| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






dimanche 29 juin 2003

Les défis du féminisme d’aujourd’hui
Pour une réflexion collective

par Micheline Dumont, historienne






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Manifeste du Front Féministe
Confondre le sexe biologique et le genre nuit aux droits des femmes
L’intersectionnalité : Les invectives grotesques et les procès d’intention !
Les mille et une façons de tuer une femme
Pour un féminisme universaliste
Fées cherchent Île Oasis
L’universalisme est inhérent au féminisme
Contre le racisme des bons sentiments qui livrent les femmes au patriarcat oriental
Les filles, ne baissez pas les bras !
La Ville de Québec a dévoilé quatre plaques commémoratives en hommage à des femmes ayant marqué son histoire
Qu’est-ce qu’une femme ?
La sororité est-elle possible ?
L’intersectionnalité dévoyée : le cheval de Troie des islamistes
Le système patriarcal à la base des inégalités entre les sexes
#8mars - Les "étincelles" de Sophie Grégoire Trudeau
Désolée, vous n’êtes pas égales
Élaine Audet et Micheline Carrier, récipiendaires du Prix PDF QUÉBEC 2016
Vous avez dit "mauvais genre" ?
Lorraine Pagé trace un tableau de la situation des femmes dans le monde
Sexisme politique, sexe social
Révolution féministe : site féministe universaliste et laïc
Il faut abolir les prisons pour femmes
Le féminisme islamique est-il un pseudo-féminisme ?
Pour un féminisme pluriel
Cachez-moi ce vilain féminisme
Féminisme - Le Groupe des treize veut rencontrer la ministre à la Condition féminine Lise Thériault
Combattre le patriarcat pour la dignité des femmes et le salut du monde
Martine Desjardins parle du Sommet des femmes à Montréal
Banaliser la misogynie, c’est dangereux
Féminisme - Faut-il faire le jeu du "Diviser pour régner" ?
Je suis blanche et vous me le reprochez !
La pensée binaire du féminisme intersectionnel ne peut que mener à l’incohérence
Lutter contre la pauvreté des femmes et la violence des hommes envers elles
"Du pain et des roses" - Le 26 mai 1995, une grande aventure débutait
Portrait des Québécoises en 2015 - L’égalité ? Mon œil !
Je plaide pour un féminisme qui n’essaie pas de s’édulcorer
La Maison de Marthe, première récipiendaire du Prix PDF Québec
Ensemble, réussir la 4ième Marche Mondiale des Femmes ! Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous resterons en marche !
Des "Déchaînées" aux genoux du patriarcat !
L’intervention féministe intersectionnelle – Troquer un idéal pour une idéologie trompeuse ?
Ce que révèle l’alliance de certains musulmans avec la droite réactionnaire
Au cœur de la division du mouvement féministe québécois : deux visions
Désaccord sur le virage de la Fédération des femmes du Québec
Féminisme islamique - Quand la confusion politique ne profite pas au féminisme
États généraux du féminisme - Des sujets importants écartés : "De qui ou de quoi avons-nous peur ?"
PDF Québec est lancé ! - Une voix pour les droits des femmes
États généraux et FFQ - Un féminisme accusateur source de dissension
Ignorer et défendre la domination masculine : le piège de l’intersectionnalité
Comment les hommes peuvent appuyer le féminisme
Le féminisme contemporain dans la culture porno : ni le playboy de papa, ni le féminisme de maman
Refuser d’être un homme. Pour en finir avec la virilité
Les micro-identités et le "libre choix" érigé en système menacent les luttes féministes
La misogynie n’a pas sa place dans le féminisme
L’écriture équitable - La féminisation des textes est un acte politique
Réfutation de mensonges au sujet d’Andrea Dworkin
Une éducation féministe donne de meilleurs fils
"Rien n’a encore pu me détruire" : entretien avec Catharine A. MacKinnon
France - La mainmise des hommes sur le monde de la radio
États généraux sur le féminisme au Québec/FFQ - Des exclusions fondées sur des motifs idéologiques et des faussetés
Le mouvement des « droits des hommes », la CAFE et l’Université de Toronto
Mensonges patriarcaux - Le mouvement des « droits des hommes » et sa misogynie sur nos campus
Féministes, gare à la dépolitisation ! Les féminismes individualiste et postmoderne
"Les femmes de droite", une oeuvre magistrale d’Andrea Dworkin
"Je suis libre", une incantation magique censée nous libérer des structures oppressives
Trans, queers et libéraux font annuler une conférence féministe radicale à Londres
« Le féminisme ou la mort »
"Des paradis vraiment bizarres" - "Reflets dans un œil d’homme ", un essai de Nancy Huston
Quand les stéréotypes contrôlent nos sens
"Agentivité sexuelle" et appropriation des stratégies sexistes
Cessons de dire que les jeunes femmes ne s’identifient pas au féminisme !
Un grand moment de féminisme en milieu universitaire
Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation féminine
Résistance au sexe en contexte hétérosexuel
La CHI - Un humour dégradant et complice de l’injustice sociale
"Heartbreak", une autobiographie d’Andrea Dworkin
Hockey, suicide et construction sociale de la masculinité
Polémique sur l’enseignement du genre dans les manuels scolaires en France
Le "Gender" à l’américaine - Un verbiage qui noie la réalité du pouvoir patriarcal
2011-2015 - Un plan d’action pour un Québec égalitaire
NousFemmes.org
L’égalité inachevée
Journée internationale des femmes 2011 - Briser le silence sur toutes les formes de sexisme
En France et ailleurs, 2010, une mauvaise année pour les femmes
Ce qu’est le féminisme radical
Polygamie - Le Comité de réflexion sur la situation des femmes immigrées et “racisées” appuie l’avis du CSF
Il y a trois ans, mon cher Léo...
La Fédération des femmes du Québec représente-t-elle toutes les femmes ?
Tout est rentable dans le corps des femmes... pour ceux qui l’exploitent
Incessante tyrannie
Comment le patriarcat et le capitalisme renforcent-ils conjointement l’oppression des femmes ?
Égalité ou différence ? Le féminisme face à ses divisions
Le "gender gap" dans les Technologies de l’information et de la communication
La Marche mondiale des femmes dix ans plus tard
Azilda Marchand : une Québécoise qui fut de tous les combats pour les femmes !
Les hommes proféministes : compagnons de route ou faux amis ?
Prostitution et voile intégral – Sisyphe censuré par le réseau féministe NetFemmes
Regard sur l’égalité entre les femmes et les hommes : où en sommes-nous au Québec ?
Féminisme en ménopause ?
Ce n’est pas la France des NOBELS !
Écarter d’excellentes candidates en médecine ? Inadmissible !
Trois mousquetaires au féminin : Susan B. Anthony, Elizabeth Cady Stanton et Matilda Joslyn Gage
La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques
Lettre à Patric Jean, réalisateur de "La domination masculine", et à bien d’autres...
Une grande féministe, Laurette Chrétien-Sloan, décédée en décembre 2009
Le travail, tant qu’il nous plaira !
Comme une odeur de misogynie
La patineuse
Invasion du sexisme dans un lycée public
Magazines, anorgasmie et autres dysfonctions
"Toutes et tous ensemble pour les droits des femmes !"
Cent ans d’antiféminisme
MLF : "Antoinette Fouque a un petit côté sectaire"
Des femmes : Une histoire du MLF de 1968 à 2008
Qui est déconnectée ? Réponse à Nathalie Collard
Manifeste du rassemblement pancanadien des jeunes féministes
Pour une Charte des droits des femmes
Andy Srougi perd sa poursuite en diffamation
La lesbienne dans Le Deuxième Sexe
Le livre noir de la condition des femmes
La percée de la mouvance masculiniste en Occident
Procès du féminisme
Humanisme, pédocriminalité et résistance masculiniste
Une critique des pages sur le viol du livre "Le Plaisir de tuer"
Mise au point sur la suspension d’un article critiquant le livre du Dr Michel Dubec
Pour éviter de se noyer dans la (troisième) vague : réflexions sur l’histoire et l’actualité du féminisme radical
L’égalité des femmes au Québec, loin de la coupe aux lèvres !
Je suis féministe !
Écoféminisme et économie
Poursuite contre Barbara Legault et la revue "À Bâbord !" - Mise à jour
Biographie de Léo Thiers-Vidal
Vivement le temps de prendre son temps !
Séances d’information pour le projet d’une Politique d’égalité à la Ville de Montréal
Florence Montreynaud fait oeuvre d’amour et de mémoire
Magazines pour filles, changement de ton !
Un 30e anniversaire de la JIF sous la fronde conservatrice
L’égalité des femmes au Québec est-elle plus qu’une façade ?
Colloque sur Antigone
Prostitution et trafic sexuel - Dossier principal sur Sisyphe.org
Golf : "Gentlemen only, ladies forbidden" ?
Méchant ressac ou KIA raison ?
Dégénération de "Mes aïeux", un engouement questionnant
Les « Gender Studies », un gruyère confortable pour les universitaires
Réflexions "scientifiques" du haut du Mont Grey Lock
Madame, s’il vous plaît !
Annie Leclerc, philosophe
Des arguments de poids...
Pour hommes seulement
Andrea Dworkin ne croit pas que tout rapport sexuel hétéro est un viol
Peau d’Âme ou Beautés désespérées ?
Réflexions et questionnement d’une féministe en mutation
Mais pourquoi est-elle si méchante ?
Le concours « Les Jeudis Seins » s’inscrit dans le phénomène de l’hypersexualisation sociale
Aux femmes qui demandent - sans plus y croire - justice. Qu’elles vivent !
Jeux olympiques 2006 : félicitations, les filles !
7e Grève mondiale des femmes - Le Venezuela donne l’exemple
Évolution des droits des Québécoises et parcours d’une militante
2005, l’année de l’homme au Québec
Mes "problèmes de sexe" chez le garagiste !
Brèves considérations autour des représentations contemporaines du corps
OUI à la décriminalisation des personnes prostituées, NON à la décriminalisation de la prostitution
"Femmes, le pouvoir impossible", un livre de Marie-Joseph Bertini
L’AFEAS veut la représentation égalitaire à l’Assemblée nationale du Québec
Elles sont jeunes... eux pas
Dis-moi, « le genre », ça veut dire quoi ?
Quand donc les hommes ont-ils renoncé à la parole ?
Déconstruction du discours masculiniste sur la violence
Les hommes vont mal. Ah bon ?
La face visible d’un nouveau patriarcat
Quelle alternative au patriarcat ?
Le projet de loi du gouvernement Raffarin "relatif à la lutte contre les propos discriminatoires à caractère sexiste et homophobe" est indéfendable
L’influence des groupes de pères séparés sur le droit de la famille en Australie
Victoires incomplètes, avenir incertain : les enjeux du féminisme québécois
Retrouver l’élan du féminisme
Le droit d’éliminer les filles dans l’oeuf ?
Des nouvelles des masculinistes
Masculinisme et système de justice : du pleurnichage à l’intimidation
Nouvelle donne féministe : de la résistance à la conquête
Les masculinistes : s’ouvrir à leurs réalités et répondre à leurs besoins
Nouvelles Questions féministes : "À contresens de l’égalité"
S’assumer pour surmonter sa propre violence
Sisyphe, que de rochers il faudra encore rouler !
Coupables...et fières de l’être !
Un rapport de Condition féminine Canada démasque un discours qui nie les inégalités de genre
De la masculinité à l’anti-masculinisme : penser les rapports sociaux de sexe à partir d’une position sociale oppressive
Les courants de pensée féministe
Quelques commentaires sur la domination patriarcale
Chroniques plurielles des luttes féministes au Québec
Qu’il est difficile de partir !
Deux cents participantes au premier rassemblement québécois des jeunes féministes
Le féminisme : comprendre, agir, changer
Le féminisme, une fausse route ? Une lutte secondaire ?
À l’ombre du Vaaag : retour sur le Point G
L’identité masculine ne se construit pas contre l’autre
Les hommes et le féminisme : intégrer la pensée féministe
La misère au masculin
Le Nobel de la paix 2003 à la juriste iranienne Shirin Ebadi
Hommes en désarroi et déroutes de la raison
Le « complot » féministe
Christine de Pisan au coeur d’une querelle antiféministe avant la lettre
Masculinisme et suicide chez les hommes
Le féminisme, chèvre émissaire !
L’autonomie de la FFQ, véritable enjeu de l’élection à la présidence
Les arguments du discours masculiniste
Nouvelle présidente à la FFQ : changement de cap ?
La stratégie masculiniste, une offensive contre le féminisme
Le discours masculiniste dans les forums de discussion







L’historienne Micheline Dumont a ouvert le colloque organisé, les 30 et 31 mai 2003 par la FFQ, sous le thème " S’ouvrir à la diversité du mouvement des femmes. Tendances et résonnances ". Elle a tracé les grandes lignes du mouvement des femmes de 1950 à 2003, s’inspirant pour le faire d’une Anthologie de la pensée féministe au Québec de 1900 à 1985, qui paraîtra aux éditions du Remue-ménage à la fin de l’été.

Micheline Dumont a conclu son allocution en interpellant le mouvement féministe sur des questions qui résument peut-être les défis qui se posent au féminisme moderne. Voici donc ce questionnement. Pour nourrir notre réflexion collective.

Le mouvement féministe québécois est en ce moment confronté à des questions difficiles.

Il y a un demi-siècle, les Québécoises avaient conscience d’être en retard sur les autres femmes de l’Occident. Aujourd’hui, les féministes québécoises ont le sentiment d’être à l’avant-garde du mouvement féministe. Mais qu’en est-il réellement ? Pourquoi les Québécoises ont-elles ce sentiment ? Est-il justifié ?

Quand le mouvement féministe s’est organisé, il y a près de 40 ans, il était plutôt homogène, avec une mince différence entre L’AFÉAS et la FFQ. Aujourd’hui, c’est un mouvement aux voix multiples, traversé par des débats et un chassé-croisé de valeurs, de théories et de stratégies. Pourquoi ce pluralisme n’est-il pas davantage mis en évidence, proclamé et documenté ? Pourquoi l’opinion publique continue-t-elle de percevoir le mouvement féministe comme unanime ? Pourquoi avons-nous du mal à accepter "certains" féminismes ?

Durant les années 1960, le mouvement féministe avait peu de salariées : une dizaine en tout. Aujourd’hui, c’est un vaste écheveau où il est même possible de faire carrière ! Des champs de luttes de naguère, les garderies par exemple, sont devenues un emploi féminin, parmi d’autres ! Faut-il s’en émouvoir ? Souvent, la majorité des femmes qui travaillent dans le "mouvement des femmes" connaissent peu l’histoire du mouvement féministe. Est-ce un emploi comme un autre ? D’une part, faut-il nécessairement opposer les services et la militance ? D’un autre côté, être subventionné signifie-t-il nécessairement la récupération ? A-t-on A-t-on suffisamment réfléchi sur les paradoxes de l’institutionalisation ?

Il y a 50 ans, il n’y avait pas de revue féministe, et aujourd’hui il y en a quelques-unes, qui ne font pas le poids après la grande floraison de la période 1970-1985. Mais la plus importante est publiée par le Conseil du statut de la femme, pas par des militantes. Certes, plusieurs revues générales font entendre régulièrement une tonalité féministe : Relations, Vie ouvière, Recto-Verso, Présence, L’Aut’Journal, etc Mais cette tonalité reste minoritaire. Et les grands médias continuent de clamer que le féminisme est ringuard, dépassé.

Un discours anti-féministe vient d’éclore qui verse rapidement dans l’invective la plus vulgaire. On accuse le féminisme de tous les maux de la société. Comment réagirons-nous ?

Les jeunes semblent en ce moment mobilisés bien davantage par la lutte anti-mondialisation ou le mouvement communautaire que par les luttes des femmes ? Faisons-nous tous les efforts pour nous rapprocher de ces jeunes ? Pour les écouter ? Suffit-il d’un comité "Jeunes" pour rejoindre les jeunes ? Devons-nous les rejoindre dans les revendications qui les mobilisent ? Mais d’un autre côté, avons-nous les énergies pour faire partie de toutes les coalitions ?

L’autonomie économique des femmes n’a-t-elle pas pour conséquence de les engager plus concrètement dans les pièges de la consommation, de la compétition, du crédo néo-libéral ?

Pourquoi la famille ne figure-t-elle pas encore dans les champs d’action du mouvement féministe ? Nous ne l’appréhendons que par des problématiques indirectes : garderies, violence familiale, divorce, monoparentalité. Saviez-vous qu’il y a autant de groupes du mouvement familial, dans les villes et villages, que de groupes de femmes ? Pourquoi s’intéresser à la famille est-il jugé comme une position conservatrice ? En refusant de nous y intéresser, ne risquons-nous pas de faire le jeu des décideurs qui créent des politiques qui appauvrissent les femmes, "avec la certitude que les femmes continueront quand même de se débrouiller pour pourvoir aux besoins de leur famille" comme le dit Lucie Bélanger. N’est-ce pas là, pourtant, le lieu par excellence de l’affrontement dans la sphère privée ?

Pourquoi nous laissons-nous influencer par les pensées négatives issues du désenchantement et de l’inquiétude actuelles ? Les menaces écologiques, la loi du profit, l’exploitation, la guerre, le terrorisme, invitent parfois à baisser les bras. Ces pensées sont dangereuses. Elles contiennent toutes une parcelle de vérité, mais nous sommes en face d’un immense déficit de réflexion. Comment pouvons-nous infléchir la réflexion féministe pour maintenir une alerte qui maintienne la mobilisation ?

Depuis des millénaires, la mémoire collective est entre les mains de sciences qui ont infantilisé les femmes : la philosophie, le droit, la religion, la science, l’histoire. Depuis des millénaires, ce que les femmes ont pensé et fait a sombré dans l’oubli. Depuis l’aube de l’humanité, elles sont les dépositaires de la vie. Depuis l’aube de l’humanité, les hommes se sont appropriés le domaine de la mort. On n’a pas encore vraiment compris cela.

L’histoire apprend aux hommes que le recours à la guerre est normal, bénéfique, régulier, rempli d’effets secondaires bénéfiques : la technologie, la médecine, l’État providence. Pourquoi les sommes qui sont investies pour faire la guerre ne peuvent-elles pas être investies ailleurs ? Pourquoi, dans les régions de famine, laisse-t-on passer les armes et pas la nourriture ?

Il n’y a pas de solutions faciles aux problèmes qui confrontent l’humanité. Mais nous devons avoir le courage de nous opposer aux idées défaitistes. Nous devons affirmer partout : Depuis cent cinquante ans, les femmes proposent des idées NOUVELLES pour organiser la vie, des idées basées sur l’autonomie entre les sexes. Et, nuance importante, de tous les mouvements politiques dont le nom se termine en "isme", le féminisme est le SEUL qui n’ait causé aucune mort. Et c’est le seul qui ait produit des changements profonds et primordiaux pour l’humanité. Depuis cent cinquante ans, les femmes tentent de lever les obstacles qui empêchent les hommes et les femmes d’être égaux dans leur différence. Il faut refuser que soient opposés ces deux termes qui ne relèvent pas de la même série conceptuelle. Égalité s’oppose à inégalité et différence s’oppose à l’identique. Mais, les féministes savent maintenant que l’égalité est davantage un "principe d’assimilation qu’un principe de transformation sociale", comme l’a expliqué Françoise Collin. Quand on parle d’égalité, le mouvement va toujours dans le même sens, vers le modèle soi-disant masculin. Pourquoi l’égalité ne fonctionne-t-elle presque jamais dans l’autre sens ?

Mis en ligne sur Sisyphe le 13 juin 2003

Lire également de Micheline Dumont

"L’autonomie de la FFQ, véritable enjeu de l’élection à la présidence"



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Micheline Dumont, historienne



Plan-Liens Forum

  • tous différents
    (1/1) 30 mars 2004 , par





  • tous différents
    30 mars 2004 , par   [retour au début des forums]

    Je lis : « Égalité s’oppose à inégalité et différence s’oppose à l’identique. »
    Mais c’est quoi "l’identique" ? Ce qui est identique, c’est l’identité.

    Rappel de la définition première de l’identité (de idem : le même) : ce qui est identique, conforme.
    Employons donc les bons mots. L’antonyme de différence, c’est l’identité. (Ce qui est propre à un individu ou à un groupe, c’est sa personnalité. Personnalité et identité sont des notions proches pour un groupe (ce qui est identique au sein d’un groupe peut le définir) mais opposées pour un individu qui, lui, se définit par ses différences.)

    Pourquoi je chipote sur ce terme ? Par ce que j’en ai mare d’entendre parler des identités comme de choses à conserver à tout prix. L’identité c’est de la merde ! C’est le pire ennemi du féminisme (notamment). Le féminisme doit rechercher la libération des individus par rapport à leur conditionnement identitaire : ce qu’on appelle féminité et masculinité ou virilité.
    Autrement dit les individus ne doivent pas être guidés par leur prétendue appartenance à un groupe, en particulier le sexe ; ils ne doivent pas se conformer à une image contingente, se laisser aliéner dans des comportements qu’on veut leur imposer pour les confiner dans « leur » groupe. Ils ne doivent plus se limiter dans le cadre de leur sexe : se comporter comme une femme ou un homme, mais penser et agir selon leur seule personnalité.

    Ne soyons pas identiques dans notre sexe ; soyons tous différents !

    Je lis aussi : « égalité dans la différence ».
    Premièrement : merci.
    Deuxièmement : je vais en rajouter un peu. Sans identité, c’est-à-dire si tous sont différents grâce à une individuation réelle, on ne peut plus parler d’inégalité. Selon quel critère le pourrait-on ?


        Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

    © SISYPHE 2002-2003
    http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin