à sa rigueur invaliderait le principe de la Loi. D’ailleurs, puisque les riches peuvent échapper à l’impôt et ne s’en privent pas, supprimons les impôts.

Allons plus loin. Il entonne maintenant l’antienne patriarcale consistant à juxtaposer des objets et des femmes. Cigarettes, whisky et p’tites pépées : « … si vous interdisez la prostitution elle devient clandestine, si vous interdisez l’alcool, on sait ce qu’a donné la prohibition aux États-Unis, vous interdisez la drogue le trafic ne se fait pas dans les pharmacies … ça continuera de façon clandestine... ». La comparaison, fréquente, de la prostitution avec le trafic de drogue, d’alcool et autres substances prohibées fait l’impasse sur un détail. Une broutille. Le cannabis, l’alcool, la cocaïne peuvent être consommées, sniffées, fumées. Elles ne peuvent être maltraitées. On ne peut exercer sur elles ni chantage ni violence. Dans le cas qui nous occupe, la "substance" concernée est un être humain, pas une matière inerte. Ça ne fait pas de différence, apparemment. Considérer le corps vivant d’un être humain comme un produit de consommation en dit long sur la qualité du regard posé sur les personnes prostituées. Quel est le statut de cette personne dans un tel raisonnement ?

Puis, dans cet inépuisable catalogue des Trois Cuisses (oui, je sais, elle est indigente celle-là, mais je commence à fatiguer, il me saoule, le Taulier), il aborde la question des moyens. Des forces qu’on choisit de mobiliser :

46:10 « …vous pensez que nos concitoyens apprécieront le fait qu’on va recruter des policiers non pas chargés de protéger leur sécurité, leur personne, leur bien… mais aller poursuivre les clients qui vont là accepter les sollicitations des filles ou des garçons ? Allons ! »

« La mayonnaise c’est pas bon parce que j’ai pas d’œufs pour la faire ». Un "top chef" qui raisonnerait comme ça se ferait virer. Jamais la lutte contre le proxénétisme n’a été dotée de moyens à la mesure de ce à quoi elle s’attaque. Considérer que le manque de volonté politique mis à appliquer une loi en invalide le principe, ça a un côté indéniablement novateur, quasi rock’n’roll ! Plus juridique, tu meurs.

47:50 Puis on passe à la vitesse supérieure, à l’abri de la Jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme : « je le dis avec beaucoup de fermeté, la loi méconnaît la Jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme… et méconnaît les principes de la CEDH qui… sont la structure morale et juridique de notre système judiciaire… je vous demande de vous référer aux décisions de principe de la CEDH, … la CEDH, ça n’est pas seulement à l’usage des pays de la communauté européenne, ça vaut pour les 47 États du Conseil de l’Europe, …y compris ceux qui se trouvent à l’Est de l’Europe… » Ça fait un peu beaucoup, je vous le mets quand même ? Après une incursion dans la forêt de la jurisprudence européenne, puis un crochet par les riantes contrées des tortures sadiques extrêmes, « …le Marquis de Sade très dépassé … mutilations effrayantes… », histoire de rappeler une fois encore qu’il y a toujours pire que la prostitution bon enfant, à la papa, yop-la-boum, l’Étincelant nous prend par la main. Nous entraîne vers des sentiers parfumés où fleurissent des notions harmonieuses : « les adultes consentants sont maîtres de leur corps, leur sexualité est celle qu’ils veulent pratiquer du moment qu’il n’y a pas contrainte, libre à eux de le faire, c’est un des éléments profonds de la liberté individuelle et … du droit au respect de l’intimité d’une vie privée qui, par ailleurs, est si menacée en ce moment… ». Liberté, respect, intimité pour les adultes consentants. Idyllique ! Du moment qu’il n’y a pas contrainte ! Dans ce contexte, que disent vraiment ces mots ? Qui les utilise et dans quelles circonstances ? Qu’est-ce que le consentement ? Cette question, pourtant essentielle, n’est pas traitée. Et qu’est-ce que la contrainte ? Rappelons que nous parlons ici de prostitution, pas d’une garden party chez les Bisounours.

52:14 Climax de la démonstration. D’un point de vue juridique, bien entendu : « … la Cour dans son considérant 25 a considéré que la prostitution … est incompatible avec la dignité de la personne humaine, ce que moi je crois, mais elle n’est incompatible en termes juridiques que lorsqu’elle est contrainte… » Et l’Immense ne connaît qu’un type de contrainte. Il pose ses arguments sur les plateaux imaginaires d’une balance-à-peser-la-contrainte-d’un-strict-point-de-vue-juridique. D’un côté les « mafias, proxénètes, réseaux », trois mots qui désignent la même atrocité mais qui, accolés, terrifient davantage. Ça, c’est de la contrainte ! Et de l’autre ? « C’est pas le désir d’une robe qui peut être considéré comme une contrainte c’est exactement la pression exercée et irrésistible par le tiers… ça c’est la contrainte et c’est la notion de traitement inhumain et dégradant ». Le « désir d’une robe », facteur déclenchant bien connu, ne saurait constituer un traitement inhumain et dégradant ! Désir, robe ? Soie, taffetas, lipstick, houppette, bal, tourbillon, valse, ivresse ! On change d’univers ! Nous voilà dans le shopping, le caprice, la mode ! L’éternel féminin ! Les p’tites femmes de Paris, leur délicieuse frivolité et leur gambette légère ! D’un point de vue juridique, je vous le rappelle. Remarquable synthèse. Pour réduire les déterminismes de misère et de violence qui aboutissent au trottoir à un « désir de robe », il faut être un Jivaro de l’empathie doublé d’une ceinture noire de cynisme.

52:29 Soit on considère que la prostitution fait partie des grands systèmes de domination historiques tels que le servage, l’esclavage, le féodalisme ou l’apartheid, et elle doit être abolie.

Soit on considère, comme notre Superbe, que c’est « … un mal social, permanent, constant… », acceptable si on en éloigne les mafias.

Soit on sort de la logique, et on supprime en bloc. Soit on y reste, on aménage et on s’accommode.

Comme dans le cas de cet homme qui frappe sa femme parce que la soupe n’est pas assez salée. Soit on considère qu’il ne doit jamais, par principe, frapper sa femme, point final. Soit on mesure le taux de sel de la soupe. Deux logiques.

L’Impeccable a choisi son camp : « …on peut regarder les propositions de Net, on peut regarder l’expérience multiséculaire, hélas, femme ou homme, ça existe, il y a d’autres raisons que la contrainte pour lesquelles on se livre à la prostitution ». En plus de l’envie d’une robe ? Lesquelles ? Les annonces du Net et l’Histoire ! Ça ne veut rien dire ou c’est moi qui sature ?

Puis, jamais avare de son ironie, il se gausse autant qu’il s’étrangle face au postulat suédois : « … Elle se prostitue donc elle est contrainte donc elle ne se prostituerait pas si elle n’était pas contrainte, CQFD c’est fini ! … Non ! Ça c’est pas possible ! On peut pas jouer avec des questions aussi fondamentales que la preuve à charge de l’accusation, et dire le fait lui-même suffit à établir l’innocence, pas possible y a plus de culpabilité ! Pas possible !... » Pas possible. Faut mesurer le sel.

57:00 « … Il faut que à propos de cette personne là et à ce moment-là, … on puisse prouver qu’il s’exerce sur elle une contrainte… ». Au cas par cas… Comme si, pour abolir la peine de mort on avait non pas érigé un principe (on ne tuera plus au nom du peuple français) mais procédé à une évaluation de l’adéquation de la décapitation, condamné par condamné.

Reprenons : « … dire le fait lui-même suffit à établir l’innocence, pas possible !… » Il parle de l’innocence de la prostituée, là. Si on comprend bien, il envisage qu’elle soit coupable. Mais de quoi ? Il ne s’attarde pas, tu m’étonnes. Mais nous, attardons-nous. Il pose la question de « l’innocence », pour poser la question de la contrainte. À elle de prouver ! « …c’est toujours à l’accusation de prouver la culpabilité… ». C’est comme demander à un naufragé de Lampedusa (qui a pourtant volontairement payé sa place sur le rafiot) ou à une couturière en sweatshop (qui accepte d’être payée dix euros par mois) de faire la preuve de leur innocence.

Puis il assène : « on ne peut pas jouer avec des questions fondamentales ». Lui, il joue pas ! Il dribble, il jongle, il feinte ! C’est le Ronaldo du maquereau !

Nul ne saurait récuser les droits de la défense, ni la présomption d’innocence. C’est une évidence. Mais la preuve… Ah, la preuve ! Elle mérite qu’on s’y arrête. Pratique, la preuve ! Terrain miné pour les innocents, propice aux criminels :

 Al Capone fut finalement coffré pour fraude fiscale car il était juridiquement impossible de prouver les vols, chantages, tortures, assassinats et autres éléments de son flamboyant succès, éléments connus de tous. Ce n’est pas parce que le dispositif législatif ne permet pas de prouver un crime que ce crime n’existe pas.

 Dans le Droit actuel tel que le patriarcat l’a façonné, la violence masculine passe à travers les gouttes. Combien de viols restent protégés dans les méandres de procédures qui mettent l’agressé-e en position d’accusé-e ? La majorité. Au nom de la présomption d’innocence, on met au même niveau la parole du violeur et celle de la victime. On reste dans la logique des agresseurs. Il est des viols accompagnés de coups dans lesquels on a considéré que le sperme présent dans le vagin ne constituait pas une preuve : la victime pouvait avoir été frappée par un homme, puis avoir baisé volontairement avec un autre. Il y a quelque chose de pourri au royaume de la Loi.

 Tant qu’on se situe à l’intérieur d’un corpus de lois rédigé dans un contexte et une idéologie précis, on reste englué dans sa logique, aussi pernicieuse soit-elle. Et donc on la confirme. Il aurait été impossible d’abolir l’esclavage si on était resté dans la logique du planteur. Impossible de supprimer l’apartheid en restant fidèle au principe de développement séparé.

58:35 L’Apocalyptique nous met en garde : la pénalisation du client, ça serait cataclysmique. La porte ouverte à la barbarie. Chantage, brutalités, suicides. « … avec des textes comme ça et des mafias, le chantage ça va donner !… » Il évoque un exemple historique, de clients piégés au temps du délit de l’homosexualité entre adulte et ado. Oui, vous avez bien lu : l’ado piégeant l’adulte. Ado-loup VS adulte-agneau. En but à des méchants, des vrais. Pas des simulateurs, pas des demi-sel. Des pointures.

« …on retrouve ça dans Sartre, dans "Les chemins de la liberté", le giton racolait ou se laissait racoler par le riche homosexuel dans sa maturité et puis on allait dans la chambre d’hôtel, et à ce moment-là… » Suspens ! « …faisait irruption le reste de la bande et commençait un chantage qui ne s’arrêtait plus… désespoir…destruction totale… » On aime les jolies histoires de Tonton Robert, elles sont hors sujet, mais elles font peur !

Et voilà ! Le scénario se reproduirait ! « Trop facile ! » Machination haletante, hitchcockienne, un peu fouillis mais on n’en tremble que davantage, à mesure que l’étau se resserre. « … Le rendez vous est pris, la fille dans le réseau, n’avez qu’à installer la voiture tout près de l’hôtel ou … tout à l’heure photos et ensuite vous relevez le numéro de la voiture ou vous faites photographier à l’intérieur et vous n’avez plus qu’à venir présenter la note ! … voilà ce à quoi on aboutira. » Pauvre client ! Paparazzé ! Chopé en flag juste pour avoir voulu gâter Coquette !

60:30 Et s’il y a délit, il y a… complice ! Quid de la complice, hein, la complice, faudrait pas l’oublier ! On en fait quoi, elle existe ou il rêve ? La complice, vous dis-je ! La perverse, qui organise et prémédite sa propre exploitation ! On ne va quand même pas la laisser s’en tirer comme ça ? Et d’ailleurs, qui est-elle ?

« … Qui est complice ? Celui qui provoque ! Celui qui, par promesse, incite à la commission de l’infraction, il est complice ! C’est dans le Code Pénal un principe qui ne remonte pas à hier et ça la théorie de la complicité ici on arrive à cette situation mais qui défie l’intelligence juridique, la raison juridique, …le provocateur ou la provocatrice disons et c’est plus communément le cas, elle propose, elle peut être d’ailleurs très jolie, ah, ah, au café, son regard appuyé, etc., des charmes évidents… ». Regard appuyé ? Charmes évidents ? Toujours en pleine neutralité et d’un point de vue juridique ? Non. Le Visionnaire est ici clairement dans la peau du client. Identifié à lui. Il s’y voit, il se fait un film : « …je vais me référer à un film récent "Jeune et jolie"… » Il fait feu de tout bois. Tant qu’à faire il aurait pu se référer aux mythes classiques, de la Dame au Camélia à Julie la Rousse, mais non, il est moderne. Il ose Ozon ! Sans vergogne. Sans partialité aucune et au nom de grands principes du Droit, il voit dans la prostituée non pas une personne réelle mais l’héroïne d’une oeuvre de fiction imaginée de toute pièce et avec un brin de fantaisie par un cinéaste spécialisé dans la féminité fantasmée. François Ozon assura, à Cannes, en 2013, que la prostitution est un fantasme pour de nombreuses femmes. D’où tirait-il cette certitude ? De son propre film ! Ça, c’est de la référence, et de la sérieuse ! Face à la mythique « Jeune et jolie », le très réel « Vieux et pourri ».

Après cette évocation de l’incitatrice-provocatrice-complice, ce cri du cœur :

61:56 « …je me dis la chair est faible… etc… on connaît, tous !… » Houlà, l’Impeccable se dévoilerait-il ? On connaît, tous ? Encore en toute impartialité et du strict point de vue juridique, bien entendu ? « …ils cèdent à la tentation… » Là on pédale dans le taboulé. Le mot « tentation » revient six fois. Le client candide, victime d’une glissade de sa volonté face au machiavélisme d’une tentatrice jouant de ses charmes, finit par craquer, ça peut se comprendre ! Et on en viendrait à ce que ça se sache dans son quartier ? Chez lui, là où sa femme, sa famille, ses amis, ses collègues, ses voisins le prennent pour un brave type ? « …on saura pourquoi il était là, c’est fou ce qu’il y a comme indiscrétion dans ce domaine… » Il connaîtrait la honte de celui qui a trempé son biscuit en dehors des eaux territoriales ? On frémit…

La « provocatrice », profitant du désir qu’elle suscite, aura tout loisir de compromettre des innocents, « des jeunes gens un soir de concours réussi comme jadis quand ils allaient au service militaire, ou un match de football triomphant, un peu trop de bière, ils cèdent à la tentation, on verra ce que ça donnera le moment où ils seront en concurrence pour devenir ingénieur en Chef de la SNCF. » Les ambitions d’un ingénieur en Chef de la SNCF ruinées par une adepte de la vie facile assouvissant ses désirs de robe ! Sortez vos mouchoirs. Personnellement, je suis au bord des larmes.

64:06 Avouons que sans l’apparition ultime, en Deus ex Machina, de Foucault en personne, caution ultime, la démonstration aurait été moins absolument conforme aux classiques du genre. Là, il manque pas un bouton de guêtre ! Un monde sans prostitution serait un monde totalitaire. Point d’orgue. La messe est dite.

« …Foucault jadis faisait des cours où il évoquait la police des corps, la tentation ultime des régimes totalitaires… » Police des corps ? Du corps de qui ? Que toutes les sociétés totalitaires sans exception aient toujours organisé et contrôlé la prostitution ne semble pas obstruer le raisonnement de l’Auguste. Il est au dessus de la mesquinerie des polémiques. Il ne veut pas « entrer dans les querelles qu’on connaît » ? Ça fait une heure qu’il y barbote jusqu’au cou, mais il n’est pas mouillé ! C’est juste qu’on ne saurait entrer là d’où on est jamais sorti.

En conclusion, les bons conseils de Tonton Robert. Ce qu’il ne faut pas ? « Se divertir ». Se laisser distraire. Il faut rester dans l’essentiel, déterminé par lui, autrement c’est pas du jeu. Il ne faut pas davantage « Transformer le Code Pénal en affichage d’idéologie ». C’est pas du jeu non plus. Il ne joue pas, Robert Badinter. Pas son genre. Il nous gratifie de sa présence, nous inonde de son sérieux, nous pulvérise de sa neutralité impartiale. Si les enjeux du débat n’étaient pas aussi lourds, on pourrait s’esclaffer tant il semble ne pas se rendre compte que ça se voit, son jupon dépasse. Son allocution est le long plaidoyer pro domo de qui se donne bonne conscience en fustigeant les mafias pour mieux dédouaner les clients. Pourquoi ? Allez savoir… À moins que… N’étant pas prostituée, je ne saurais, à ses yeux, épouser la cause des personnes prostituées. Or lui passe une heure à défendre becs et ongles le client. Il s’en donne le droit. Il s’y voit. Se pourrait-il que… Non… Pas lui ! Fausse route, sans doute…

« S’il n’y a pas de contrainte, si ce sont des motivations quelles qu’elles soient, que ce soit l’ambition la cupidité ou que ce soit l’argent, peu importe, ou le désir, ce qui serait beaucoup mieux, ou le plaisir parce que c’est pas absolument interdit, en tout cas dans le Code Pénal… » Son choix de mots est aussi neutre que le PH d’une piscine d’acide chlorhydrique. Le mot « contrainte » est utilisé ici comme le mot « consentement » dans les procès pour viol, systématiquement agité par le violeur et nié par la victime. Et pour qualifier les chemins de la prostitution, observons la progression du vocabulaire : « ambition, cupidité, argent, désir, plaisir ». Le plaisir a le dernier mot. Le plaisir de qui ?

Constatons, sur cet exemple, de quoi sont faits les Pères de la Nation, les références morales, les grandes figures de la République, les donneurs de leçon, les prescripteurs de pensée, les timoniers inoxydables. Des faux culs planqués derrière de grands principes qu’ils trahissent à chaque ligne, défenseurs acharnés d’une hiérarchie dont ils nient l’existence. Des dominants cyniques qui doivent leurs privilèges historiques à la violence la plus brutale et qui plaquent sur leurs abus de pouvoir les mots qui mentent, les mots qui planquent, les mots qui tuent.

Texte publié d’abord sur le blogue d’Isabelle Alonso, le 11 juin 2014. Merci à l’auteure.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 juin 2014



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Isabelle Alonso



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