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lundi 6 juin 2005 Dis-moi, « le genre », ça veut dire quoi ?
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J’ai alors cherché à voir comment ce mot était actuellement employé, essentiellement dans le domaine des recherches en sciences sociales, mais aussi dans le domaine politique, les deux n’étant pas - en l’occurrence - dissociables. Et voici ce que j’ai - notamment - lu :
I. J’ai lu que pour certain-es le genre était un concept (1) ; pour d’autres, un appareillage, une approche, une base, un catalyseur, une composante, une catégorie d’analyse, une condition, une dimension, un domaine, un enjeu, une épistémologie, une idéologie, un langage, un mécanisme, une notion, un outil analytique, un paradigme, une perspective, une problématique, une question, un révélateur, un rôle, un système, une thématique, une variable, un vecteur de valeur… II. J’ai lu que l’on distinguait les études/recherches genre, de genre et sur le genre ; que l’on parlait de genre ou du genre ; que le mot était au singulier et/ou au pluriel. J’ai lu aussi qu’il y avait des études/recherches sur les rapports de sexe et de genre, sur les rapports sociaux de genre, sur les gender studies et les gender studies à la française… III. J’ai lu qu’il y avait des recherches : – Concernant le genre du monde, le genre de la nation, le genre de la politique, le genre des lettres, le genre en Mauritanie, le genre aux Etats-Unis, le genre des politiques publiques, le genre de l’emploi de proximité, le genre des politiques du temps de travail, le genre du capital social, le genre des territoires, le travail du genre… – Mais aussi sur : genre et action politique, genre et bioéthique, genre et citoyenneté, genre et commerce, genre et création, genre et culture, genre et droit de la famille, genre et eau, genre et économie, genre et égalité, genre et emploi, genre et empowerment, genre et espaces publics, genre et fait religieux, genre et familles, genre et grammaire, genre et justice sociale, genre et marché du travail, genre et militantisme, genre et mode d’entrée dans l’action collective, genre et mondialisation, genre et mort de la culture chrétienne, genre et multiculturalisme, genre et mutations, genre et pauvreté, genre et politique, genre et pouvoir, genre et publicité, genre et rapports sociaux, genre et rapports sociaux de sexe, genre et société, genre et relations internationales, genre et retraite, genre et sexisme, genre et temps de travail, genre et trafic d’êtres humains, genre et transition, genre et transport rural, genre et ville, genre et violences… – Et, enfin sur des articulations plus complexes telles que : Emploi, genre et migration ; genre, socialités et santé ; savoir, genre et rapports sociaux de sexe ; société, famille et genre ; femmes, genre et sociétés ; genre, violences et santé ; travail, genre et société ; changement social, genre et population ; démographie, genre et société ; genres, art et création ; genre, action humanitaire et développement ; culture, religion et genre ; genre, violences sexuelles et justice ; immigration, féminisme et genre ; violences, insécurité et genre ; genres, violences et crises… – J’ai lu que de nombreuses recherches traitaient du genre social et genre sexuel, beaucoup moins de classes et genre, et, plus récemment, que la question des rapports entre race et genre était posée : on traite ainsi de race, genre et sexe ; race, genre et classes ; races, castes et genre… IV. J’ai lu qu’il fallait penser le genre ; accepter les prémisses d’une influence de l’appartenance du genre sur la vision du monde ; que le genre devait être analysé, compris, exploré, exploité, intégré, théorisé ; qu’il fallait chausser les lunettes du genre ; avoir une attention spécifique au genre ; promouvoir les questions relatives au genre ; transmettre les études genre… J’ai lu que le genre oblige à repenser les catégories et schémas d’analyse ; que les rapports de genre traversent tous les domaines ; que les problématiques de genre se succèdent, se chevauchent, se croisent et s’affrontent ; que le genre avait des vertus heuristiques ; que les représentations de genre participent à la création des réalités sociales et économiques ; que le droit de penser le genre s’était affirmé ; que nul-le n’est censé-e ignorer le genre… V. J’ai lu que l’on se posait de nombreuses questions sur le genre : La recherche peut-elle faire l’économie du genre ? Comment corréler le sexe au genre ? Quel genre pour l’égalité ? Le genre a t-il un impact sur les politiques ? Quels sont les effets du genre ? Quels recoupements peut-on faire entre le sexe et le genre ? Quel avenir pour le genre ? Faut-il parler d’identité de sexe, d’identité sexuée ou d’identité de genre ? Peut - on penser la science sans conscience de genre ? genre ou sexe, à qui ça profite ? … VI. J’ai lu qu’il y avait des activités, des banques de données, des bibliographies, des bureaux, des catalogues, une charte internationale, des éditions, des expert-es, des formations, des formateurs/trices, des fonds, des forums internationaux, des indicateurs, des initiatives, des ingénieur-es du concept, des instituts, des pôles, un portail, des programmes, des réseaux, des revues, des sites internet, des statistiques, des unités… genre, en genre, de genre, du genre, sur le genre, au singulier ou au pluriel… J’ai lu que le genre a permis de quitter le ghetto des études sur les femmes… VI. J’ai lu que l’histoire était saisie par le genre ; que toute mutation historique s’accompagne d’un ajustement du genre ; que le genre propose une relecture sexuée des évènements et phénomènes historiques ; que l’histoire des femmes a conduit à l’histoire des genres ; que l’histoire des genres s’est substituée à l’histoire des femmes… J’ai lu qu’il en était peu ou prou de même en sociologie, en philosophie, en anthropologie, en grammaire, en analyse littéraire, en économie, en arts visuels… J’ai lu que le droit devait introduire le genre dans sa structuration ; qu’inclure l’identité de genre dans les textes juridiques était un devoir incontournable ; que le genre était lié aux inégalités en matière de droits ; que les lois étaient aveugles au genre ; qu’il y a une justice de genre ; qu’il y avait une équité de genre ; qu’il fallait définir l’égalité des genres ; qu’il y avait des recherches sur la science du droit et des politiques du genre ; que la question du genre et de l’état de droit était posée… VII. J’ai lu qu’il y avait des appartenances de genre, des conflits de genre, des consciences de genre, des discriminations de genre, une hiérarchie de genre, des inégalités de genre, des pratiques de genre, des privilèges de genre, des rapports de genre, des représentations de genre, des rôles de genre, des sentiments d’appartenance au genre… J’ai lu qu’il y avait des identités de genre ; que l’identité de genre est à la source de l’identité de soi ; que l’identité de genre est qui permet à l’enfant de se dire garçon ou fille ; que l’identité de genre, c’est se savoir appartenir à un sexe précis ; que l’identité de genre, c’est se savoir mâle ou femelle ; que la discrimination liée à l’identité de genre s’intitule la transphobie… VIII. J’ai lu que les femmes sont un genre parce qu’elles ont un sexe ; que le genre implique qu’il n’y a pas de sexe que féminin ; que les femmes précèdent le genre et le genre précède les femmes ; que le genre invite à réfléchir sur les différences entre les femmes… J’ai lu que le genre permet de comprendre comment les sociétés différencient les hommes et les femmes… J’ai lu que l’on parlait de sexe et/ou de genre ; de système sexe/genre ; des femmes, du sexe et du genre ; de : ’femmes, sexes ou genre’ ; de différences de sexe et du genre… J’ai lu qu’il fallait distinguer entre sexe et genre ; que le genre coïncide avec le sexe ; que le genre produit le sexe ; que le genre colle au sexe avant même que le sexe n’existe réellement ; que le sexe des individus s’est transformé en genre ; qu’il y avait des effets pervers à la distinction entre sexe et genre ; que le sexe n’exprime pas le genre mais aussi que le genre n’exprime pas le sexe ; que le genre dénaturalise la différence des sexes ; qu’il faut dénaturaliser le lien entre sexe et genre ; que le genre construit le sexe biologique ; que le genre n’est pas la conséquence du sexe biologique… J’ai lu que les genres concernent les sexes et, de ce fait, la sexualité ; qu’il y a un lien dialectique entre genre et sexualité ; qu’il y a des sexualités de genre ; que la sexualité était évincée dans les études de genre… J’ai lu qu’il y avait des rapports de genre et des rapports de couple dans la vie sexuelle… IX. J’ai lu que le genre est le sexe social ; que le genre est la construction sociale des sexes ; que le genre est le savoir sur la différence sexuelle ; que le genre est la construction sociale d’une identité sexuelle à partir du sexe biologique ; que le genre est le système qui organise la différence hiérarchisée entre les sexes ; que le genre est l’élément constitutif des rapports sociaux fondé sur des différences perçues entre les sexes… J’ai lu que le genre a permis de sortir d’une vision jusqu’alors tronquée des réalités sociales ; que le genre est indissociable de la classe sociale ; qu’il y avait des intérêts de classe et de genre ; que l’on a introduit les femmes - et le genre - dans le social… X. J’ai lu que le genre est la différence des sexes construite socialement et culturellement ; que le genre est le caractère culturel des relations entre les sexes… XI. J’ai lu que le genre est une façon première de signifier les rapports de pouvoirs ; que le genre est au croisement d’autres rapports de pouvoirs… XII. J’ai lu que les politiques doivent être fondées sur le genre ; qu’il fallait intégrer la notion de genre dans les programmes, les projets sur le terrain et les structures internes des organisations… XIII. J’ai lu que le mot genre était polymorphe ; que l’on s’interroge sur la validité du mot genre ; que les études genre sont traversées de débats, de controverses et de polémiques ; qu’il y a des conceptions distinctes de la notion de genre ; que cohabitent diverses explications du genre comme concept explicatif, central ou incident ; que le genre ne peut se comprendre que dans la diversité de ses usages ; que le sens du mot genre n’est pas encore fixé et que des désaccords persistent ; que le genre avait subi de profondes transformations dans sa conception… J’ai lu que l’on critique les barrières de genre, la binarité du genre, la bicatégorisation du genre, l’abstraction du genre, la dépolitisation induite par l’emploi du mot genre, l’euphémisation du genre, l’essentialisme du genre, l’inflation du mot genre et son usage routinier, l’institutionnalisation des études sur le genre, la théâtralisation du genre, la manipulation du genre, la normativité du genre, le terrorisme de genre ; que le mot genre était trop académique, aseptisé, poli ; que le genre était une fiction… J’ai lu que l’on reproche au genre de se glisser dans l’opposition nature/culture et de mélanger débat philosophique et débat politique, notamment entre égalité et différence… XIV. J’ai lu que le mot genre cohabite encore avec :
J’ai lu que la perspective féministe a eu pour effet un renforcement social de l’identité de genre… XV. J’ai lu qu’il y a toujours un genre humain ; qu’il y a toujours eu deux genres humains : celui de l’homme et celui de la femme ; que le genre pouvait concerner les hommes et les femmes, les hommes ou les femmes, le masculin ou le féminin ; que le genre, masculin ou féminin est l’ensemble des attributs qu’une société attache aux individus selon qu’ils soient hommes ou femmes à la naissance ; que le genre est le processus de définition du masculin et du féminin dans une société donnée... J’ai lu qu’il y avait un nouveau genre masculin/féminin... J’ai lu que les femmes sont devenues un genre humain distinct… J’ai lu que le genre masculin n’est pas neutre ; que l’homme était le genre dominant, mais que certains s’interrogeaient sur le fait de savoir s’il était un genre en péril ou un genre à éliminer, et même sur le fait de savoir s’ils appartenaient au genre humain… J’ai lu qu’il y avait des couples du même genre… J’ai lu que la question de l’articulation entre la virilité, la féminité et le genre était mal connue… XVI. J’ai lu qu’il y avait des rapports genrés, des analyses genrées, des pouvoirs genrés, un mainstreaming genré, des rapports genrés de sexe… XVII. J’ai lu que la construction du genre a permis l’invention de l’hétérosexualité… J’ai lu que l’orientation sexuelle relève du genre - mais aussi - : n’a rien à voir avec le genre ; que le sexe, le genre et l’orientation sexuelle sont liés ; qu’il y a des questions, des inégalités, des discriminations relatives à - ou en raison de, ou fondées sur - l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre ; que le genre signifiait les rapports conflictuels entre personnes d’orientation sexuelle différente ; que l’orientation sexuelle signifiait le choix du genre des partenaires érotiques ; que des lesbiennes, des gais, des bi, des trans s’interrogent sur leur orientation sexuelle ou leur identité de genres ; que personne ne doit être tué en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre… J’ai lu que, dans une bibliothèque, sous l’intitulé : Service des Droits de l’homme, il y avait un fonds ’sexe, genre et orientation sexuelle’. J’ai lu que les lesbiennes sont doublement discriminées par leur sexualité et par leur genre ; qu’elles restent fortement tributaires du système de genre ; que certaines lesbiennes sont hostiles au genre masculin ; qu’il y avait une catégorie de genre lesbien, mais aussi des genres lesbiens et gais… J’ai lu qu’il était exigé un traitement égalitaire des discriminations fondées sur le sexe, l’orientation sexuelle et l’identité de genre et que celui-ci devait être aligné sur celui combattant les discriminations racistes et antisémites… XVIII. J’ai lu qu’il y avait des femmes trans-genre, des hommes trans-genre, des personnes trans-genres, des personnes transsexuelles et transgenres, une communauté transgenre ; qu’il y a une oppression des transgenres, une libération des transgenres ; un transgenrisme ; que les transgenres sont des personnes vivant - avec ou sans opération - un genre différent de celui assigné par la société au regard de leur sexe biologique ; que les trans (2) ne sont pas caractérisables par l’orientation sexuelle, que les discriminations dont ils/elles font l’objet étant fondées sur leur identité de genre… XIX. J’ai lu que la pensée queer permettait de poser la question de la place relative du genre à partir de l’orientation sexuelle ; que la théorie queer relativise la sexualité et le genre ; que les queer étaient la politique d’un nouveau genre ; que la théorie queer est attirée par le transgenre ; que la théorie queer est une possibilité de penser le sexe et le genre vitale pour toutes les personnes en questionnement sur leur identité ou confrontés à la répression hétéro normative… XX. J’ai lu que la liberté d’expression de l’identité de genre devrait inclure le droit à l’ambiguïté de genre et à la contradiction de genre ; qu’il y avait des variations intragenre… XXI. J’ai lu qu’il fallait rejeter le genre, faire et défaire le genre, déconstruire le genre ; qu’il y avait des contre-discours sur le genre, des troubles dans le genre ; que l’on réfléchissait sur l’inversion du genre ; que la question de la déconstruction de toute catégorie (ni ’sexe’, ni ’genre’) était posée… XXII. Enfin, j’ai cru, ici, utile de relever l’emploi - disons ’ordinaire’(3) - de ce terme dans la presse récente : ce genre de propos, un genre louche, un mauvais genre, mon genre préféré, une carrière d’un nouveau genre, des insultes de tous genres, ce genre de lectures, le genre ’gars’ et le genre ’fille’, être unique en son genre, une photo de ce genre, une photo de genre… Je ne pense pas nécessaire de prolonger plus avant ce - partiel - recensement. Si j’ai voulu procéder à ce petit travail, c’est parce que, depuis des années, je ressens un grand malaise concernant l’emploi de ce mot. Aujourd’hui, j’éprouve donc le besoin de dire ce que je sentais, ce que je savais depuis longtemps sans m’être plus avant investie dans la déconstruction et donc dans la critique de ce terme - et ce que beaucoup pensent sans oser le dire, tant ce mot a envahi les institutions, les politiques et les recherches depuis des années - à savoir que ce mot en lui-même ne veut [plus ?] rien dire… Mon malaise est devenu confirmation : les tentatives de faire du « genre » un concept ont échoué. Le genre n’est pas un concept, ce terme étant pris dans la signification - minimale - d’une « élaboration intelligible et opératoire dans un champ théorique défini ». Mais plus profondément et sans pour autant qu’il soit nécessaire de partager mon analyse critique - c’est-à-dire au seul constat de l’extrême confusion que l’emploi de ce terme a permis, justifié et entretenu - il me semble qu’il est grand temps de s’interroger sur : * Les raisons politiques de la disparition d’autres problématiques, concepts, mots [’femmes’, ’féminisme’ et ’patriarcat’ étant sans doute les plus signifiants] auxquels il s’est progressivement mais rapidement et si efficacement substitué… * Le rôle, la fonction politique qu’a joué son introduction dans le domaine de la pensée, dans le domaine politique… Comment ne pas voir - sans être ni épistémologue, ni même féministe - ce qui se joue dans le passage de l’analyse fondée sur la substitution du mot genre à une analyse fondée sur la reconnaissance que les violences masculines à l’encontre des femmes sont indissociables de la prise en compte de leur codification politique et juridique patriarcale ? Comment ne pas voir que parler de genre et violences à l’encontre des femmes, femmes victimes de violences de genre, violence domestique et de genre, violences liées aux discriminations de genre, genre et violences faites aux femmes, violences de genre, violences liées au genre, violences basées sur le genre, violence de genre, le genre des violences… évacue la question du sexe des auteurs de ces violences ? Qu’il en est de même des analyses évoquant la dévalorisation par les violences du genre féminin ; considérant que les violences envers les femmes sont une question centrale des études de genre ; affirmant la nécessité de penser la violence à partir des femmes et du genre ; déclarant que la violence fondée sur le genre est synonyme de violence exercée contre une - ou des - femme-s … En conclusion, pour répondre à ceux et à celles qui répondent à cette critique - qui n’est pas neuve et dont je n’ai pas, tant s’en faut, le monopole - qu’en utilisant ce terme, ils/elles n’ont pas pour autant abandonné la prise en compte dans leurs analyses, du patriarcat, de la domination masculine, des rapports de domination entre les sexes, de [la critique de] l’égalité entre les hommes et les femmes… - ce qui est incontestable - je dis que la question ne me paraît pas devoir être posée en ces termes. Je considère que la question théorique, politique, centrale est que l’emploi de ce terme permet de produire des analyses qui font abstraction des rapports de domination patriarcaux. Plus encore, dès lors que l’on reconnaît - ce qui est difficilement niable - que tous les rapports de domination ont été construits sur l’évidence de la domination patriarcale, alors l’emploi du mot genre permet non seulement de faire abstraction des dits rapports, mais aussi de tous les autres. En conséquence, dès lors que ce mot est légitimé - et ce quel qu’en soit l’articulation avec d’autres outils d’analyse - l’analyse du monde peut ainsi être conceptuellement libérée de toute prise en compte non seulement du système patriarcal mais, en sus, de tous les systèmes de dominations fondés et structurés par lui. Le mot genre peut donc être employé - et il l’est, incontestablement - pour justifier, légitimer l’absence de tout rapport de domination, de tout système de domination, de toute pensée de la domination, de toute domination. Et donc de tout pouvoir. (4) Notes 1. Position que j’ai, moi aussi, un temps, affirmée : […] « Quant au concept de « genre », c’est à dire l’ensemble des règles selon lesquelles les sociétés transforment les conditions biologiques de la différence en normes sociales, très prégnant aux Etats-Unis, il commence à pénétrer en France […] ». Marie-Victoire Louis, Recherches sur les femmes, recherches féministes. [….] In : L’Etat des Sciences sociales en France. Sous la direction de Marc Guillaume. Éditions La Découverte. 1986. p. 460. – On peut télécharger ce texte en format word sur le site de l’auteure. Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 mai 2005. English version here, Translated by Sheila Malovany-Chevallier, October 23, 2005 |