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mercredi 30 janvier 2013

Qui estime vraiment les personnes prostituées ?
Analyse comparée des arguments réglementaristes et abolitionnistes

par Christine Le Doaré, Irréductiblement féministe






Écrits d'Élaine Audet



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En matière de prostitution, ce ne sont pas les clichés ni les certitudes qui manquent, mais dans ce domaine aussi les apparences sont souvent trompeuses. Responsables, respectueux et modernes ou à l’inverse, condescendants, fatalistes et conservateurs, quels qualificatifs réglementaristes ou abolitionnistes s’attribuent-ils/elles ?

Les réglementaristes affirment que doit perdurer le « plus vieux métier du monde » et revendiquent l’adoption d’un statut pour organiser les intérêts d’une minorité de prostituées « volontaires ». Les abolitionnistes quant à eux, pensent que l’égalité femmes-hommes et le respect de l’intégrité humaine requièrent un projet de société féministe et humaniste. Un tel projet ne peut se satisfaire du sacrifice d’un quota de femmes, au nom de l’un des plus vieux mensonges patriarcaux, de la prétendue irrépressible sexualité masculine, ni au nom de l’une des plus archaïques exploitations marchandes.

Réglementaristes comme abolitionnistes veulent la régularisation des personnes prostituées sans papier, l’abrogation du délit de racolage, l’abandon de toute mesure répressive et stigmatisante à l’encontre des personnes prostituées. Tous disent vouloir lutter contre la traite, les réseaux, les violences ; en réalité, les personnes qui s’expriment en faveur de la réglementation n’abordent que très rarement et très superficiellement ces problèmes quand elles ne les minimisent, voire ne les évacuent pas. Les réglementaristes demandent plus de prévention au VIH-sida. De leur côté, les abolitionnistes revendiquent une véritable alternative à la prostitution avec l’adoption d’une politique sociale inclusive ambitieuse destinée aux personnes prostituées qui le souhaitent, avec des programmes de réinsertion comportant des actions globales pour la santé et la prévention, mais également des programmes d’éducation, de formation, sans oublier l’emploi et le logement, etc.

Convenons-en, il s’agit bien de deux conceptions politiques opposées. Il est parfaitement clair que les réglementaristes souhaitent aménager le système alors que les abolitionnistes veulent le réformer en vue de sa disparition. Avez-vous identifié l’attitude la plus conservatrice des deux ?

Les réglementaristes accusent souvent les abolitionnistes d’être en faveur de l’ordre moral, de parler en lieu et place des personnes prostituté-e-s, de les infantiliser. Ils affirment détenir la vérité et représenter l’ensemble des personnes prostituées de manière sincère et désintéressée. Seulement voilà, derrière les apparentes évidences, celui des deux projets qui traduit une confiance dans l’humanité et son avenir n’est pas forcément celui qui crie le plus fort.

Indéniablement, le discours réglementariste séduit par sa simplicité et le nombre restreint de ses arguments, au nombre de cinq en tout et pour tout. Arguments numéros 1 et 1 bis : La prostitution est « le plus vieux métier du monde ». C’est « un métier comme un autre ».
Argument n° 2 : Les personnes prostituées sont libres de leur choix et de faire ce qu’elles veulent de leur corps. Arguments n° 3 et 3 bis : La prostitution est une soupape sociale à la misère sexuelle et affective. C’est aussi un moyen de canaliser la violence masculine et même d’éviter des viols. Arguments n°4 et 4 bis : Les abolitionnistes parlent au nom des prostitué-e-s et ne savent pas de quoi elles-ils parlent. Les abolitionnistes sont des puritain-es et des catholiques engagé-es dans la moralisation de la société. Argument n° 5 : les abolitionnistes sont des « tueurs de putes » qui les assassinent au VIH-sida.

Peu importe la façon de les présenter, les intellectuel-les ont leur style, les activistes le leur, mais ces arguments ne varient jamais. Une rhétorique bien huilée, mais va-t-elle résister à quelques minutes d’attention et de réflexion, d’intérêt et d’intégrité ? Nombre d’articles déconstruisent efficacement ces clichés. Le superbe “Scoop-it !” (1) organisé en catégories, est une véritable mine d’or pour qui veut approfondir la question, aussi, ne vais-je répondre que succinctement à ces arguments afin de tester leur solidité et tenter d’établir laquelle des deux positions est la plus favorable aux personnes prostituées.

« Un métier comme un autre » ?

Au cliché du « plus vieux métier du monde », j’opposerais qu’il s’agit surtout d’une commodité aussi vieille que le patriarcat. Une femme peut-elle vraiment être réduite à une commodité ? Tous les avantages exorbitants de la domination masculine, en particulier s’ils constituent une violence faite aux femmes, ne doivent-ils pas être abolis ? Quant à prétendre qu’il s’agit d’un métier comme un autre, si tel était le cas, il existerait des formations et des qualifications, avec des tarifs adaptés à la compétence et qualité de service, veuillez m’excuser, mais qui donne les notes ? Présentez-moi des parents qui rêvent de ce métier pour leur chère progéniture ; expliquez-moi pourquoi l’écrasante majorité de prostitué-e-s rêve d’en sortir, et se lance dans des études supérieures ? Ce n’est pas un métier car personne en France, et c’est tant mieux, n’a encore songé à le proposer comme orientation aux élèves de 4ème en difficulté, ni à l’afficher parmi les offres d’emploi à Pôle Emploi.
Je ne traite même pas les questions d’ordre juridique afférentes au rôle de l’État dans la perspective d’un tel statut ; ni tout le volet des risques de violences inhérentes à l’activité qui compromettent toute possibilité de l’assurer, la sécuriser et donc la réglementer dans le code du travail. Sans compter que le problème dans la prostitution, ce n’est pas le sexe, mais l’argent qui nourrit, entretient et conforte le système prostitueur.

C’est en tous cas le bilan que font les pays réglementaristes débordés par la situation, car il est en réalité impossible de démêler la prostitution « libre » de la traite. Voyez, une critique radicale de ce premier cliché démontre que ce sont les abolitionnistes qui font preuve de modernité, accordent aux personnes prostituées l’intérêt qu’elles méritent et tentent d’éviter que la société ne se fourvoie en laissant, par exemple, s’implanter comme en Belgique ou ailleurs, des quartier entiers transformés en vitrines vivantes. En revanche, les réglementaristes ne semblent pas s’émouvoir de confiner les personnes prostituées à un rôle qui les arrange bien, tant que leur mère, sœur ou fille ne sont pas concernées.

Libre choix et moralisme

Aux clichés du libre choix et du moralisme abolitionniste, j’opposerais tout d’abord que de plus en plus de témoignages et d’études établissent qu’un grand nombre de personnes prostituées ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance. Elles rejettent très souvent leur corps et leur sexualité, elles vivent une dissociation et distanciation qui les anesthésient mais n’empêchent en rien les blessures, au contraire, qui les creusent. Se pourrait-il que les réglementaristes soientà ce point cyniques pour admettre que notre société n’a pas de proposition plus généreuse que la prostitution afin d’aider ces personnes à se reconstruire ?

En outre, comment peut-on sérieusement confondre liberté sexuelle, désir et plaisir avec un consentement forcé pour des motifs purement financiers ? Certes, les fantasmes sur la prostitution ne manquent pas mais la réalité est autrement plus crue et brutale : sentir l’odeur et toucher la peau de corps que l’on ne désire pas, être pénétré-e-s à répétition, se plier à la demande des clients, à leurs caprices, à leurs violences aussi ; à chaque passe, avoir peur de ce qui pourrait advenir, tel est le lot quotidien de la plupart des personnes prostituées. Seules quelques escortes peuvent se payer le luxe de trier leur clientèle sur le volet, ce qui d’ailleurs, n’exclut pas pour autant les risques, ni la dissociation.

Les réglementaristes se sont-ils seulement posé la question de l’âge moyen d’espérance de vie d’une personne prostituée ? Une société ne doit-elle pas d’abord penser à protéger les personnes les plus vulnérables ? Les principes d’intégrité et de non marchandisation des corps humains ne constituent-ils pas des droits inaliénables qui doivent rester hors du commerce et des lois des marchés ? Ne trouvez-vous pas étonnantes les contradictions dans lesquelles se trouvent tant de gauchistes et d’écologistes, révolutionnaires dans tous les domaines mais ultralibéraux en matière de mise à disposition des corps des femmes ? Ne trouvez-vous pas incroyablement paradoxal que le principe de la liberté individuelle poussé à son paroxysme les conduise ainsi à accepter le sacrifice d’un quota de femmes et d’enfants, aussi de quelques hommes, alors que l’ensemble de la population serait destinée à s’épanouir en rejetant la société de consommation, en échangeant librement et gratuitement de bonnes pratiques, le tout, dans la décroissance ? De quoi seraient donc coupables ces personnes pour être ainsi laissées sur le bord du chemin ?

Enfin, les abolitionnistes ne sont pas des cathos pudibonds qui mèneraient une croisade morale, la plupart d’entre elles/eux sont féministes et humanistes. Leur position sur la prostitution n’est pas morale mais politique, ils proposent un autre contrat social et veulent abolir les violences et l’exploitation humaine dans ce qu’elle a de plus âpre. À y regarder de plus près, les abolitionnistes semblent infiniment plus attentifs aux violences faites aux femmes, au passé comme au vécu des personnes prostituées, alors que les réglementaristes s’en lavent les mains, confortablement retranchés derrière le prétexte du libre choix.

Prostitution, soupape sociale ?

Les arguments de « soupape » sociale ne sont-ils pas confondants de renoncement quand ils suggèrent que les femmes devraient à jamais remplir le rôle, qui leur est par « nature » attribué, de confidente, voire de psy de substitution ? Ils révèlent que beaucoup de gens ignorent les ressorts de la prostitution, aveuglés par des romances ou des témoignages soigneusement sélectionnés, et mis en scène pour servir un propos. Il arrive en effet que quelques hommes recherchent ce type de bénéfice dans l’acte prostitutionnel, mais dans la plupart des cas, il ne s’agit pas de sexualité, ni même d’affection, mais bien de domination. Le client paye pour obtenir ce qu’il veut et n’obtient pas dans les relations gratuites et/ou égalitaires. Comment ne pas voir qu’il ne s’agit de rien d’autre que de marchandisation du corps, voire même du sentiment, ce qui évite à bien des hommes de s’engager dans une véritable relation égalitaire et compromet fortement une évolution positive des relations femmes-hommes ?

La prostitution n’a que peu à voir avec la sexualité, mais elle a à voir avec la domination pour les clients, et pour les prostitué-e-s, la seule motivation c’est l’argent. Alors que la sexualité, elle, est libre et gratuite. Les femmes se sont battues pour leur autonomie et libération sexuelle, « si je veux et quand je le veux ».

Prostitution contre viol ?

Quant à l’argument de la maîtrise du viol, tout le monde le sait, même des hommes mariés, pères de famille, commettent des viols. Avoir une vie sexuelle n’exclut pas le viol et, par conséquent, les deux problèmes ne sont pas corrélés même s’ils constituent, l’un comme l’autre, une violence faite aux femmes : dans un cas, le paiement autorise à forcer le consentement et s’apparente donc à un viol. Sur le dos des femmes, les réglementaristes font preuve d’un pragmatisme à toute épreuve. Une fois encore, seuls les abolitionnistes vont au-delà des idées reçues et, employant une grille de lecture féministe, comprennent que les femmes ne sont pas condamnées - aucune d’entre elles - à pérenniser l’éternel cliché féminin « mère/putain ».
Comment font les réglementaristes pour éviter de se poser la question de la responsabilité des clients qui génèrent la demande et, par conséquent, toutes les violences et les trafics afférents ? Les ignorent-ils vraiment et dans la pure tradition cocardière, sous l’œil complice des mères et des femmes, comme papa, papy et des générations de goguenards avant eux, continuent-ils à déniaiser le petit, à aller aux putes comme on va à confesse, à se payer ce que la légitime refuserait, et tout ça au nom du féminisme ? Alors, toujours convaincu-e-s par un tel argument ?

Qui parle au nom de qui ?

L’accusation de parler au nom des personnes prostituées est-elle crédible ? Pas si l’on songe aux milliers de personnes prostituées qui ont témoigné pour dénoncer « l’enfer prostitutionnel ». Pourtant, il suffit de bien les écouter : dans les documentaires tels que « L’Imposture » de Eve Lamont (2) « Not for sale » (3) ; dans le travail d’Hubert Dubois et tant d’autres, à foison, des centaines d’interviews, des heures d’audition à l’ONU et ailleurs – je ne parle pas des témoignages des personnes victimes de la traite, des mafias et réseaux, qui parlent de l’enfermement, des menaces, des viols et tortures à répétition, des drogues injectées de force, car chacun-e s’accorde à dénoncer ces crimes - mais bien de celles qui se disaient « libres » ou « volontaires ». Comme Ulla, elles expliquent clairement et simplement que pour ne pas effrayer leurs clients ou pour pouvoir enchaîner les passes le lendemain, il fallait bien se persuader et persuader l’opinion publique que la prostitution était un métier comme un autre et la banaliser. Elles nous accusent de nous être laissé-e-s berner et d’avoir bien voulu croire ce qui nous arrangeait, et aujourd’hui, elles parlent de viols. Elles disent avoir, dans la plus grande complaisance et indifférence générale, autorisé pour de l’argent des clients à les violer. Surtout, il faut lire les « Survivantes de la prostitution », ce réseau (4) qui s’est créé en mai 2012, il faut lire Rebecca Mott (5) ; elles le disent tellement mieux que nous.

Alors, à part les clients qui consomment, qui encore nie et ignore ces paroles de personnes prostituées et dans quel but ? Une poignée d’activistes réglementaristes qui, avec la caution d’élu-es et d’intellectuel-les médiatiques, les dévalorisent systématiquement et à leur profit, eux/elles qui défendent les intérêts de la libre entreprise d’une minorité d’escortes. Leurs méthodes ne sont pas toujours respectables car leurs motifs ne sont guère avouables : difficile de faire la promotion des privilèges patriarcaux et de l’exploitation quand on se prétend révolutionnaire ! Ce cliché ne supporte pas plus la critique que les autres, pire encore, il démontre à quel point les réglementaristes refusent de se confronter à la parole des personnes prostituées.

Tuer par VIH-sida ?

Le dernier cliché est tellement grossier, il ne sert qu’à faire diversion et je ne vois pas comment une personne sensée pourrait lui accorder le moindre crédit. À l’évidence, tout le monde le sait, les seules personnes qui contaminent au VIH-sida sont les clients qui payent plus cher pour baiser sans préservatif. Les abolitionnistes n’ont rien contre la prévention au VIH-sida, bien au contraire, seulement elles/ils considèrent que cette infection n’est qu’un des multiples problèmes de santé des personnes prostituées et surtout que se limiter aux seules actions de prévention, peut certes, dans certains cas, éviter des contaminations, mais en réalité rend service au système prostitueur. Entretenir un système, est-ce une réponse satisfaisante à un tel problème de société ?

Aucun des cinq arguments réglementaristes ne résiste bien longtemps à une grille d’analyse féministe et humaniste et à une critique sans concession. En outre, les abolitionnistes ne sont pas des naïfs ou des naïves ni des idéalistes, elles/ils sont confronté-es à la réalité de la prostitution, chaque jour sur le terrain, comme, par exemple, depuis fort longtemps le Mouvement du Nid. Elles/ils n’ignorent pas que la prostitution ne va pas disparaître d’un seul coup, même avec une loi abolitionniste, même en responsabilisant, éduquant et pénalisant le client prostitueur. La prostitution continuera d’exister, pour devenir un jour résiduelle parce que la prévention et l’éducation auront porté leurs fruits, parce que l’égalité réelle entre les femmes et les hommes aura gagné du terrain et que, dans une société féministe, cette demande-là n’aura plus guère de sens. Le projet abolitionniste est caricaturé, il est plus riche qu’on ne l’imagine et ceux qui s’intéressent à la question, peuvent consulter le Rapport d’information, Assemblée Nationale n° 334 « Prostitution : l’exigence de responsabilité. En finir avec le mythe du « plus vieux métier du monde ».

Commission des lois avril 2011, Danielle Bousquet et Guy Goeffroy. Se brancher aux sites du Mouvement du nid (6) et du collectif de plus de 50 associations Abolition 2012 (7), ne serait-ce que pour comprendre que l’abolition n’est pas la prohibition. Les personnes prostituées ne seront inquiété-e-s d’aucune façon, mais celles qui veulent sortir du système prostitueur seront accompagnées dans des parcours alternatifs. En revanche, les clients seront mis face à leurs responsabilités, ils pourront échanger sur l’acte de prostitution, ce qu’il signifie pour eux et pour les personnes qu’ils payent.

Prévention, éducation, pénalisation selon des modalités qui restent à définir. Contrôler la demande pour mieux maîtriser les ravages des industries criminelles du sexe, les mafias et réseaux de la traite. Et vous ne trouvez pas que ça vaut la peine d’essayer, vous ? Alors peut-être ignorez-vous l’ampleur des ravages de ce trafic criminel qui génère de formidables profits.

En définitive, peu d’hommes recourent à la prostitution, peu de personnes sont prostituées « volontaires », mais des millions de prostituées de par le monde vivent en situation d’esclavage. L’humanité toute entière aspire à une société plus juste et plus humaine, évolution qui passera nécessairement par l’abolition de la domination masculine du système patriarcal. Alors pourquoi devrions-nous ralentir le processus, ouvrir nos portes aux réseaux en tous genres qui ne manqueront pas de s’y engouffrer, et encourager nos proxénètes locaux à plus d’audace ? Avons-nous tant de temps à perdre, combien de personnes encore devons-nous sacrifier ?

Depuis quand oppose-t-on les intérêts d’un groupe minoritaire à un projet global de société ? Dans tous les cas, les motivations des abolitionnistes ne sont-elles pas plus élevées et généreuses, beaucoup plus optimistes aussi, que celles des réglementaristes ? N’est-il pas insupportable d’imaginer que des personnes soient sacrifiées pour de fallacieuses raisons et des privilèges patriarcaux d’un autre âge et pour les industries capitalistes du sexe ?

À mes yeux, ce qui compte autant que le projet de société féministe, humaniste et abolitionniste dans lequel je veux vivre, ce sont les femmes, les enfants et aussi les hommes (moins nombreux mais ils existent bel et bien), prostitué-e-s. Je ne veux pas détourner les yeux, je me sens concernée, elles et ils me touchent. Ce sont leur vie avec ses blessures, leur courage et leurs espoirs aussi, qui m’interpellent. Je les respecte, je les estime profondément et je forme le vœu qu’un jour, non pas pour des raisons morales mais politiques, plus personne sur terre ne soit contrainte, par la force ou par sa vie, à se livrer à la prostitution. En attendant, essayons au moins de limiter les dégâts et renforçons efficacement la position abolitionniste de la France et la coopération européenne comme la position abolitionniste internationale. Libérons-les, libérons-nous. Avançons.

* Cet article a été publié originellement sur le site de l’auteure. Merci de l’avoir proposé aux lectrices et lecteurs de Sisyphe.

Notes

1. Scoop It !
2. « L’Imposture », d’Eve Lamont
3. « Not for sale ».
4. « Survivantes de la prostitution »
5. Rebecca Mott, Chroniques sur la rostitution, la ornograhie et la violence
6. Le Mouvement du Nid
7. Abolition 2012

Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 janvier 2013



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Christine Le Doaré, Irréductiblement féministe



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