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dimanche 27 mars 2005

Les hommes vont mal. Ah bon ?
Contre l’émancipation des femmes, des hommes ont inventé "la crise de la masculinité"

par Virginie Poyetton






Écrits d'Élaine Audet



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Le 8 mars 2003, Genève accueillait la première grand-messe des hommes blessés : le « congrès international de la condition masculine ». En avril de cette année, le relais sera passé à Montréal. Ces colloques font partie d’un mouvement plus large qui met en avant « la crise de la masculinité » en réaction à l’émancipation (trop ?) radicale des femmes.

Si ce courant est minoritaire au sein de la gent masculine, il participe d’une tendance qui remet en question l’avancée des droits des femmes.

Depuis que les femmes s’émancipent, les hommes vont mal. Du moins, c’est ce qu’affirment certains groupes d’hommes s’exprimant dans des congrès ou sur de florissants sites Internet (1). Sans importance ? Leur discours est néanmoins à la mode et abondamment relayé par les médias.

L’argumentaire se veut simple, cohérent, concret : le féminisme a forcé les hommes à changer et depuis ils se sentent dépossédés de leur identité et de leurs droits. La liste des injustices dont ils souffrent est longue : discrimination positive au travail en faveur des femmes, préjugés favorables aux mères en cas de divorce, fausses allégations de violence ou d’inceste, pensions alimentaires disproportionnées, hausse du décrochage scolaire des garçons, augmentation des prescriptions d’antidépresseurs. « Un discours de dominants », résume Anne-Marie Devreux, sociologue française, chargée de recherche au CNRS. Les arguments utilisés sont majoritairement reliés à l’émotionnel et l’identitaire. Probablement parce que les inégalités matérielles entre femmes et hommes sont toujours favorables à ces derniers.

Souffrance suspecte

Cette « crise » trouve ses racines dans les années septante et les avancées acquises alors par les femmes, notamment en termes de participation au marché du travail et de contraception. Selon Anne-Marie Devreux, les réactions positives de quelques hommes à ces changements furent montés en mayonnaise et arbitrairement extrapolés à l’ensemble de la société tout au long des années quatre-vingt. Ce n’est que dans les années nonante, comme l’explique la sociologue Pascale Molinier dans L’énigme de la femme active (2), que le discours optimiste sur les nouveaux hommes et la constitution d’une nouvelle société égalitaire laissa la place à un discours alarmiste sur « le malaise des hommes ». Un malaise qui s’expliquerait par la remise en question de certaines pratiques et cadres traditionnels.

Si certaines féministes concèdent que l’évolution des rapports entre femmes et hommes ont poussé des hommes à une remise en question de leur rôle dans la société, elles restent très réservées quant à l’ampleur du phénomène. D’abord parce que les inégalités touchent toujours majoritairement les femmes - chômage, précarité, bas salaires - sans oublier la violence, ensuite parce que la « crise » ne concerne qu’une partie minime de la population masculine. « Chez les bourgeois ou dans les cités, les garçons ne traversent pas de « crise de la masculinité », souligne Anne-Marie Devreux.

Par ailleurs, certaines « souffrances » masculines peuvent paraître très suspectes. Comme la douleur des pères spoliés du droit de s’occuper de leurs enfants. Etonnamment, souligne la sociologue, cette souffrance apparaît essentiellement lors de la séparation du couple. « Quand les hommes parlent « au nom de leurs enfants », c’est souvent contre les femmes. La dépossession des pères de leurs droits est complètement mythique. Ils oublient que la responsabilité parentale implique aussi des devoirs. »

Perte de privilèges

Au-delà d’un passager accès de colère, que cache alors cette « crise de la masculinité » ? « On constate qu’un état de crise surgit à chaque fois qu’une domination est remise en question », remarque Anne-Marie Devreux. Cette angoisse serait liée au sentiment de la perte des privilèges et du monopole des hommes. Faut-il vraiment la prendre au sérieux ? « Ce n’est pas un phénomène secondaire. Cette « crise de la masculinité » est une version soft de ce qui est en train de se mener plus particulièrement au Canada et en France : une lutte ouverte des hommes contre les femmes et contre les féministes », analyse Anne-Marie Devreux. Le débat sur la mixité à l’école en est un bon exemple. Parti du Québec, il occupe aujourd’hui ceux qui se sont auto-baptisés les « masculinistes ». Sous prétexte de défendre les garçons qui souffriraient de la réussite scolaire des filles, ces derniers proposent un retour en arrière à des classes non-mixtes.

Souffrance féminine

Absurde, dira-t-on. La sociologue française ne banalise pas le phénomène. En matière de droit des femmes, rien n’est jamais acquis. Comme le prouve la mise en place de l’Allocation parentale d’éducation (APE) en France, initialement attribuée à l’un des deux parents à condition qu’il reste à la maison pour s’occuper de l’enfant entre 0 et 3 ans. Résultat : l’APE touche essentiellement des femmes et le taux
d’activité des mères de deux enfants a chuté de 80% à 50%. Un procédé pernicieux pour remettre les femmes au foyer. « Il faut envisager le phénomène au niveau mondial. Je pense que l’oppression des Afghanes ou des Algériennes est de même essence que ces politiques de régression du droit des femmes », commente Anne-Marie Devreux.

Pour la sociologue Pascale Molinier, cette « crise » cache également un processus d’euphémisation des souffrances féminines. Contrairement à ces dernières, « les formes masculines de décompensation sont spectaculaires et bruyantes : rixe, sabotage, surendettement, violences domestiques, suicides. Quant à la souffrance des hommes dominants, ce n’est rien de dire qu’elle fait recette. « Le stress des cadres » a fait couler plus d’encre ces dernières années que celui des caissières d’hypermarché. En pointant la vulnérabilité des hommes, ne risque-t-on pas d’avaliser l’idée, bien commode pour le maintien de l’ordre social, que les femmes sont formidables dans l’adversité ? »

D’ailleurs, beaucoup de femmes ont elles-mêmes intégré ce discours sur la « crise de la masculinité ». Elles culpabilisent, ont le sentiment de mettre la barre trop haut, d’en demander beaucoup, de vouloir trop. Certaines sont aussi sensibles au discours des hommes bafoués dans leurs droits parce qu’elles y trouvent plus de bénéfices personnels.

Notes

1. Divers sites Internet comme :La cause des hommes ou
Garscontent ou Mensongefeministe ou Père pour toujours.
2. Payot, Paris, 2003.

*******************************

Le congrès qui entend redonner la parole aux hommes

« Est-ce que l’homme est aussi méchant ou aussi minable que le suggèrent les féministes ? Est-ce que les femmes et les enfants seraient mieux si les hommes disparaissaient de la planète ? L’homme doit-il changer pour se conformer aux attentes de la femme ? » Voilà une série de questions sans réponses qui auraient poussé John Goetelen, naturopathe, et Yvon Dallaire, auteur de Homme et fier de l’être, à organiser le premier Congrès international de la condition masculine, « Paroles d’hommes », en 2003 (1). Pour les deux hommes, ce congrès devait être l’occasion de réfléchir sur la condition de l’homme aujourd’hui. Neuf intervenants belges, suisses, français et québécois y ont abordé des thèmes tels que « La femme n’est pas l’avenir de l’homme », « La violence faite aux hommes », « La tendresse suspecte : pères présumés coupables » ou « Les réseaux d’hommes : quand les hommes parlent ». Quelque cent personnes (dont 30% de femmes) auraient pris part au congrès.

Le deuxième congrès, qui aura lieu à Montréal du 22 au 24 avril prochain, entend avancer dans la définition de l’homme du XXIe siècle. « Au lieu de se définir en fonction des attentes des femmes ou en réaction à leurs exigences, les hommes se demandent ce qu’ils voudraient devenir maintenant que les femmes sont plus autonomes et de plus en plus responsables de leur propre vie et survie. » En plus des thématiques déjà abordées, les intervenants traiteront, entre autres, du mouvement gay et de la condition masculine, des garçons à l’école et de l’influence des pères sur l’éducation des fils, de la garde partagée ainsi que du suicide des
hommes. Virginie Poyetton

1. Site Internet : www.parolesdhommes.com

*******************************

Le sexe, une différence comme une autre

propos recueillis par Virginie Poyetton

Si certains hommes se complaisent dans leur rôle de victimes, d’autres cherchent à questionner leur place dans une société inégalitaire. Rencontre avec Mathieu Carnal, sociologue, assistant à l’Université de Lausanne et ancien membre des « Mâles Barrés ». De 1998 à 2003, ce groupe d’une quinzaine d’hommes a cherché à créer un espace de discussion sur les rapports de genre et la domination masculine. Le groupe a disparu, il y a deux ans, parce que, comme le signale en souriant Mathieu Carnal, beaucoup sont devenus pères « et comme ils essaient de partager les tâches, ils n’ont plus beaucoup de temps. Manière de prendre conscience de la lourde responsabilité domestique des femmes ».

« Le Courrier » : Les hommes sont-ils réellement en crise ?

Mathieu Carnal : A mon avis, non. Cette « crise de la masculinité » est essentiellement une invention médiatique et psychologique. Elle est apparue il y a quelques années dans les médias et dans certains
ouvrages. Elle postule que les féministes ont gagné la lutte, que les femmes sont désormais au pouvoir et que, du coup, les hommes sont en crise. Selon ses défenseurs, la société demande trop aux hommes : ils doivent à la fois être virils et sensibles. Les pères divorcés seraient spoliés de leurs droits. Cette théorie appartient à ce que Susan Faludi a baptisé le « backlash ». Dans un ouvrage du même nom, la journaliste américaine montre comment les quelques modestes avancées du féminisme ont engendré une contre-attaque violente du patriarcat.

L’émancipation des femmes passe-t-elle forcément par le malaise des hommes ?

Oui et non. Cela ne devrait normalement pas créer de malaise. L’émancipation des femmes apporte beaucoup aux hommes. Traditionnellement, les rôles sexués sont très limités. Les luttes pour l’égalité ont permis aux hommes d’avoir un autre rapport aux enfants, à leur sensibilité, à leur vie professionnelle. En revanche, si on part du principe que la position avantageuse des hommes s’effrite avec les avancées du droit des femmes, on peut imaginer le malaise de certains. Ils perdent certaines de leur prérogatives masculines dans la répartition des tâches domestiques ou dans la prise de décision au sein du couple, par exemple. Au final, il s’agit d’un choix de société, à savoir si on préfère vivre de manière égalitaire ou dans un rapport de domination.

Les identités féminines/masculines seraient donc interchangeables ?

Le 8 mars, il y a eu beaucoup de débats autour de cette question à la télé et dans les journaux. On nous agite toujours le spectre de la similitude, d’une perte des différences qui feraient la richesse humaine. C’est un argument peu convaincant. De manière globale, il y a une infinité de différences entre les gens. Est-ce que les différences entre une femme et un homme doivent être forcément plus grandes et plus significatives que celles entre deux personnes du même sexe ? En quoi la différence de sexe serait-elle fondatrice de toutes les autres ? Elle ne devrait pas avoir plus d’importance que la couleur des chaussettes des gens. Si l’appartenance à un sexe est tant martelée dans nos sociétés, c’est bien parce qu’elle permet de perpétuer la domination masculine et non pas parce qu’elle est une « richesse ».

Est-il possible de s’affranchir d’une identité masculine stéréotypée ?

C’est extrêmement difficile. Nous sommes soumis à beaucoup de messages contradictoires. Le principe de l’égalité, qui est le corollaire de l’idéal démocratique, est généralement bien accepté par l’opinion publique. Paradoxalement, il est également admis par la plupart des gens que les hommes ont un rôle spécifique à jouer. Et cela est sans cesse rappelé aux hommes dans les stéréotypes que véhiculent : le sport, les images publicitaires, le cinéma ou les médias. Il devient alors compliqué pour un homme de sortir de ce schéma, il passera plutôt pour un inadapté que pour un progressiste. D’où la création des « Mâles barrés ». En constituant ce groupe, nous voulions nous donner d’autres possibilités collectives d’appréhender les rapports femmes/hommes. L’idéologie machiste doit être détournés non seulement par la présence des femmes dans des lieux essentiellement masculins, mais aussi par le changement des modes de fonctionnement. Ainsi la relative féminisation des salles de rédaction ne sera un vrai pas pour l’égalité que si les médias adoptent une manière moins sexiste de gérer leur fonctionnement et de relater les affaires du monde.

Un homme peut-il être féministe ?

Je peux me dire féministe dans le sens où c’est un projet de société qui est positif pour les femmes et les hommes. On pourrait alors être homme féministe comme on peut aujourd’hui être blanc anti-colonialiste. Dans le groupe des « Mâles barrés », nous avons préféré nous dire pro-féministes. Les femmes doivent mener leur émancipation elles-mêmes et les hommes peuvent valoriser leur propre travail d’émancipation en espérant qu’un jour ces différences deviennent caduques. Etre un homme et se dire féministe est présomptueux puisqu’on n’a pas accès à toute une sphère de vécu féminin. Cela a mené à des dérives où des hommes s’affichent publiquement féministes tout en restant profondément machistes dans leur action. En se disant pro-féministe ou anti-sexiste on évite de faire ce que les hommes savent si bien faire : tirer la couverture à eux et récupérer un mouvement.

Publié le vendredi 18 Mars 2005 dans "Le Courrier", Genève.

  Merci à la rédaction du "Courrier" de nous autoriser à reproduire cet article sur Sisyphe. "Le Courrier" est un quotidien suisse d’information et d’opinion édité à Genève. "Le Courrier" n’a pas de capital, mais il a une richesse : son lectorat.
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Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 mars 2005.

Suggestions de Sisyphe

 Le dossier le la chaîne ARTE, « Quand les pères se vengent » : liens à une quinzaine d’articles sur le masculinisme, la garde partagée ou alternée, les violences conjugales, les inégalités... Cliquez ici.

 Deux rubriques suggérées :

Féminisme et condition masculine
Famille, droit et bien-être des enfants



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Virginie Poyetton



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  • > Les hommes vont mal. Ah bon ?
    (1/4) 31 janvier 2006 , par

  • > Les hommes vont mal. Ah bon ?
    (2/4) 9 décembre 2005 , par

  • > Les hommes vont mal. Ah bon ?
    (3/4) 7 septembre 2005 , par

  • Hommes/femmes : la construction du litige
    (4/4) 1er avril 2005 , par





  • > Les hommes vont mal. Ah bon ?
    31 janvier 2006 , par   [retour au début des forums]

    Je trouve cet article très bien.
    Les hommes ne vont pas plus mal que les femmes. Aujourd’hui, ils perdent un certain pouvoir, une certaine emprise sur le monde, ce monde n’est plus exclusivement le leur, et donc ne fonctionne plus exactement comme ils le souhaîteraient.
    Les hommes ont du mal avec de nouvelles règles de vie qu’ils ne maîtrisent pas ? N’est-ce pas plutôt le fait de "ne plus tout maîtriser" qui les rend mal ?
    C’est excellent de voir des hommes se battre pour leurs droits de pères, (personnellement si mon mari pouvait être un homme au foyer j’adorerai !) mais en effet, le masculinisme est suspect : ils sont un peu trop antiféministes à mon goût. J’y vois des réactions d’enfants gâtés à qui l’on a dit qu’ils devraient maintenant partager !
    Quant à Shirley, ton histoire est assez terrible et cette femme semble très injuste avec vous, mais c’est dommage que tu utilise cette histoire pour défendre un mouvement idéologique. D’autant plus que ton avis est biaisé car influencé par cette histoire très dure que tu vis. Mais tu es toi-même la preuve que toutes les femmes ne sont pas comme ça. Il serait donc plus intéressant de montrer que beaucoup de femmes souhaîtent le bonheur de leur mari (comme toi). Ca serait plus constructif.

    • > Les hommes vont mal. Ah bon ?
      11 juillet 2008 , par
        [retour au début des forums]
      Les hommes ont vraiment mal

      Les hommes ont vraiment mal !
      Je constate que bcp d’hommes ont aujourd’hui le mal de vivre,ils ne trouvent plus leur place dans la famille (du moins dans la capitale de mon pays-Madagascar).Il y a certains qui s’affaiblissent et vieillissent bcp plus vite,d’autres s’assombrissent ds l’alcool.A mon avis la fonction du père et de la mère doit être différent de par nature (c’est la mère qui enfante).La mère est plus proche des enfants.Elle a une fonction protectrice.Elle est plus proche du foyer.Tandis que l’homme a une fonction plus sociale:gérer les besoins de l’enfant pour une vie sociale possible.Je ne suis pas pour la discrimination de la femme.La venue du patriarcat a été lié à la monogamie:la reconnaissance du père de l’enfant.Il ne faut pas oublier qu’au tps du matriarcat la fonction du père a été exerçé par le frère de la mére.

      Mamy

      [Répondre à ce message]

    > Les hommes vont mal. Ah bon ?
    9 décembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    "Certaines femmes sont sensibles à ce discours parce qu’elles en tirent un bénéfice personnelle."

    Je suis une femme. Et il m’est arrivé d’écouter certains hommes se plaindre de leur condition. Dois-je en conclure que j’ai retiré un bénéfice personnel de cette écoute ?

    Même pas, j’ai fait ce que j’ai toujours aimé que l’on fasse avec moi, quand quelquechose me blesse, je suis heureuse de trouver une oreille si ce n’est compatissante au moins attentive...
    D’autant que les hommes dans leur grande majorité ne maîtrise pas le discours sensible et ont beaucoup de mal à formuler leurs souffrances d’où de nombreux cas de suicides...

    Pourtant moi j’ai souffert de violences graves où je me suis sentie en danger de mort du fait de la violence d’un homme donc je ne suis normalement pas la cliente pour les hommes qui se plaignent de la domination de certaines femmes.

    Mais je dois reconnaître pour les avoir croisée que certaines de mes congénéres sont de véritables harpies, doublées de menteuses patentées et de manipulatrices hors pair, et il faut avouer que les hommes qui sont aux prises avec celles-ci ont trés peu de chances de survivre à leurs techniques de manipulation mentale.

    J’ai été face au modéle masculin de cela appuyé par la belle-mère extrèmement douée pour se faire passer pour la victime qu’elle n’a jamais été, une juge à la limite de la débilité mentale et une assistante sociale aussi tarée qu’il est possible de l’être.

    Je peux en témoigner aussi.

    Le sectarisme est une trés vilaine chose. En écoutant ces hommes on ne fait preuve que d’humanité même si celles qui sont concernées par ces techniques de harcèlements, de chantages et de cruauté morale se sentent gênées quand on commence à écouter leurs victimes...

    Il n’en reste pas moins que l’humanité et la souffrance humaine ne sont pas séparées par des questions de genres uniquement mais aussi par de la malhonnêteté, du mensonge, de la malignité, de l’escroquerie, et de l’hystérie aussi parfois.

    C’est bien de le savoir.

    > Les hommes vont mal. Ah bon ?
    7 septembre 2005 , par   [retour au début des forums]

    Je suis une nouvelle épouse qui voit son mari et la fille de son mari vivre le même cauchemar depuis 5 ans : n’être ensemble que
    6 jours par mois, uniquement parce que la mère refuse d’accorder au père la garde partagée parce que madame est jalouse de moi et qu’elle ne m’aime pas ! C’est simple, jamais je ne fais quoi que ce soit de correcte avec elle. Elle accuse même mon mari de ne pas vouloir réellement la garde partagée et ose même dire que c’est moi qui la veut ! Elle est folle, je vous dis !

    Nous avons obtenu des preuves flagrantes de ce dont je vous parle, car mon mari a enregistré une conversation téléphonique entre eux, où elle lui dit que c’est en majeure partie à cause de moi qu’elle lui refuse la garde partagée ! C’est tout de même dégueulasse de se servir de moi comme prétexte, non ? Elle dit à mon mari que je me mêle trop des affaires de la petite !

    Qu’appelle-t-elle exactement ’’me mêler des affaires concernant la petite ?’’ La récompenser et la féliciter lorsque celle-ci accomplit de belles choses, lorsqu’elle nous aide à la maison, lorsqu’elle a un beau bulletin et qu’elle fait de gros progrès dans certains cours, comme le ballet ou la natation ? Elle m’accuse de me mêler de ce qui ne me regarde pas, parce que, donne-t-elle en exemple, je lui ai demandé une fois, pour être aimable et essayer d’entretenir de bonnes relations, alors que nous étions le papa, la maman et moi, aux cours de natation de la petite, si elle était d’accord pour qu’on achète pour la petite la cassette vidéo de Barbie, Princesse des Coeurs, qu’elle désirait tant, puisqu’elle s’était énormément améliorée à son cours de natation et qu’elle avait fait d’énorme progrès. Il me semble que c’était une conversation et une proposition tout ce qu’il y avait de plus banale et altruiste, non ?

    Elle a fait se reproche à propos de moi auprès de mon mari, le père de la petite, pour se plaindre que ce n’était pas de mes affaires...mais voyons donc, je ne me suis quand même pas présentée aux réunions scolaires des parents à sa place, je ne me suis quand même jamais mêlée des choix scolaires et religieux concernant la petite, je ne me suis jamais mêlée de son éducation sexuelle, alors, de quoi m’accuse-t-elle exactement lorsqu’elle dit que je prends trop de place ? De me montrée intéressée aux succès et aux progrès que vit la petite ? De démontrer que je suis une bonne belle-mère et que j’aime son enfant, que j’en prends soins et qu’elle n’a pas à s’inquiéter sur le bien-être que vit sa fille, lorsqu’elle vient chez papa ???

    Nous avons compris, mon mari et moi par la suite, lorsqu’elle lui a dit : ’’Il ne me reste qu’elle ! C’est MA fille !’’ Autrement dit, elle n’a jamais accepté le divorce qu’elle a vécu et elle se refuse de voir que son ex-mari, lui, est heureux et a refait sa vie et que leur fille en bénéficie, elle aussi, puisqu’elle m’adore et que notre relation belle-mère/belle-fille est des plus magnifique. D’autant plus que mon mari sera père à nouveau et que la petite est folle de joie parce qu’elle sait qu’elle aura la petite soeur qu’elle avait tant désirée.
    Il est clair que la mère ne pense aucunement à l’intérêt de son enfant dans la garde partagée qu’elle pourrait vivre et qu’au contraire, elle ne pense qu’à son propre intérêt à elle ! Et tout ça m’attriste, car je n’ai jamais pensé que ce que nous allions vivre mon mari, sa fille et moi, tournerait ainsi au cauchemar. La mère de la petite n’est-elle pas sensée être adulte et réagir de façon mature ?

    Parce que voyez-vous, ici, s’il n’y a pas de garde partagée et, s’il y a mésentente, c’est uniquement parce que la mère s’y efforce !
    Eh oui ! Ces cas existent figurez-vous !

    Mon mari n’a d’autre choix maintenant que d’aller en cour, encore une fois ! Pourquoi encore une fois ? Parce qu’il y est déjà allé et qu’il avait perdu ; notre maison était alors à
    15 minutes de route de l’école de la petite et de la résidence de la mère, ce qui faisait un trajet à parcourir de 30 minutes en tout pour l’enfant (15 minutes le matin et 15 minutes le soir), ce qui a suffit au juge de la cour supérieure pour refuser la garde partagée à mon mari. Le fait que l’enfant aurait pu bénéficier de la présence d’un bon père sur une base quotidienne, n’a pas effleuré l’esprit du juge ? Bien sûr que non puisqu’il lui a parut plus important de la priver de la présence d’un bon papa pour un total de 30 minutes de route au quotidien. La petite avait quand même six ans à l’époque et n’était plus un bébé.
    Mon mari est allé en appel de ce jugement et, il n’a réussi qu’à obtenir une journée de plus par deux semaines soit, du vendredi soir 19h00 au samedi soir 19h00, durant le week-end que madame avait avec sa fille auparavant. 9500,00$ de frais d’avocat que ça lui a coûté pour cette unique journée de plus par deux semaines ! Et la mère de la petite ose lui reprocher de lui avoir enlevé SON vendredi soir et SON samedi avec sa fille, alors qu’elle est avec elle a la semaine longue. Non mais quel culot !

    Mon mari a même pris la décision, voyant l’obstacle de distance qu’avait opposé le juge de la cour supérieure, suite au passage en cour d’appel, de vendre notre maison de
    Lac St-Charles, pour se rapprocher de sa fille et de l’école de sa fille et que notre résidence soit dans la même ville que la mère. L’école est maintenant juste au bout de notre rue ! Faut-il que mon mari aime sa fille pour s’endetter autant avec des frais d’avocat exorbitant et pour vendre une maison où nous étions aussi heureux ? Et que fait la mère, elle, pour sa fille ? Elle s’oppose ! Tout simplement ! C’est une MÈRE et c’est SA fille, vous comprenez ?!

    L’avocate que mon mari a mainteant (il a changé d’avocat) est une vraie soie, proposant même à mon mari de ne lui faire payer que 2000,00$ sans aucun autre frais, si par malheur, pour quelque raison que ce soit, elle perdait la cause. Je ne croyais pas que ça existait, des avocats humains et compréhensifs !!!

    Je vais devenir moi-même une mère et, laissez-moi vous dire que je suis fière de mon mari et heureuse qu’il soit le père de mon enfant, car il est un bon père ! Et si jamais par malheur, nous devions un jour nous séparer, je ne ferai certes pas vivre à NOTRE fille, l’horreur d’être séparée d’un bon père. Je saurai, en tant que mère, ex-épouse et femme, faire la part des choses !!!

    Shirley Côté.

    Hommes/femmes : la construction du litige
    1er avril 2005 , par   [retour au début des forums]

    Bonjour, Je mets ces pensées suite à cet article car je traite aussi des hommes. Comme beaucoup maintenant, je remonte au néolithique ou aux débuts de notre autodomestication.(cf :P.Sloterdijk dans Sphères III écumes). Nous nous sommes autodomestiqués pour envahir la planète (beaucoup d’enfants) et avons domestiqué notre environnement pour assurer nos besoins vitaux : défense, nourriture et logement. Cette autodomestication s’est faite au détriment de notre affect. Les femmes se sont vues dans l’obligation d’assumer un stress intense corporel et affectif:accouchements intensifs (donc douloureux) hors du rythme naturel de procréation (5,6 enfants en une vie) et inhibition sexuelle pour satisfaire à l’hypergénitalisation masculine, elle-même développée pour la procréation. Ici, le point d’achoppement des considérations dites morales des choix sexuels.

    Les hommes se sont vus détachés de leur sexualité naturelle par voie d’hypergénitalisation et, devant servir de muscle à la collectivité, se sont vus privés de leur rôle naturel de père pour les enfants, d’où la puissance de la symbolique paternelle, sensée remplacer le père vivant. Les enfants se sont vus privés de la présence naturelle de leurs parents, ceux-ci oeuvrant pour la collectivité ou ayant un autre enfant plus jeune à charge (d’où le désir de meurtre entre membres des fratries selon Sloterdijk). Dans une telle course épuisante au confort matériel nécéssaire à la survie, il est aisément imaginable de voir le pourquoi de l’esclavagisation d’autrui qui empoisonne encore notre humanité ! Le principe de discrimination d’autrui qui permet d’esclavagiser en bonne conscience tient en l’établissement de différences qui, bien sûr n’existent pas : tous nous avons été portés, été enfants, seront vieux, mouront des mêmes maux (les microbes ne sont pas sexistes, eux !), etc.

    AUJOURD’HUI, les hommes ont enfin accès à leur paternité mais la société la leur refuse !( comment ça, vous occuper de votre enfant malade ? Comment ça accueillir votre bébé ?) hormis les pays très en avancés sur les droits parentaux. Lorsqu’ils s’investissent (et ce naturellement) dans l’éducation, ce qui leur est indispensable pour leur statut d’être humain à part entière, les préjugés anciens les montrent du doigt, etc. Les femmes peuvent s’occuper de leurs enfants moins nombreux (contraception) mais se trouvent être en difficulté car le champ social leur est fermé, elles ont donc bien du mal à être autonomes, ce qui leur est indispensable pour leur statut d’être humain à part entière.

    DONC, les humains, pas idiots, usent au mieux des avantages de notre modernité qui nous permet d’être moins investis dans notre simple survie matérielle pour développer leur vie privée et ce même quant à leur sexualité, aux vues du succès des diverses techniques proposées pour l’amélioration de cette dernière (je ne suis pas juge des qualités de ces techniques bien évidemment !). MAIS, la société, elle entretient de manière presque sadique l’ancienne autodomestication pour ses fins propres de commercialisation et d’esclavagisation édulcorée qui n’ont plus aucun rapport avec la survie et vont même à son encontre puisque l’humain productif est l’humain créatif et donc à l’aise dans son affect, valorisé. Du coup hommes et femmes sont en conflit sur des bases idéologiques uniquement alors que leur intérêt est commun : leur mieux-être et celui de leur progéniture, ce que permet la grande liberté vers laquelle les individus de nos sociétés avancent contre vents et marées.

    Les hommes sont heureux de n’être plus les seuls à supporter le poids de l’économie familiale et les femmes celui de la logistique dite domestique. De plus chacun est heureux de vivre à sa guise seul ou pas, avec le libre choix de sa sexualité. Mais nos sociétés exigent toujours des hommes une disponibilité totale à la collectivité et des femmes, une disponibilité totale aux enfants, et donc refuse aux uns et aux unes le mieux-être affectif de la vraie vie humaine : soi et ses enfants, et bousille tout le monde ! Je ne crois pas qu’hommes, femmes soient de mauvaise foi, mais vois un mouvement d’ensemble auquel il est difficile de résister mais auquel ils résistent comme ils peuvent !

    De plus, j’ai idée que nous sommes une espèce très pacifique naturellement quand on voit les difficultés monstrueuses qu’on a toujours rencontrées pour faire des guerriers (séparation d’avec la famille, entraînement de surdomestication etc.) et les pousser à se battre (exemples de la guerre de 14/18, aujourd’hui il y a même des agences qui proposent des humains leurrés sur leur mission !), quand on voit que nous sommes capables de vivre à des millions sur une zone urbaine sans qu’il y ait des massacres permanents, quand on voit comment tous les contentieux s’oublient lorsque les situations sont périlleuses (tours, raz de marée...), quand on voit comment il est facile de nous terroriser ! Je crois que nous entretenons la machine à haine produite par notre ancienne autodomestication car nous ne savons comment nous en défaire et ce en particulier pour ceux qui y ont le plus d’intérêt !


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