|
jeudi 3 octobre 2013 Prostitution - La stigmatisation et le mythe entourant le statut de victime
|
DANS LA MEME RUBRIQUE La semaine de sensibilisation à la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineures est primordiale Le Regroupement des événements majeurs internationaux et le Conseil des Montréalaises : même déni ! Les "Dalila" de la prostitution Gisèle Halimi et les "harkis "du féminisme De la pertinence d’images suggestives et sexistes pour dénoncer la marginalité des prostituées au temps du Covid Prostitution : quand la pandémie est un prétexte à protéger un système et ses exploiteurs Tweets controversés de la présidente de de la FFQ Prostitution : il faut qu’on parle des acheteurs La prostitution, une question sociale Une politique publique pour combattre le système prostitutionnel Prostitution - La CLES s’inquiète des intentions du Parti libéral du Canada "L’intime et le marché", un livre essentiel de Rhéa Jean Le réseau international contre la prostitution Zéromacho - La faute de Canal+ La prostitution, une violence patriarcale La tyrannie du nouvel ordre sexuel Des militantes et militants pro-prostitution menacent des survivantes pour les faire taire Prostitution - La Loi sur la protection des collectivités et des victimes d’exploitation, deux ans plus tard, qu’en-est-il ? Le prostitueur moderne et sa nounou queer Aidez-nous à éradiquer la prostitution au Canada Euro 2016 - Le prix d’une passe n’est pas celui que tu crois Abolition de la GPA et de la prostitution, même combat contre le patriarcat Les droits des femmes bafoués, les corps marchandisés Non au système prostitutionnel ! Une analyse féministe et abolitionniste du système prostitutionnel Prostitution : L’Assemblée nationale française fidèle à ses convictions Claudine Legardinier - Prostitution : une guerre contre les femmes France - Les inégalités femmes-hommes au Sénat font obstruction à la sanction des clients de la prostitution ! Offrir aux hommes handicapés de recourir à la prostitution, une idée ancrée dans la misogynie et le validisme Lettre ouverte à rabble.ca - La journaliste Meghan Murphy visée par une campagne misogyne du lobby de l’industrie du sexe Grand Prix de Montréal - La CSN demande l’application de la nouvelle loi fédérale pour contrer la prostitution Comment la pornographie influence les jeunes consommateurs "Le commerce du sexe", un film d’Ève Lamont Réglementer la pornographie ou criminaliser les pornocrates ? Corps disloqués, âmes brisées : conséquences psychiques et physiques de la prostitution sur les personnes qui la vivent Prostitution - L’approche de “réduction des méfaits” ne suffit pas pour une analyse pertinente de la prostitution « Ni client, ni complice ! » - La CLES lance un appel à lutter contre la banalisation de l’exploitation sexuelle Pénalisation du client de la prostitution ? Les belles histoires de Tonton Robert Non, Messieurs, la plupart des personnes prostituées ne le sont pas par choix Le manifeste des 343 bites tellement légères qu’elles se dressent à l’insu de leur cerveau La cruelle chosification des femmes prostituées et des mères porteuses Catharine A. MacKinnon - Traite, prostitution, inégalité Prostitution - Sanctionner les clients et non les prostituées Prostitution des jeunes - La trahison des adultes Décriminaliser la prostitution ne peut pas être la solution Prostitution : une affaire d’hommes ou la fraternité "des salauds" Loi sur la prostitution en France - « Je ne veux pas d’une société où les femmes ont un prix » Janice G. Raymond – Prostitution : "Pas un choix, pas un travail" Elisabeth Badinter et Irène Théry ou la caution intellectuelle du système patriarcal Les femmes étrangères rêveraient-elles de devenir "putes" ? Abolition de la prostitution en France - Le principe est acquis, place à la loi ! Comprendre la prostitution dans l’ensemble des structures de pouvoir fondées sur le genre L’Irlande pourrait interdire l’achat de sexe Le prostitueur, "chaînon manquant" de la question prostitutionnelle, selon Victor Malarek La prostitution, sexualisation du pouvoir La France envisagerait des sanctions "pédagogiques" pour les prostitueurs Le Canada ne peut traiter la prostitution comme un filet de sécurité sociale Les "femmes de réconfort" étaient nécessaires pour maintenir la discipline dans l’armée, selon le maire d’Osaka Prostitueurs et non-prostitueurs, une étude de Mélissa Farley Bienvenue dans le monde des prostitueurs Prostitution - Rendre tabou la notion de victime pour masquer l’existence d’agresseurs Prostitution en Grande-Bretagne - Un bien étrange syndicat au service des proxénètes Prostitution et mariage : une assimilation douteuse La prostitution, le STRASS et la sénatrice - La pertinence de la transparence Au delà des mythes, légaliser la prostitution est une très mauvaise idée La Suède malmène l’industrie du sexe et aide les femmes prostituées Les prostitueurs. Sexe à vendre… Les hommes qui achètent du sexe, un livre de Victor Malarek "Angel" : Piégée dans un monde de prostitution et de violence L’être et la marchandise. Prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi "Les criminelles" : individualisation et romantisation de la prostitution Des spécialistes en santé veulent aider les femmes à sortir de l’industrie du sexe… en faisant échec aux prostitueurs L’Islande songe à interdire la porno diffusée sur Internet En studio avec Ruth ! "Je crois sincèrement que la traite humaine et la prostitution fonctionnent de pair" Catalogne - La loi et l’ordre des proxénètes Qui estime vraiment les personnes prostituées ? En studio avec Ruth ! "La prostitution est un grand enjeu politique" L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) et l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (FAFIA) répondent au rapport Oppal sur les femmes disparues Colombie-Britannique - L’égalité des femmes et le contexte socio-économique absents du rapport Oppal sur les femmes disparues Prostitution - Les “progressistes” australiens oscillent entre l’industrie du sexe et les droits des femmes Prostitution - Le refus d’abolir le système prostitueur est une atteinte aux droits humains Fantine ou la liberté de se prostituer ? Première rencontre de l’Association internationale des survivantes unies de la traite à des fins sexuelles (prostitution) Prostitution - Pourquoi il faut mettre fin à une des plus anciennes violations des droits humains Carton rouge pour les bordels à vitrine Prostitution - La réduction des méfaits est-elle ce que nous pouvons faire de mieux pour les personnes prostituées ? Un traité féministe international pour abolir la prostitution Prostitution - Coup de tampon réglementariste ! Prostitution et séropositivité - Le Gouvernement grec arrête et emprisonne des femmes pour protéger les hommes Manifeste contre le système prostitueur Prostitution en France - Lettre ouverte à M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre 1946-2012 : De la fermeture des maisons closes à la lutte contre le système prostitueur, les abolitionnistes portent progrès et liberté ! Prostitution - Gloria Steinem appuie le modèle nordique Solidarité avec les prostituées, mais lutte contre la prostitution Comparaison entre acheteurs et non-acheteurs de sexe dans la région de Boston 8 mars 2012 : Pas d’égalité sans abolition de la prostitution ! La danse contact ou "lap-dance", prologue de la prostitution Fiers d’aller aux danseuses ! Vraiment ? Abolitionnistes du système prostitueur : ce que nous sommes, ce que nous voulons ! Les Néerlandais commencent à regretter la légalisation de la prostitution Prostitution et faux-semblants : une affaire de société, de femmes et d’hommes Pourquoi la gauche veut-elle faire de la prostitution "un métier comme un autre" ? Prostitution et "slutwalk" - Bâtir un mouvement féministe progressiste à l’époque individualiste Prostitution - Il faut rendre illégal l’achat de "services" sexuels en Australie Le mouvement des femmes n’est pas monochromatique ZéroMacho - Des hommes contre la prostitution Prostitution et domination masculine La vérité sur l’esclavage sexuel planétaire, un livre de Lydia Cacho Votre voisin est un prostitueur - Une nouvelle recherche J’ai rien vu Abolition n’est pas prohibition - Pourquoi la défense de l’avortement diffère de la défense de la prostitution Prostitution et traite des femmes - Le projet abolitionniste au congrès Mondes des femmes 2011 Congrès international Mondes des femmes 2011 - Compte-rendu des échanges sur l’abolition de la prostitution à l’exposition "Les draps parlent" Banalisation de l’industrie du sexe et éducation des jeunes Nous devons sanctionner les acheteurs de la prostitution Des députés proposent une résolution sur la prostitution réaffirmant la position abolitionniste de la France Dix raisons de ne pas légaliser la prostitution Demi Moore s’associe au CNN Freedom Project pour un documentaire saisissant sur le commerce sexuel au Népal Client de la prostitution : vers une prise de conscience européenne Lutter pour faire de la prostitution un travail, c’est se tromper de combat Prostitution et traite des êtres humains, controverses et enjeux Le système de la prostitution militaire en Corée du Sud, en Thaïlande et aux Philippines Les pratiques des hommes "clients" de la prostitution : influences et orientations pour le travail social La prostitution comme violence contre les femmes Le système prostitutionnel, un pilier de l’inégalité sexuelle et des violences envers les femmes Clients de la prostitution : un "droit de l’homme" heureusement en péril Prostitution as violence against women Prostitution - Vive le sexe libre et gratuit ! France - La prostitution n’est pas une fatalité "Il faut punir les clients des prostituées", selon Roselyne Bachelot. Oui... et dépénaliser les personnes prostituées ! Belgique - Analyse « Prostitution : arguments et opinions » Prostitution - Le débat entre féministes se poursuit Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale - Inscription La tolérance sociale, complice de la violence et de l’exploitation sexuelle Traite des femmes à des fins sexuelles - Au cœur des réseaux criminels : l’exemple de l’Albanie S’unir contre la banalisation de la prostitution - Un défi pour la décennie Moi, si j’étais un homme Prostitution et traite des êtres humains - Les mensonges du réglementarisme La députée bloquiste Maria Mourani présente un projet de loi pour accélérer la lutte à la traite des personnes et au proxénétisme La prostitution menace le patrimoine humain La série "Maison close" : de la fiction à la réalité C’est un métier, tout comme le vôtre… Décriminaliser totalement la prostitution sape le travail pour l’égalité des sexes - Exigeons le changement "Abolir la prostitution" – Une question en suspens pour le féminisme et pour la gauche Pays-bas : infirmières ou prostituées ? Madame Parité commence fort en renvoyant les femmes… au bordel ! Le sexe s’invite à la Coupe du Monde Feu « Verts » au proxénétisme ! Plus de pornographie à l’Assemblée nationale, mais des assises de la prostitution au Sénat "Travailleurs du sexe", un documentaire sexiste, réactionnaire et dangereux Le Mouvement du Nid-France louera un mini-car pour faire visiter les maisons closes Pour un quartier assiégé, la prostitution est loin d’être un "crime sans victime" De client prostitueur à homme responsable : une démarche nécessaire Le "client", premier agent de la prostitution Proxénétisme et prostitution - Lettre ouverte aux candidat-e-s aux élections européennes de juin 2009 Poser les bases d’une Europe sans prostitution, c’est oser Le tourisme de prostitution, une industrie mondialisée florissante Prostitution : la grande promo Première Journée mondiale contre l’exploitation sexuelle : les raisons d’un engagement Prostitution et traite des êtres humains, enjeux nationaux et internationaux Le vagin industriel. Vers une économie politique du sexe commercial mondialisée S’attaquer au trafic mondial du sexe Intégrisme islamique et esclavage sexuel en Iran Le corps des femmes est attaqué. Que fait-on ? On se tient debout et on riposte ! Libre disposition de son corps et liberté de se prostituer Le refus de la prostitution gagne du terrain La mode hypersexualisée s’inspire de la pornographie Le "droit de prostituer" n’est pas un droit de l’homme "Abolition de la prostitution" - Édito Revue Labrys Affaire Sneep aux Pays-Bas - Condamnation de deux proxénètes qui ont exploité et maltraité 120 filles de l’Europe du Sud et de l’Est Le commerce du sexe est florissant en Afghanistan Sexe et Formule 1 Dossier prostitution - Importants développements à l’échelle internationale Prostitution - Touche pas à mon client ? Le Conseil National des Femmes du Luxembourg (CNFL) se prononce en faveur d’une législation agissant directement sur la demande de "services sexuels" Affaire Spitzer - Le mythe du crime sans victimes Le Mouvement du Nid inquiet de plusieurs mesures de la politique française sur la prostitution Le Forum de Vienne sur la traite des êtres humains reste sourd aux voix des victimes Une politique cohérente contre la violence à l’égard des femmes doit commencer par s’attaquer à la prostitution Prostitution - À Alger comme en Europe, on esclavagise les femmes Manifeste des hommes pour l’abolition de la prostitution (Espagne) Pornographie et fin de la masculinité Pornographie : "Ça fait mal, tellement mal" ou pourquoi certaines femmes ne veulent pas savoir Prostitution : les limites du consentement Prostitution et traite des femmes au Nevada « Être abolitionniste, c’est défendre la liberté sexuelle ! » "Rent-A-Wife", c’est discriminatoire ! Après des décennies, les secrets des bordels des camps nazis émergent Une association féministe espagnole conteste l’expression "travailleuse du sexe" Le Mouvement du Nid face aux clients prostitueurs Première Journée mondiale pour un tourisme responsable et respectueux, le 2 juin 2007 Richard Poulin parle de son dernier livre "Abolir la prostitution" - Interview par Sporenda Police, Justice et acteurs sociaux, quelle coopération ? Réflexions sur les meurtres de femmes prostituées au Royaume-Uni Prostitution - Trois femmes et un débat Déchirées par la guerre, les femmes d’Irak sont la cible des trafiquants du sexe La prostitution n’est pas un service comme un autre Entretien avec Coline Serreau sur le film Chaos Qu’est-ce que la libération ? Le féminisme hier, aujourd’hui et demain Quand le porno impose sa vision de la sexualité La prostitution, une arme politique Prostitution : tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir et qui existe quand même ! La liberté dévoyée Mondialisation, militarisme et trafic sexuel Pour que la porno recule Marchandisation et déshumanisation : l’exemple de la prostitution Richard Poulin lance un manifeste abolitionniste Prostitution en Allemagne : Déclaration post-Coupe Mondiale de Football Prostitution Reform - Stamp out sexual slavery (Angleterre) La prostitution au XVIIIe siècle, pierre d’achoppement entre politiques locales et pouvoir royal Campagne contre la traite des blanches de l’Europe de l’Est Prostitution : les pièges du pragmatisme L’âge du consentement sexuel à 16 ans : un pis-aller ? Prostitution : cherchez le client Enjeux de la prostitution considérée comme "travail du sexe" L’envergure de la traite à des fins de prostitution Les filles de l’Est Violence pro-prostitution à la Maison des femmes de Paris Le discours pro-prostitution : une rhétorique de dominant "Survivantes" et féministes contre la prostitution Clients de la prostitution : motivations et déterminants La législation à l’encontre des prostituées au XVIIIe siècle Une politique cohérente contre la violence faite aux femmes doit d’abord s’attaquer à la prostitution La nouvelle industrie du sexe "Terre promise", un film d’Amos Gitaï sur la traite des femmes Prostitution : une arme de destruction massive "Les clients de la prostitution : l’enquête", de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama Les Philippines contre le trafic sexuel "Inside deep throat", contribution à la liberté sexuelle ? La prostitution au XVIIIe siècle : introduction à une liberté superficielle Femmes à vendre dans les pays baltes Prostitution et Société No 150 Acheter du sexe n’est pas un sport Une loi qui jetterait les femmes dans l’industrie du sexe Casino de Hull - Des "playmates" de Playboy pour faire la promotion des nouvelles machines à sous Ni coupables, ni victimes : libres ? Oui, libres de toute prostitution Le système de la prostitution : une violence à l’encontre des femmes La marchandisation du corps humain est une violation des droits fondamentaux de la personne Le système de la prostitution au Cambodge : le témoignage de Somaly Mam Le Mouvement du Nid Le Mouvement du Nid - Documents sur la prostitution La banalisation de la prostitution : des choses à savoir L’Association canadienne des centres contre les agressions sexuelles réclame des politiques contre le commerce du sexe 16 journées d’actions citoyennes pour dire "Non aux violences à l’égard des femmes et à la prostitution ! Oui à la promotion de la dignité humaine !" Prostitution et travail « invisible » : une assimilation dangereuse Le risque global d’être convertie en marchandise Gunilla Ekberg : « Le mieux que nous puissions faire pour nos soeurs prostituées, c’est de les aider à en sortir. » Prostitution, pornographie et trafic des femmes Sexe, argent et intégrisme postmoderne Les politiques européennes et internationales sur la traite des êtres humains encouragent le proxénétisme Quinze thèses sur le capitalisme et le système prostitutionnel mondial Le chemin de Buenos Aires : la prostitution, hier et aujourd’hui Prostitution, la mondialisation incarnée Mondialisation des industries du sexe : oppression maximale des femmes et des enfants du Sud, de l’Est, du Sud-Est, etc... L’hypocrisie a-t-elle un sexe ? Ou comment masquer l’insoutenable réalité de la prostitution L’importance de ne pas censurer le débat sur la prostitution Viol et prostitution Esclavage et prostitution Journée de formation sur la mondialisation de la prostitution et du trafic sexuel - Documents Les jeunes et l’industrie du sexe La marchandisation du sexe : nouvel esclavagisme ? Le "libre choix" en Allemagne : accepter de se prostituer ou perdre son allocation de chômage ? La croissance effrénée des industries du sexe : entrevue avec Richard Poulin Aux pays des tsunamis, le trafic sexuel sévit Le modèle suédois : une source d’inspiration, non une panacée Une étude dresse le portrait des prostitueurs ou clients de la prostitution Prostitution : La nouvelle traite des Noirs « La mondialisation des industries du sexe » : des faits aux valeurs Décriminaliser la prostitution a profité aux proxénètes, pas aux personnes prostituées Occupations militaires - La prostitution érigée en système Le scandale de l’esclavage sexuel au Kosovo « Les Yeux secs » et la caméra citoyenne de Narjiss Nejjar Rapport sur les conséquences de l’industrie du sexe dans l’Union européenne L’érotisation de la violence et de la subordination Prostitution : réflexions d’un militant en colère Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, esclavage, travail forcé, trafic de personnes Pacte du silence sur les clients de la prostitution Le débat sur la prostitution : quelle libération sexuelle ? Des questions à se poser sur la prostitution Fabrication d’un nouveau mythe sur la prostitution L’urgence est-elle de faire de la prostitution un métier ? Je voudrais parler porno La légalisation de la prostitution, une expérience qui a échoué en Australie Prostitution, pornographie et capital L’Organisation Internationale du Travail (OIT) appelle à la reconnaissance de l’industrie du sexe Prostitution, trafic sexuel et mondialisation On s’arrache les actions du premier bordel inscrit en bourse Il faut stigmatiser le client... il est criminel Adulte ou infantile, la prostitution est le contraire de l’autonomie sexuelle Les enjeux occultés de la prostitution et les conséquences sur les rapports hommes-femmes Le trafic mondial des femmes et des enfants Des proxénètes à l’Université ? La mondialisation des marchés du sexe - I La mondialisation des marchés du sexe - II Combattre le système prostitutionnel Sexe : de l’intimité au « travail sexuel » ou prostituer est-il un droit humain ? L’Organisation Internationale du Travail (OIT) appelle à la reconnaissance de l’industrie du sexe. Commentaire. Pour une critique de la politique pro-prostitution de Cabiria Prostitution : droits des femmes ou droit aux femmes ? Faut-il une autorisation pour parler de la prostitution ? « Le corps est un nouvel instrument d’esclavage » Florence Montreynaud « La prostitution, ce n’est pas le plus vieux métier du monde, c’est le plus vieux mensonge » (Gunilla Ekberg) L’idéologie sexiste et la pornographie Femmes esclaves des bordels du Bangladesh |
Voici la troisième et dernière partie d’une brochure que des féministes suédoises ont préparée à l’intention des personnes qui désirent comprendre les arguments et contre-arguments du débat sur la prostitution. Cette brochure s’intitule La prostitution, parlons-en ! Arguments et contre-arguments. Le titre indiqué dans cette page est de Sisyphe. STIGMATISATION DE LA VICTIME Le syndrome vierge et putain La division traditionnelle des filles et des femmes entre les rôles opposés de vierge/putain est une forme efficace d’oppression sexiste. Elle atteint chaque individue, femme ou fille, et elle divise les femmes en tant que groupe. Cette dichotomie vierge/putain a pour fonction d’assigner des limites à la liberté sexuelle des femmes et aux droits sexuels des femmes et des filles. Nous sommes toutes contraintes à jouer les funambules sur un fil tendu entre ces deux pôles : être sexuellement extrovertie, pour ne pas sembler ‘ennuyeuse’, mais si nous le sommes, risquer d’être stigmatisée comme ‘salope’ ou ‘pute’. La plupart des filles et des femmes essaient de composer avec ces pressions au meilleur de leurs possibilités. Mais en fait, quoi que fasse une fille, n’importe quel homme peut encore la traiter de ‘pute’ si le cœur lui en dit. Même une fille qui n’a jamais eu de rapport sexuel peut être qualifiée de ‘pute’. Insultes et pouvoir Les insultes sont une manière de blâmer des victimes pour un rapport de force qu’on leur inflige. Traiter des filles et des femmes de ‘putes’ est un mode typique de harcèlement sexuel, qu’il ait lieu à la maison, à l’école, au travail ou lors d’une sortie. Les hommes n’ont que ce mot à la bouche pour désigner les femmes qui sont dans la pornographie ou la prostitution. Et pour un agresseur sexuel, cette insulte est souvent une façon de justifier sa supériorité et sa violence sexualisée – tout comme les insultes racistes servent à justifier la violence raciste. Être victime Mais dans notre société morcelée (9) qui n’en a que pour les individu·e·s, il est bien sûr plus difficile de repérer de tels schémas. Pour couronner le tout, il y a aussi le mythe entretenu au sujet du statut de victime : être une victime, de nos jours, est souvent dépeint comme le contraire de la force, comme une incapacité d’‘assurer’. Ceci amène bien des personnes à fermer les yeux sur leur propre oppression – pour éviter d’être perçue comme une victime (impuissante). Pourtant, le véritable contraire du statut de victime, c’est celui d’agresseur. Parler de victimes, c’est désigner la présence d’une oppression. Cela ne concerne en rien les caractéristiques de la victime ; ces personnes peuvent souffrir à différents degrés, elles peuvent être fortes ou faibles (et le sont souvent simultanément !), ou il peut s’agir de personnes opiniâtres qui font leurs propres choix. Bref, se retrouver en position de victime n’est pas un trait de personnalité. Fortes et faibles à la fois Au 19ème siècle, quand la classe ouvrière augmentait en nombre, il était naturel pour les travailleurs-euses de se reconnaître victimes d’une oppression. C’était même le fait d’être une victime qui donnait aux gens la force de lutter contre l’oppression ! À cette époque, il n’y avait donc pas de contradiction entre une condition de victime et une identité de personne forte, en lutte. Les gens voyaient les choses dans l’autre sens : les gens qui batifolent à travers leur vie sans le moindre souci n’ont pas à se battre et à faire preuve de force. Ce sont plutôt nous, les victimes, qui sommes simultanément fortes et faibles, vulnérables et opiniâtres, et toujours en lutte. Ceux qui bénéficient de ce mythe de la victime sont ceux qui tirent bénéfice d’une oppression permanente. 34. Le seul problème affectant la prostitution, c’est l’image négative qu’on s’en fait. Si seulement c’était aussi simple ! J’ai entendu quelqu’un comparer la prostitution au fait de mendier sur la rue : la mendicité et la prostitution sont de vieux phénomènes, engendrés par une société inéquitable. Les deux se fondent sur la différence entre les femmes et les hommes, comme entre les pauvres et les riches. Pouvoir et subordination. On peut toujours trouver quelqu’un qui mendie non par nécessité, mais pour « sortir un peu », ou « se faire quelques ronds », mais son exemple ne change pas la nature de base de la mendicité. Mendier rend l’inégalité visible, et c’est pour cette raison que cette activité est humiliante pour le ou la mendiante. C’est la même chose pour la prostitution. La honte est projetée sur la victime, quel que soit le nom qu’on donne à cette dernière. 35. Si l’on mettait fin à la stigmatisation des putes, la prostitution ne serait pas un problème. Non, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. La stigmatisation infligée à la ‘pute’ est typique de la plupart des formes d’oppression : il s’agit d’en rejeter la responsabilité sur les opprimé·e·s. « On colle la honte aux victimes » : c’est le premier vers d’un poème de Kjersti Ericsson, qui est un appel au soulèvement contre l’oppression. On blâme la victime. Faute de quoi, nous pourrions apercevoir son agresseur et la réalité de ce qu’il lui fait. La prostitution tire aussi son origine d’une vision puritaine* de la sexualité, qui associe celle-ci à la saleté, la honte, et la culpabilité. La pornographie et la prostitution ont besoin du puritanisme pour créer l’impression d’une transgression de limites. Beaucoup de délinquants-prostitueurs recherchent aussi la pornographie parce qu’ils y voient une sexualité sale et honteuse. C’est pourquoi les apologistes de la prostitution ont tort d’affirmer que son seul problème tient à sa stigmatisation. Parce que tant que l’oppression durera, la stigmatisation restera. Et nous ne parlons pas ‘simplement’ de l’oppression qui prend la forme de la prostitution parce que, de la même façon, tant que durera la division des femmes en « vierges ou putains », la stigmatisation demeurera aussi. 36. Si la prostitution était perçue comme un travail, la stigmatisation disparaîtrait. Rien n’est moins sûr ! En Hollande, en Allemagne, dans certaines parties de l’Australie et dans l’État américain du Nevada, où la prostitution est déjà considérée comme du « travail du sexe », les femmes prostituées sont tout aussi stigmatisées qu’ici. En contrepartie, ceux qui ne sont pas stigmatisés du tout sont les délinquants – proxénètes, tenanciers de bordels et prostitueurs – que l’on a maintenant transformés en respectables ‘hommes d’affaires’ et leurs ‘clients’. 37. Les féministes font des prostituées des victimes. Non, c’est faux. Il y a une différence entre opprimer sexuellement quelqu’un et rendre cette oppression visible. Ce que font les féministes, c’est mettre en lumière ce qu’est la prostitution et qui en tire bénéfice ; elles montrent que la prostitution fait partie d’un certain modèle social, qu’elle n’est pas seulement « un contrat entre deux personnes », entre autres excuses. Si vous pensez que les féministes font des femmes prostituées des « victimes », vous ne connaissez pas grand-chose au féminisme. Réfléchissez-y un peu. Les féministes s’activent contre l’oppression. Nous travaillons dans des refuges pour femmes et pour jeunes filles, nous nous soutenons dans des groupes d’entraide, nous donnons des cours d’auto-défense féministe et nous travaillons à des changements politiques. Ce que nous faisons, c’est nous soutenir les unes les autres pour pouvoir changer nos conditions de vie, pour que les filles et les femmes n’aient pas à demeurer plus longtemps victimes de l’oppression patriarcale ! Par ailleurs, on dirait que vous voyez les femmes prostituées comme des ‘autres’. Qu’est-ce qui vous fait croire que ces femmes ne peuvent pas être des féministes ? Beaucoup des féministes qui luttent contre le système prostitutionnel le font à partir d’un vécu personnel aux prises avec cette industrie. 38. Une telle n’est pas / Je ne suis pas du genre victime ! Bien sûr que vous n’êtes pas du « genre victime », puisqu’il s’agit d’un mythe : personne n’est victime comme trait de personnalité. Mais en prenant une telle position, vous risquez plutôt de nier l’oppression ! C’est pourquoi il est si important de dégonfler ce mythe entourant les victimes. Il existe peu de victimes complètement impuissantes, malgré ce que persiste à nous dire la culture du viol omniprésente dans les médias. En réalité, nous les femmes et les filles faisons tout ce que nous pouvons pour survivre dans une société créée par les hommes et selon leurs intérêts. Même celles d’entre nous qui ont souffert plus longtemps de violences répétées, comme l’inceste ou la violence d’un mari, tentons d’éviter la violence dans la mesure du possible – bref, nous sommes simultanément des victimes et des survivantes. C’est dire que personne n’est « du genre victime » – il s’agit d’un mythe créé par les oppresseurs pour se défiler face à leur propre responsabilité. 39. Refusez qu’on vous traite de pute ! Ou, variante opposée : Ça me plaît d’être une salope et je fais ce que je veux ! Vous savez, je comprends très bien pourquoi une fille qu’on traite à l’école de ‘pute’ ou de quelque autre mot équivalent peut vouloir faire un enjeu de « refuser d’être traitée de pute ». Mais cela équivaut à se laisser piéger. D’abord, cela suggère que vous vous dissociez des femmes en prostitution et, deuxièmement, que les hommes peuvent continuer à juger la sexualité des femmes, aussi longtemps que l’on maintient cette division elle-même. Bien sûr, prendre plaisir à une identité de ‘salope’ peut sembler une façon d’émousser les insultes et de se donner le droit de faire ce que l’on veut. Mais la vierge et la putain sont les deux faces d’une même médaille – l’une ne peut exister sans l’autre. Alors, en pratique, le fait de vous qualifier de ‘salope’ ne signifie pas que vous êtes à l’aise dans votre sexualité, mais tout le contraire, c’est-à-dire accepter de vous définir à partir des deux conceptions puritaines et patriarcales de la sexualité qui divisent les femmes. Personnellement, j’aimerais mieux rejeter toutes les divisons patriarcales entre les femmes : il n’y a ni putes ni vierges, nous sommes toutes des filles et des femmes et nous définissons nos vies sexuelles exactement comme nous le souhaitons ! LA MORALE De quoi s’agit-il ? Lorsqu’on tente de remettre en question la pornographie ou la prostitution, on apprend vite à entendre des réflexions comme « Faites-vous de la morale ? » Ces réactions n’ont pour but que de vous faire paraître démodée et réactionnaire – on veut vous faire taire sans avoir à discuter de ce que vous avancez réellement. Le personnel et le social En fait, ce que l’on appelle notre ‘morale’ n’est rien d’autre que les valeurs sur lesquelles nous basons nos pensées et nos actes. Chacun-e de nous possède sa morale personnelle et ses propres valeurs. De plus, il y a aussi la morale de la société, ou morale générale, soit les valeurs que la plupart des gens de notre société partagent (ou dont ils et elles peuvent apparemment convenir). C’est pourquoi la morale générale a tellement varié d’une société, d’une culture et d’une époque à l’autre. La morale sexuelle Tout cela est assez évident. Mais pour une raison ou une autre, on dirait que beaucoup de gens oublient ces bases quand des questions morales se posent au sujet de la sexualité. Mais y a-t-il une raison pour laquelle la sexualité serait le seul domaine dénué de valeurs ? En fait, la morale sexuelle est un mot-valise désignant les valeurs relatives à la sexualité – des valeurs personnelles ou sociétales –, qui peuvent être « libérées », « critiques du sexe », ou tout autre chose. C’est dire que quiconque émet une opinion sur la façon dont les gens devraient se comporter par rapport à quelque chose « fait de la morale ». Et beaucoup de gens en font, y compris ceux qui accusent les autres d’être des moralistes... Un avantage de comprendre ce qu’est la morale est de se rendre compte que ni notre morale personnelle ni celle de notre société n’ont à être fixées une fois pour toutes. Chacun·e de nous peut changer de valeurs. Et notre société peut changer les siennes de la même façon – c’est pourquoi nous avons ce dialogue ! 40. Être contre la prostitution n’est qu’une attitude de moraliste – vous faites de la morale. Oui, bien sûr, j’ai des opinions et des valeurs – et sur des tas de sujets, en fait. Dont particulièrement l’oppression. Pas vous ? Quel mal y a-t-il soudain à se référer à la morale ? Je m’oppose à toutes sortes de choses pour des raisons morales : la cruauté envers les animaux, la maltraitance des enfants, l’exploitation des gens, etc. S’il y a une chose qui incarne une morale surannée, n’est-ce pas la prostitution ? Cette vision du sexe est le reflet de vieilles structures sociales, où la femme était « possédée » par son homme. La sexualité tarifée et la sexualité maritale exigeaient de la femme qu’elle s’ajuste et obéisse à son seigneur et maître. Pas question que j’endosse cette façon vieillie et misogyne d’envisager la sexualité ! 41. Le gouvernement a-t-il quelque chose à voir avec ce que font deux adultes au lit ? Bien sûr que oui ! C’est pourquoi nous avons des lois contre la violence conjugale, et c’est pourquoi le viol – y compris le viol marital – est prohibé en Suède. La violence sexualisée des hommes contre les femmes nous entoure de partout, sous toutes sortes de formes, mais c’est généralement à la maison, et souvent jusque dans la chambre à coucher, que les femmes et les filles souffrent de la violence masculine sexualisée. 42. Les personnes qui s’opposent à la pornographie et à la prostitution font tout à fait le jeu de la droite chrétienne. Non, c’est le contraire ! Beaucoup d’études (suédoises autant qu’internationales) montrent que les délinquants-prostitueurs consomment plus de pornographie que les autres hommes. Et une étude états-unienne montre que plus un homme est conservateur et féru de religion, plus il est susceptible d’acheter de la pornographie en ligne. Ce sont les Mormons de l’État de l’Utah qui consomment le plus de porno sur le Net. (10) Cela démontre que c’est plutôt l’industrie du porno et de la prostitution qui est liée de près à la droite chrétienne. Les deux sont fondées sur le puritanisme, le deux poids-deux mesures, et sur l’idée que le sexe est censé se faire aux conditions des hommes. Nous, les féministes, sommes opposées à cette vision de la sexualité – que ce soit la version de la droite chrétienne ou celle des apologistes de la prostitution. 43. Vous essayez juste de m’imposer votre morale ! J’aimerais évidemment que vous, comme tout le monde, adoptiez la conviction que personne ne doit acheter personne. C’est une question de valeurs humaines fondamentales. Mais je ne veux rien vous imposer. Ce qui compte pour moi n’est pas l’état de votre opinion, ou celle de qui que ce soit d’autre. Mais je réclame haut et fort le droit de me battre pour une société qui dit non à l’esclavage sous toutes ses formes, et dans laquelle les femmes sont considérées comme des êtres humains – ayant des droits humains. 44. Quiconque s’oppose à la prostitution cherche à limiter la sexualité. Absolument pas ! Même en fermant les yeux sur tout ce que nous savons de ce qu’est réellement la prostitution (ce qui est évidemment impossible) et en ne considérant que « le sexe » qui y est pratiqué, y a-t-il quoi que ce soit de plus limité que le sexe dans la prostitution ? Pour moi, le sexe tarifé est à la fois inhibé et monotone. Qu’est-ce qui pourrait être plus ennuyeux et plus limité qu’une sexualité entièrement dénuée de liberté ou de spontanéité ; se contenter d’être ce que l’homme a commandé et payé d’avance, rien de plus ? Je suis contre la prostitution pour beaucoup de raisons, l’une étant que je n’aime pas l’idée d’une sphère commerciale qui s’empare même de la sexualité des gens. J’aime le sexe spontané ! LA SEXUALITÉ Beaucoup de gens peuvent penser, instinctivement, que la sexualité est quelque chose de purement biologique. Mais en fait seules nos pulsions sont biologiques ; nos actes sexuels, nos désirs, nos attirances et nos penchants prennent forme tout au long de notre vie, en fonction de nos souvenirs d’expériences passées, et de l’influence de notre époque et du monde. Nous manquons de mots Les personnes d’idéologie libérale ont souvent du sexe une vision entièrement positive, sans exceptions. Mais cette optique nous prive de mots pour rendre compte d’actes de pouvoir sexualisé, comme la transgression progressive des limites, où une situation qui nous semble agréable à prime abord peut tourner au viol de la part d’un proche. Il n’y a pas non plus de mots pour exprimer une excitation sexuelle négative, facteur qui peut rendre une agression encore plus traumatisante, si l’agresseur a suscité chez vous une réaction sexuelle. Voilà pourquoi il est important de lutter contre le puritanisme, qui a pris de l’ampleur en Suède avec la prolifération de la pornographie. Il nous faut trouver des mots pour exprimer tous nos sentiments sexuels, positifs et négatifs, puisque mettre nos expériences en mots nous aide aussi à les comprendre. Explorer notre propre sexualité La sexualité peut être une force très intense dans la vie de chacune et chacun. Elle peut vous donner de l’énergie, de la puissance, du plaisir et du désir, transporter votre corps et votre âme, vous procurer un bon sommeil et vous aider à réaliser vos projets. Mais elle peut aussi être destructive et vous meurtrir. Ou n’être qu’un intermède fastidieux. Enfin, elle peut aussi être exploitée par d’autres personnes. Cela rend encore plus nécessaire de réfléchir à notre sexualité : pourquoi est-elle ce qu’elle est ; est-elle ou non ce que je veux qu’elle soit ?... Le pouvoir et la subordination comme excitants La norme sexuelle de notre société est l’hétérosexualité. Mais peu importe que nous nous voyions comme hétéro, homo ou bisexuel·le, nous apprenons toutes et tous à trouver excitant le concept de réalités opposées. Toutes les normes sexuelles, tout ce qui est décrit comme féminin ou masculin, est sexualisé, y compris les différents niveaux du pouvoir exercé dans la société. Dans le patriarcat, la position de pouvoir des hommes hétérosexuels est étroitement intégrée à notre conception de base de ce qu’est « le sexe ». Les garçons naissent dans une société où ils apprennent que le sexe est basé sur leurs pulsions et sur leurs besoins, tandis que nous les filles apprenons à percevoir notre corps comme un objet à façonner pour éveiller la sexualité d’un garçon, c’est à dire au bénéfice de quelqu’un d’autre. On l’entraîne, lui, à être un sujet, elle, à être un objet. De plus, nous vivons aujourd’hui dans un monde où tout est de plus en plus commercialisé, y compris les relations entre les gens. Même les soins de santé sont maintenant discutés en termes de « biens et services ». Évidemment, ceci affecte aussi la sexualité, qui devient perçue elle aussi comme une chose qui peut être « consommée », plutôt que comme une rencontre sexuelle entre personnes, à court ou à long terme. La prostitution Dans une société marquée par cette tendance patriarcale à consommer l’autre, la prostitution a une place de choix. Plus le corps des femmes est vu comme un objet, plus il est transformé en « marchandise ». Et un corps qui peut être vendu appartient à son acheteur. C’est pourquoi les féministes se sont de tout temps opposées à la prostitution, à l’objectification, aux normes sexuelles du patriarcat, et se sont battues pour le droit des femmes à vivre notre propre sexualité. 45. Les hommes fréquentent des prostituées parce qu’ils veulent une femme qui aime le sexe. Voyons donc... Il est complètement illogique de prétendre que les hommes achètent des femmes prostituées pour trouver quelqu’un qui veut réellement d’un rapport sexuel avec eux. Si un homme voulait s’assurer de trouver une femme qui « aime le sexe », il ne paierait jamais : il chercherait une femme qui fait l’amour parce qu’elle en a envie, pas parce qu’elle est payée pour ça. 46. Les opposant·e·s à la prostitution ont toujours l’air de dire que le sexe doit toujours être agréable, comme si c’était « magique ». Non, je ne crois pas que le sexe soit en soi quelque chose de « magique » (sauf quand il l’est ! ), mais ce n’est pas non plus un acte anodin. Notre sexualité est étroitement imbriquée à notre personnalité. Par exemple, le fait de se percevoir comme hétéro, homo, bisexuel-le ou autre, joue souvent un rôle dans notre identité. Notre sexualité, ce qui nous stimule ou nous inhibe, comprend les souvenirs de nos premières expériences sexuelles. Celles-ci s’intègrent au tissu de notre personnalité, qu’elles aient été mémorables ou triviales. Mais on ne peut nier cette importance de la sexualité comme élément de notre personnalité. 47. Si elle aime le sexe et veut gagner de l’argent de cette façon, où est le problème ? Les femmes ont une sexualité qui ne se réduit pas à satisfaire les hommes – même si une femme prostituée peut jouer ce jeu face au prostitueur. Un rapport sexuel joyeux et égalitaire est affaire de désir réciproque, peu importe si c’est avec quelqu’un de nouveau ou qui partage notre vie depuis plus de 30 ans. La prostitution, au contraire, ne concerne que le ‘rapport’ que l’homme commande et paie – peu importe qui est la femme louée et ce qu’elle aime ou n’aime pas. C’est là qu’est le problème. La prostitution est une forme d’agression sexuelle, la plupart du temps commise par des hommes utilisant des femmes. En tant que féministe, je suis opposée à cela ! 48. Quelle différence y a-t-il entre la prostitution et un couple qui va au lit après que l’homme ait payé à boire à la femme durant toute la soirée ? Avec cette question, vous niez aux femmes le droit à une sexualité bien à elles. Vous semblez croire que les femmes n’éprouvent pas de désir par elles-mêmes, qu’elles peuvent seulement se prêter aux désirs des garçons et des hommes, à condition que ceux-ci paient pour, en argent comptant ou en consommations. La journaliste suédoise Annika N. Lindqvist explique la situation ainsi : 49. Être anti-prostitution, c’est être anti-sexe. Non, c’est tout à fait le contraire ! Si vous aimez le sexe, vous devriez être contre la prostitution. Aussi disons-nous avec l’auteure suédoise Louise Eek : « Ce n’est pas considéré comme original ou branché de s’opposer au système prostitutionnel. Il est censé être plus “cool” de promouvoir l’accès tarifé à son corps. Pour ma part, je suis contre l’exploitation, qu’elle soit consciente ou pas. Je n’aime pas non plus gagner de l’argent sur le dos des autres. Je préfère faire l’amour, baiser à fond de train, avoir des rapports souvent ou rarement, mais le faire parce que nous en avons vraiment envie, et non parce qu’on nous paie pour satisfaire les besoins de quelqu’un d’autre. » EN SOMME… Dans cette brochure, nous avons essayé de proposer des réponses aux arguments les plus courants entendus au sujet de la prostitution. Mais pour conclure, nous aimerions prendre le problème à rebours, en exprimant nos propres raisons de contrer la prostitution et d’appuyer la loi suédoise qui interdit l’achat d’actes de prostitution. 1. La prostitution est du pouvoir sexualisé. Un pouvoir basé sur le genre, sur la classe sociale, sur l’ethnicité, etc. 2. Le fondement de la prostitution est la violence sexuelle infligée aux enfants. La majorité des personnes achetées en contexte prostitutionnel ont souffert d’autres formes d’agressions sexuelles avant d’arriver là, ce qu’elles font souvent aux alentours de 14 ans. 3. La prostitution fait du mal aux femmes. Les femmes vivent en prostitution de la violence sexualisée et risquent de contracter des maladies et des traumatismes psychologiques. De plus, ce sont toutes les femmes qui souffrent de la subordination des femmes et du principe qu’on peut les acheter. 4. La prostitution est un mode d’oppression. Des hommes achètent l’accès aux femmes et humilient celles qu’ils utilisent. De même, la dichotomie “vierge/putain” entrave la liberté de l’ensemble des filles et des femmes. 5. La prostitution est de l’impérialisme. Des hommes occidentaux violent des femmes et des enfants du tiers-monde, que ce soit en s’y rendant ou en achetant à domicile des victimes de la traite. Ce n’est pas non plus une coïncidence si tant de femmes utilisées dans la prostitution, par exemple au Canada, en Amérique du Sud, en Nouvelle Zélande et en Afrique, proviennent des populations indigènes de ces pays. 6. La prostitution nous dérobe à nous les femmes le droit à notre propre corps. Les garçons apprennent qu’ils ont droit à du sexe et au corps des femmes, alors que les filles apprennent à façonner leur corps pour en faire quelque chose qui excite les garçons. On attend des hommes qu’ils agissent en sujets, et des femmes qu’elles soient des objets. 7. L’égalité ne peut être réalisée tant que des hommes peuvent acheter des femmes. La sexualisation des structures du pouvoir patriarcal est le contraire même de l’égalité. 8. La prostitution sabote une sexualité basée sur le désir. La prostitution contribue à l’objectification des femmes, et à la marchandisation/réification du sexe. 9. Criminaliser les femmes en prostitution équivaudrait à rendre illégale la condition de victime de violence sexualisée. 10. Ne pas criminaliser les délinquants-prostitueurs revient à accepter l’oppression que nous venons de décrire. Notes 9. Il s’agit d’une technique éprouvée de suppression (décrite par la féministe norvégienne Berit Ås) : la double contrainte, où l’on est perdante quoi qu’on fasse. – Version anglaise de ce texte : « Speaking of Prostitution – Arguments & Counterarguments about prostitution ». © Kvinnofronten/The Women’s Front, 2013. – Les trois parties de la brochure : – Vous arrive-t-il d’entendre des arguments auxquels nous n’avons pas répondu ici ? Veuillez nous en informer par courriel à speakingof@kvinnofronten.nu Lexique : Le lexique concerne les trois parties de cette brochure. Réactionnaire = Désireux de revenir à un état politique antérieur, réticent au changement. © Kvinnofronten/The Women’s Front, 2013. Mis en ligne sur Sisyphe, le 8 septembre 2013 |