Le 18 novembre dernier, une activité « À livres ouverts » a eu lieu pour favoriser le vivre-ensemble et encourager le dialogue entre la communauté musulmane et la population. Elle se déroulait au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de la Capitale-Nationale.
En regardant les photos de l’évènement et en lisant les journaux qui ont couvert cette activité, on remarque que les femmes voilées (aucune musulmane non voilée n’était présente) occupent l’avant-scène. Ce sont elles qui ont parlé du sentiment d’insécurité qui les a longtemps rongées après la tragédie, sans oublier de profiter de l’occasion de défendre le port du voile en répétant qu’il s’agit « d’un choix personnel ». Aussi, elles n’ont pas manqué l’occasion de revenir sur le projet de la charte de la laïcité, complètement oublié même de la part du Parti québécois.
Des femmes, toutes voilées bien sûr, déplorent qu’une minorité de personnes soient hostiles à leur présence, une situation qu’elles attribuent largement à une méconnaissance de leur religion.
Cette activité avec la communauté musulmane était l’occasion parfaite pour briser les préjugés et poser des questions plus délicates, explique Lucille Langlois, responsable des pratiques interculturelles au CIUSSS de la Capitale-Nationale.
La première question qui m’est venue à l’esprit : Est-ce que de telles démarches valorisent ou nuisent au vivre-ensemble ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord examiner les malentendus et les préjugés les plus tenaces concernant « la communauté musulmane ».
Or, cette communauté n’existe pas. Les musulmans au Québec sont originaires d’une trentaine de pays différents, parlant une dizaine de langues et de traditions et de culture variées.
Même si des individus et des organisations issus des pays du Maghreb (plusieurs parmi eux adhèrent ou appuient un islam politique totalitaire) ont décidé que l’identité maghrébine est exclusivement musulmane, et se sont donné le mandat de parler au nom de tous les citoyens et citoyennes originaires des pays musulmans vivant au Québec, le gouvernement, les médias et d’autres organisations ou partis n’ont pas le droit de contribuer à leur faciliter la tâche, en nuisant à l’ensemble des citoyens et citoyennes de culture musulmane.
Donc, prétendre que ce genre d’activités favorise et encourage le dialogue entre la communauté musulmane et la population est complètement faux. Ce genre d’activité, au contraire, permet aux individus et organismes qui prétendent défendre les musulmans de les garder en otage, favoriser le prosélytisme et isoler les immigrants de confession musulmane de l’ensemble des citoyens.
Deuxièmement, depuis quand le vivre-ensemble passe-t-il par la connaissance de la religion de l’autre ?
L’histoire ancienne et actuelle nous enseigne que la religion en dehors du domaine privé est une source de division et de conflit, même à l’intérieur de la même famille.
Promouvoir la diversité culturelle passe par la culture qui rassemble (musique, littérature, danse, la cuisine, etc.) et non pas par l’acceptation des pratiques religieuses ostentatoires et provocatrices). Une religion est une croyance et non pas une culture. Sans exclure le religieux, le multiculturalisme, l’interculturalisme et la diversité culturelle seront confisqués par le religieux et deviennent une source de tension et de méfiance. D’ailleurs, toute manifestation autour des différentes cultures exprimées par la beauté et la créativité est saluée par l’ensemble de la population. Ce n’est pas le cas par les manifestations religieuses. Sans oublié que c’est la laïcité et la démocratie qui ont établi la paix sociale et ont mis fin aux guerres des religions en Occident et ailleurs.
Ce n’est donc pas par hasard que la laïcité est une composante essentielle de la civilisation occidentale.
La responsabilité du gouvernement est de protéger les citoyens, de les traiter, non en tant que membres des communautés religieuses, mais comme des citoyens qui jouissent des mêmes droits, devoirs et privilèges.
Pour la commémoration de la tragédie du 29 janvier 2017, je propose une soirée sur la diversité culturelle, où la musique québécoise, arabe, africaine, afghane, iranienne sera à l’honneur.