|
dimanche 29 juin 2003 L’autonomie de la FFQ, véritable enjeu de l’élection à la présidence
|
DANS LA MEME RUBRIQUE Manifeste du Front Féministe Confondre le sexe biologique et le genre nuit aux droits des femmes L’intersectionnalité : Les invectives grotesques et les procès d’intention ! Les mille et une façons de tuer une femme Pour un féminisme universaliste Fées cherchent Île Oasis L’universalisme est inhérent au féminisme Contre le racisme des bons sentiments qui livrent les femmes au patriarcat oriental Les filles, ne baissez pas les bras ! La Ville de Québec a dévoilé quatre plaques commémoratives en hommage à des femmes ayant marqué son histoire Qu’est-ce qu’une femme ? La sororité est-elle possible ? L’intersectionnalité dévoyée : le cheval de Troie des islamistes Le système patriarcal à la base des inégalités entre les sexes #8mars - Les "étincelles" de Sophie Grégoire Trudeau Désolée, vous n’êtes pas égales Élaine Audet et Micheline Carrier, récipiendaires du Prix PDF QUÉBEC 2016 Vous avez dit "mauvais genre" ? Lorraine Pagé trace un tableau de la situation des femmes dans le monde Sexisme politique, sexe social Révolution féministe : site féministe universaliste et laïc Il faut abolir les prisons pour femmes Le féminisme islamique est-il un pseudo-féminisme ? Pour un féminisme pluriel Cachez-moi ce vilain féminisme Féminisme - Le Groupe des treize veut rencontrer la ministre à la Condition féminine Lise Thériault Combattre le patriarcat pour la dignité des femmes et le salut du monde Martine Desjardins parle du Sommet des femmes à Montréal Banaliser la misogynie, c’est dangereux Féminisme - Faut-il faire le jeu du "Diviser pour régner" ? Je suis blanche et vous me le reprochez ! La pensée binaire du féminisme intersectionnel ne peut que mener à l’incohérence Lutter contre la pauvreté des femmes et la violence des hommes envers elles "Du pain et des roses" - Le 26 mai 1995, une grande aventure débutait Portrait des Québécoises en 2015 - L’égalité ? Mon œil ! Je plaide pour un féminisme qui n’essaie pas de s’édulcorer La Maison de Marthe, première récipiendaire du Prix PDF Québec Ensemble, réussir la 4ième Marche Mondiale des Femmes ! Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous resterons en marche ! Des "Déchaînées" aux genoux du patriarcat ! L’intervention féministe intersectionnelle – Troquer un idéal pour une idéologie trompeuse ? Ce que révèle l’alliance de certains musulmans avec la droite réactionnaire Au cœur de la division du mouvement féministe québécois : deux visions Désaccord sur le virage de la Fédération des femmes du Québec Féminisme islamique - Quand la confusion politique ne profite pas au féminisme États généraux du féminisme - Des sujets importants écartés : "De qui ou de quoi avons-nous peur ?" PDF Québec est lancé ! - Une voix pour les droits des femmes États généraux et FFQ - Un féminisme accusateur source de dissension Ignorer et défendre la domination masculine : le piège de l’intersectionnalité Comment les hommes peuvent appuyer le féminisme Le féminisme contemporain dans la culture porno : ni le playboy de papa, ni le féminisme de maman Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité Les micro-identités et le "libre choix" érigé en système menacent les luttes féministes La misogynie n’a pas sa place dans le féminisme L’écriture équitable - La féminisation des textes est un acte politique Réfutation de mensonges au sujet d’Andrea Dworkin Une éducation féministe donne de meilleurs fils "Rien n’a encore pu me détruire" : entretien avec Catharine A. MacKinnon France - La mainmise des hommes sur le monde de la radio États généraux sur le féminisme au Québec/FFQ - Des exclusions fondées sur des motifs idéologiques et des faussetés Le mouvement des « droits des hommes », la CAFE et l’Université de Toronto Mensonges patriarcaux - Le mouvement des « droits des hommes » et sa misogynie sur nos campus Féministes, gare à la dépolitisation ! Les féminismes individualiste et postmoderne "Les femmes de droite", une oeuvre magistrale d’Andrea Dworkin "Je suis libre", une incantation magique censée nous libérer des structures oppressives Trans, queers et libéraux font annuler une conférence féministe radicale à Londres « Le féminisme ou la mort » "Des paradis vraiment bizarres" - "Reflets dans un œil d’homme ", un essai de Nancy Huston Quand les stéréotypes contrôlent nos sens "Agentivité sexuelle" et appropriation des stratégies sexistes Cessons de dire que les jeunes femmes ne s’identifient pas au féminisme ! Un grand moment de féminisme en milieu universitaire Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine Résistance au sexe en contexte hétérosexuel La CHI - Un humour dégradant et complice de l’injustice sociale "Heartbreak", une autobiographie d’Andrea Dworkin Hockey, suicide et construction sociale de la masculinité Polémique sur l’enseignement du genre dans les manuels scolaires en France Le "Gender" à l’américaine - Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal 2011-2015 - Un plan d’action pour un Québec égalitaire NousFemmes.org L’égalité inachevée Journée internationale des femmes 2011 - Briser le silence sur toutes les formes de sexisme En France et ailleurs, 2010, une mauvaise année pour les femmes Ce qu’est le féminisme radical Polygamie - Le Comité de réflexion sur la situation des femmes immigrées et “racisées” appuie l’avis du CSF Il y a trois ans, mon cher Léo... La Fédération des femmes du Québec représente-t-elle toutes les femmes ? Tout est rentable dans le corps des femmes... pour ceux qui l’exploitent Incessante tyrannie Comment le patriarcat et le capitalisme renforcent-ils conjointement l’oppression des femmes ? Égalité ou différence ? Le féminisme face à ses divisions Le "gender gap" dans les Technologies de l’information et de la communication La Marche mondiale des femmes dix ans plus tard Azilda Marchand : une Québécoise qui fut de tous les combats pour les femmes ! Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ? Prostitution et voile intégral – Sisyphe censuré par le réseau féministe NetFemmes Regard sur l’égalité entre les femmes et les hommes : où en sommes-nous au Québec ? Féminisme en ménopause ? Ce n’est pas la France des NOBELS ! Écarter d’excellentes candidates en médecine ? Inadmissible ! Trois mousquetaires au féminin : Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton et Matilda Joslyn Gage La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques Lettre à Patric Jean, réalisateur de "La domination masculine", et à bien d’autres... Une grande féministe, Laurette Chrétien-Sloan, décédée en décembre 2009 Le travail, tant qu’il nous plaira ! Comme une odeur de misogynie La patineuse Invasion du sexisme dans un lycée public Magazines, anorgasmie et autres dysfonctions "Toutes et tous ensemble pour les droits des femmes !" Cent ans d’antiféminisme MLF : "Antoinette Fouque a un petit côté sectaire" Des femmes : Une histoire du MLF de 1968 à 2008 Qui est déconnectée ? Réponse à Nathalie Collard Manifeste du rassemblement pancanadien des jeunes féministes Pour une Charte des droits des femmes Andy Srougi perd sa poursuite en diffamation La lesbienne dans Le Deuxième Sexe Le livre noir de la condition des femmes La percée de la mouvance masculiniste en Occident Procès du féminisme Humanisme, pédocriminalité et résistance masculiniste Une critique des pages sur le viol du livre "Le Plaisir de tuer" Mise au point sur la suspension d’un article critiquant le livre du Dr Michel Dubec Pour éviter de se noyer dans la (troisième) vague : réflexions sur l’histoire et l’actualité du féminisme radical L’égalité des femmes au Québec, loin de la coupe aux lèvres ! Je suis féministe ! Écoféminisme et économie Poursuite contre Barbara Legault et la revue "À Bâbord !" - Mise à jour Biographie de Léo Thiers-Vidal Vivement le temps de prendre son temps ! Séances d’information pour le projet d’une Politique d’égalité à la Ville de Montréal Florence Montreynaud fait oeuvre d’amour et de mémoire Magazines pour filles, changement de ton ! Un 30e anniversaire de la JIF sous la fronde conservatrice L’égalité des femmes au Québec est-elle plus qu’une façade ? Colloque sur Antigone Prostitution et trafic sexuel - Dossier principal sur Sisyphe.org Golf : "Gentlemen only, ladies forbidden" ? Méchant ressac ou KIA raison ? Dégénération de "Mes aïeux", un engouement questionnant Les « Gender Studies », un gruyère confortable pour les universitaires Réflexions "scientifiques" du haut du Mont Grey Lock Madame, s’il vous plaît ! Annie Leclerc, philosophe Des arguments de poids... Pour hommes seulement Andrea Dworkin ne croit pas que tout rapport sexuel hétéro est un viol Peau d’Âme ou Beautés désespérées ? Réflexions et questionnement d’une féministe en mutation Mais pourquoi est-elle si méchante ? Le concours « Les Jeudis Seins » s’inscrit dans le phénomène de l’hypersexualisation sociale Aux femmes qui demandent - sans plus y croire - justice. Qu’elles vivent ! Jeux olympiques 2006 : félicitations, les filles ! 7e Grève mondiale des femmes - Le Venezuela donne l’exemple Évolution des droits des Québécoises et parcours d’une militante 2005, l’année de l’homme au Québec Mes "problèmes de sexe" chez le garagiste ! Brèves considérations autour des représentations contemporaines du corps OUI à la décriminalisation des personnes prostituées, NON à la décriminalisation de la prostitution "Femmes, le pouvoir impossible", un livre de Marie-Joseph Bertini L’AFEAS veut la représentation égalitaire à l’Assemblée nationale du Québec Elles sont jeunes... eux pas Dis-moi, « le genre », ça veut dire quoi ? Quand donc les hommes ont-ils renoncé à la parole ? Déconstruction du discours masculiniste sur la violence Les hommes vont mal. Ah bon ? La face visible d’un nouveau patriarcat Quelle alternative au patriarcat ? Le projet de loi du gouvernement Raffarin "relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste et homophobe" est indéfendable L’influence des groupes de pères séparés sur le droit de la famille en Australie Victoires incomplètes, avenir incertain : les enjeux du féminisme québécois Retrouver l’élan du féminisme Le droit d’éliminer les filles dans l’oeuf ? Des nouvelles des masculinistes Masculinisme et système de justice : du pleurnichage à l’intimidation Nouvelle donne féministe : de la résistance à la conquête Les masculinistes : s’ouvrir à leurs réalités et répondre à leurs besoins Nouvelles Questions féministes : "À contresens de l’égalité" S’assumer pour surmonter sa propre violence Sisyphe, que de rochers il faudra encore rouler ! Coupables...et fières de l’être ! Un rapport de Condition féminine Canada démasque un discours qui nie les inégalités de genre De la masculinité à l’anti-masculinisme : penser les rapports sociaux de sexe à partir d’une position sociale oppressive Les courants de pensée féministe Quelques commentaires sur la domination patriarcale Chroniques plurielles des luttes féministes au Québec Qu’il est difficile de partir ! Deux cents participantes au premier rassemblement québécois des jeunes féministes Le féminisme : comprendre, agir, changer Le féminisme, une fausse route ? Une lutte secondaire ? À l’ombre du Vaaag : retour sur le Point G L’identité masculine ne se construit pas contre l’autre Les hommes et le féminisme : intégrer la pensée féministe La misère au masculin Le Nobel de la paix 2003 à la juriste iranienne Shirin Ebadi Hommes en désarroi et déroutes de la raison Le « complot » féministe Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre Masculinisme et suicide chez les hommes Le féminisme, chèvre émissaire ! Les défis du féminisme d’aujourd’hui Les arguments du discours masculiniste Nouvelle présidente à la FFQ : changement de cap ? La stratégie masculiniste, une offensive contre le féminisme Le discours masculiniste dans les forums de discussion |
La Fédération des femmes du Québec vient de tenir un colloque, à la fin de mai, sur le thème " S’ouvrir à la diversité du mouvement des femmes. Tendances et résonances " et elle prépare un congrès d’orientation pour l’automne. À son assemblée générale annuelle qui a suivi ce colloque, les membres de la FFQ ont choisi une nouvelle présidente. Pour la première fois depuis 22 ans, la nouvelle présidente a été choisie à l’issue d’une élection et n’a pas été désignée par acclamation, comme on disait dans le temps. La presse écrite a surtout mentionné que l’ancienne présidente, Vivian Barbot, qui était à nouveau candidate, a été défaite. Par la suite des informations fragmentaires ont été publiées. Des femmes noires ont invoqué le racisme pour expliquer cette défaite de Vivian Barbot à la présidence de la Fédération des femmes du Québec. De son côté, Vivian Barbot invoque plutôt des problèmes à l’interne et une soi-disant lutte entre les féministes lesbiennes et les hétérosexuelles. La réalité est peut-être moins spectaculaire et surtout moins anecdotique.
La Fédération des femmes du Québec existe maintenant depuis 1966, près de quarante ans. Il vaudrait la peine de se pencher sur son histoire, (qui n’a malheureusement pas été faite) pour comprendre la nouvelle conjoncture. Sur le site internet de la FFQ, on passe sans transition de l’année 1966 à l’année 1992. Dans le dernier document d’orientation produit par la FFQ, Enraciner l’avenir, on consacre trois paragraphes aux années 1966-1990, et quatre pages aux années 1990-2003. Il est clair que l’action de la FFQ durant un quart de siècle est aisément occultée et qu’il s’est produit durant la dernière décennie des transformations importantes. Je voudrais les souligner mais dans le cadre plus vaste de l’évolution du féminisme québécois. La durée La première association féministe québécoise, la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, fondée en 1907, était devenue moribonde au bout de quarante ans, faute de relève. Elle s’est éteinte doucement après avoir célébré son cinquantenaire dans la nostalgie, en 1957. Cette association ne recevait aucun financement public et a pu, durant les premières décennies, financer ses opérations, acheter une maison, l’agrandir, en organisant des collectes de fonds. Elle a pu survivre si longtemps à cause du soutien financier des Sœurs du Bon Conseil de Montréal, congrégation religieuses fondée par la fille de la fondatrice de la FNSJB, Marie Lacoste Gérin-Lajoie. La Ligue des droits de la femme, fondée en 1928 par Thérèse Casgrain, et l’Alliance canadienne pour le vote des femmes du Québec fondée la même année par Idola Saint-Jean, disparaissent en 1945, après l’engagement politique de Thérèse Casgrain et le décès d’Idola-Saint-Jean. Leur durée ne dépasse pas vingt ans. Ces deux associations ne recevaient aucun financement public et avaient un budget basé essentiellement sur les cotisations des membres, les activités bénéfices et les commanditaires. Leur membership était peu important. Ces deux groupes, fortement identifiés à leur présidente fondatrice, n’ont pas survécu à leur départ. La Fédération des femmes du Québec a toutefois franchi le cap de la première génération et surtout, s’est assurée une relève significative. C’est cette relève qu’il faut donc examiner. On observera alors qu’il s’est produit des modifications importantes à plusieurs niveaux. Le membership Le membership de la Fédération des femmes du Québec s’est beaucoup transformé en quatre décennies. Fondée à l’origine comme un rassemblement de groupes féminins, la Fédération a cependant été dirigée principalement par des membres individuelles, réunies dans des conseils régionaux (Montréal, Québec, Sherbrooke, Thetford Mines, Chicoutimi et Lac Saint-Jean). Les premières présidentes et responsables étaient presque toutes issues du membership individuel dont le vote était déterminant au moment des assemblées générales. Durant les deux premières décennies, la FFQ était la championne des mémoires étoffés devant les diverses instances gouvernementales. Elle a contribué à la mise sur pied, en 1967, de la Commission Bird ; à la discussion du rapport de cette Commission royale d’enquête en 1971 ; à la demande d’un Conseil du statut de la femme, en 1970. Elle était la représentante autorisée des groupes de femmes. Plusieurs des membres privilégiaient l’analyse politique des situations. Mais à partir des années 1980, grâce à la présence de groupes autonomes de femmes plus radicaux apparus durant les années 1970, les femmes ont mis sur pied des services nombreux (emploi, soutien des femmes monoparentales, contre la violence domestique, santé des femmes, sage-femmes, agressions sexuelles, lutte à la pornographie, centres de femmes, etc), qui se sont regroupés à partir de 1980 et ont adhéré à la FFQ. Financés par divers paliers de gouvernement (fédéral, provincial et municipal), ces groupes sont devenus des membres beaucoup plus influents au sein de la FFQ. Leurs représentantes, contrairement aux membres individuelles, étaient des salariées du mouvement des femmes. Les membres individuelles, quant à elles, étaient des femmes actives sur le plan professionnel, la plupart devant aussi élever leur famille. Elles avaient moins de temps pour le militantisme. Progressivement, ces groupes de service ont acquis une influence prépondérante. L’ensemble de ces groupes a constitué, à l’instigation même de la FFQ, un grand regroupement nommé Le groupe des 13 en 1986, auquel s’est joint l’AFÉAS, l’autre groupe le plus influent du mouvement des femmes au Québec. Ce regroupement a donné à l’évènement Un Québec féminin pluriel, en 1992, initié par la FFQ, un retentissement exceptionnel, alors que le débat constitutionnel était à son apogée. Le financement À l’origine, la FFQ n’avait pas d’employées et ses responsables travaillaient bénévolement. Mais la Fédération a pu se prévaloir, à l’instar d’autres groupes féminins et féministes, de subventions statutaires de fonctionnement ou de projets. C’est une variable importante, essentielle à son évolution. Ce n’est que très progressivement que les responsables ont mis en place un secrétariat qui s’est développé au fur et à mesure que les activités se multipliaient et ont obtenu le financement nécessaire à la mise en place d’une permanence pour la publication de la revue, la préparation d’un congrès annuel, la rédaction des communiqués, la rédaction des mémoires, le service de secrétariat de plus en plus lourd. Toutefois, à partir de la fin des années 1980, avec la présence de gouvernements ouvertement néo-libéraux, autant à Québec qu’à Ottawa, les règles de financement ont été modifiées, créant des problèmes de gestion interne. À partir de ce moment, le financement par projets est devenu dominant et a remplacé le financement de fonctionnement. Par ailleurs, sur le plan canadien, la FFQa le statut d’organisme régional et n’a pu de ce fait, bénéficier du financement de fonctionnement prévu pour les organismes pan-canadiens, pendant de nombreuses années.. Le statut de la présidente En 1990, pour la première fois, après une crise interne complexe qu’il serait trop long de rapporter, la présidente de la FFQ est devenue elle même salariée, son statut se trouvant ainsi modifié par rapport aux membres du Conseil d’administration. Toutefois, la gestion interne de la FFQ continuait d’être assurée par une coordonnatrice. En 1994, arrive à la présidence de la FFQ Françoise David, qui demeure en poste sept ans, du jamais vu à la FFQ. Seule Ginette Busque avait présidé l’organisation pendant cinq ans, de 1984 à 1989. La plupart des présidentes avaient occupé le poste pour une durée quatre ans et moins. Or, la présidence de Françoise David a été très personnalisée et médiatisée, autre élément nouveau à la FFQ : aucune ancienne présidente n’a connu une telle notoriété, et pourtant, les états de service de chacune sont impressionnants quand on considère la grande quantité de dossiers qui ont été traités. On peut penser que le départ de Françoise David ait suscité de la nostalgie chez les permanentes. La réforme des structures et des actions En 1993, changement d’orientation et de structures à la FFQ. Les structures de représentation sont alors modifiées pour donner plus d’importance aux représentantes des regroupements de services : le pouvoir de décision va passer définitivement du côté des membres salariées. En même temps, la FFQ entreprend un virage pour se mettre au service des femmes les plus démunies et pour rejoindre les femmes du monde entier. Par ailleurs, l’action de la FFQ se polarise sur l’organisation d’événements spectaculaires et mobilisants, la Marche Du pain et des roses , en 1995 et l’organisation de la Marche mondiale des femmes en 2000. L’association avec des organismes plus larges Tout au cours de son existence, la Fédération des femmes du Québec a fait partie, par intermittence, d’un organisme féministe pan- canadien, le Comité National d’Action, mieux connu sous son sigle anglais NAC (National Action Committee). La participation a été intermittente à cause de la situation politique. À deux reprises, en 1982, au moment du rapatriement de la Constitution et en 1992, au moment du référendum de Charlottetown, la FFQ a quitté NAC parce que les représentantes du Canada s’opposaient à la position politique des déléguées québécoises. Cela n’est pas innocent. La FFQ a donc refusé à deux reprises d’être inféodée à un organisme extérieur à ses structures. Et pourtant, on propose en ce moment, dans le document qui prépare le congrès d’orientation de l’automne prochain, une nouvelle structure qui place la FFQ en dépendance d’un organisme international, issu de la Marche mondiale des femmes, le Mouvement mondial des femmes. Nous sommes donc en présence d’une triple mutation à la Fédération des femmes du Québec : dans le membership ; dans le statut de la présidente et dans les structures. Nous sommes même devant une proposition de les modifier à nouveau. Qu’il n’y ait pas consensus sur cette proposition est la moindre des choses. Qu’en résultera-t-il ? Les propos de Vivian Barbot, au moment de la dernière élection, laissent croire que son intention de garder l’autonomie de la FFQ, face au Mouvement mondial des femmes, a pu peser dans la balance au moment de l’élection. Elle craint que la FFQ ne devienne une coquille vide, et plusieurs membres sont de son avis. Et pourtant, on propose en ce moment, dans le document qui prépare le congrès d’orientation de l’automne prochain, (si on en croit l’organigramme de la page 22 du document Enraciner l’avenir. Une démarche essentielle de la FFQ,) une nouvelle structure qui place la FFQ en dépendance d’un organisme international, issu de la Marche mondiale des femmes, le Mouvement mondial des femmes. À tout prendre, l’élection de la nouvelle présidente de la FFQ est un signe de vitalité démocratique à la FFQ. Chose certaine, la FFQ a réussi à susciter une relève. C’est certainement l’élément le plus important. Mais la vigilance doit être au rendez-vous. L’ouverture entraîne les discussions. Espérons que le public et les journalistes finiront par comprendre que le mouvement féministe n’a jamais été unanime et que la pire des choses qui pourrait lui arriver serait de le devenir. Le débat féministe pose des questions fondamentales. En un siècle, ce mouvement politique a produit des changements importants. Mais comme le disait Thérèse Casgrain, en 1940, quelques jours après l’obtention du droit de vote pour les Québécoises : "Notre véritable travail ne fait que commencer ! ". Pour mémoire, voici la liste des personnes qui ont assumé la présidence de la FFQ depuis la fondation. Sans elles, la FFQ n’aurait pu franchir les décennies. Réjane Laberge-Colas : 66-67 (1 an) Mis en ligne sur Sisyphe le 13 juin 2003 LIRE ÉGALEMENT |