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dimanche 6 mai 2012

« Le féminisme ou la mort »

par Monia Haddad, étudiante en sciences politiques et féministe






Écrits d'Élaine Audet



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Interview avec Tara KATTI, traductrice et bénévole au sein de Foleshill Women’s training, et Coventry Haven. Le féminisme dans sa diversité est une grille de lecture indispensable. La situation Outre-Manche.

Le titre de cet article est emprunté à un livre de Françoise d’Eaubonne. (1)

Le féminisme est une terre inconnue pour bien des personnes. Ignoré, calomnié, négligé, voilà une pensée politique et philosophique révolutionnaire, qui n’est même pas reconnue comme telle encore au XXIe siècle. À présent on veut mettre en place des études sur le genre en France. Une fois de plus, évacuons la question des femmes, trop particulière, et qui en aucun cas ne peut faire l’objet d’une analyse. On nous vante la grande trouvaille des États-Unis, les Gender Studies, pourquoi ne pas mentionner que les États-Unis ont toujours des Women’s Studies ?

En tous les cas, qu’on m’explique ce qu’est le genre. Le sexe social ? Est-ce cela la nouveauté ? De fait, on se rend parfaitement compte que les études de genre, au mieux, n’apporte rien de nouveau, au pire néglige les rapports de domination et aboutissent à une défense de l’ordre néolibéral, du relativisme culturel, en somme, du patriarcat. Déconstruire le genre, pourquoi faire ?

Pour reprendre Catharine A. Mackinnon dans Feminism Unmodified : ce n’est pas la différence qui crée le genre, mais le « gender system », l’oppression qui fabrique la différence. Il s’agit donc de démolir le genre, et non de le multiplier à l’infini. Le socle des genres masculin et féminin est la domination, l’interchangeabilité des rôles n’y changera rien. L’avenir du féminisme, à la fois théorique et pratique, si l’on peut en faire la dichotomie, se trouve dans le féminisme radical ; autrement dit l’analyse structurelle des rapports de pouvoirs, les femmes constituant une classe. L’objectif est de lutter contre le sexisme, le racisme, et le « classisme », des « superstructures » du patriarcat. Vous comprenez ainsi que se limiter à l’identité est largement insuffisant. La question est politique.

Je me suis ainsi intéressée à la question des Maisons des Femmes, ou Women’s Centers afin de montrer la nécessité vitale du féminisme, puis sa caractéristique principale et j’allais dire originale : la théorie et la pratique sont directement liées, comme l’a démontré Catharine A. Mackinnon dans From Practice to Theory or What is a white woman anyway ?(2) . La Maison des Femmes de Paris semble en être une parfaite illustration. Leur rôle est d’accueillir différents groupes, collectifs et associations féministes et/ou lesbiennes afin de rendre compte de la diversité de leurs pratiques, de favoriser les initiatives de femmes, qu’elles soient sociales, politiques et culturelles. Bien sûr, la lutte contre le sexisme, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, l’oppression spécifique des lesbiennes, les violences faites aux femmes et le système prostitutionnel font partie inhérente du projet.

D’après les propos recueillis, partager une culture féministe « est la base de [leurs] actions, car cela permet de mettre en avant des images fortes de femmes, de connaître les luttes pour les droits des femmes, et de donner envie d’y participer éventuellement ». La non-mixité, pour la Maison Des Femmes, est une question politique, un lieu pour les femmes, dans lequel elles s’expriment en toute liberté, au sein notamment, de groupes de conscience. Il s’agit également « d’un lieu protégé, surtout pour celles qui ont subi des violences sexistes et masculines ». La Maison des Femmes de Paris, la seule dans la capitale, constitue un projet révolutionnaire et effectue un travail remarquable. Elle permet aux femmes de prendre conscience de leur oppression, de connaître leur histoire, et par là même, de se reconstruire et prendre leur vie en mains.

Je vous propose de découvrir, du côté de l’Angleterre, l’interview que j’ai réalisée avec Tara KATTI, traductrice et bénévole au sein de Foleshill Women’s training, et Coventry Haven. Cela permettra de démontrer que le féminisme dans sa diversité est une grille de lecture indispensable, puis d’exposer la situation Outre-Manche.

Les Maisons des femmes ou l’avenir du féminisme : le modèle anglais

Pourquoi as-tu choisi d’être bénévole dans plusieurs Women’s Centers ? Cela t’a-t-il changé ?

Je suis bénévole dans deux associations de femmes. Le premier est celui de Foleshill Women’s Training, un centre pour les femmes qui dispense des cours gratuits fondés sur le « SHE model » (Social Health and Education), afin d’accroître les perspectives d’emplois des femmes. On a des cours d’anglais et d’informatique, des sessions de discussions, d’activités pour faciliter l’intégration dans la société, on leur donne des conseils concernant la nutrition, la santé, pour leur signifier l’importance d’un mode de vie sain.

Le second est une organisation caritative qui aide les femmes victimes de violences conjugales. Coventry Haven fournit un soutien psychologique, des conseils et des refuges.
J’ai dans un premier temps choisi de m’engager car je crois que le travail que font ces deux organisations est important. J’ai toujours défendu avec force les droits des femmes et, ayant fait l’expérience des problèmes que rencontrent les femmes immigrées et réfugiées dans ma région, j’ai décidé d’aider selon les modalités que proposait Foleshill Women’s Training, et faire bon usage de mon temps libre.

Comme la majorité des femmes qui viennent au centre sont d’origine indienne ou pakistanaise, je crois que mes propres origines - et ayant vu par moi-même les luttes que ces femmes mènent lorsque j’étais en Inde -, m’a poussée à aider cette « communauté » en particulier à cause des barrières linguistiques, ou des valeurs patriarcales. Je voulais aussi tirer profit de mes compétences pour aider les autres comme je peux. En tant que traductrice, je voulais utiliser mes compétences linguistiques à la base pour aider ces femmes, qui sans cela, n’auraient pas pu avoir accès au service et avoir l’aide dont elles ont besoin. Si je pouvais aider ne serait-ce qu’une seule femme, ce n’était pas du temps perdu.
J’ai connu Coventry Haven lorsque je faisais du bénévolat à Foleshill Women’s Training, j’ai alors pris connaissance de leurs actions. On avait parlé à leur équipe de proximité de mes compétences linguistiques, elles avaient besoin de quelqu’une qui parlait français pour aider les femmes francophones venues d’Afrique qui avaient rejoint le centre. Maintenant que je fais partie de leur équipe, je ne cesse d’être choquée par leurs histoires et leur courage.
Ces associations prônent l’émancipation des femmes, à laquelle je crois, et après avoir étudié le féminisme, je voulais voir comment cela se traduisait dans la vraie vie. Et plus encore, j’aime ce que je fais !

Je ne crois pas que cela m’ait changée. J’ai toujours pensé qu’il était important d’aider celles et ceux qui en ont besoin, et puis j’ai toujours senti que les femmes étaient largement traitées socialement et culturellement comme inférieures aux hommes. Mon bénévolat m’a ouvert les yeux sur l’étendue du problème au sein de ma propre communauté/région. Je crois que l’idée commune parmi la classe moyenne et les élites au Royaume-Uni consiste à dire que les violences sexistes sont réservées aux femmes pauvres venant des pays en développement comme l’Inde, l’Afrique, ou encore les pays où il existe une oppression culturelle et religieuse. Je dois admettre, en dépit de mes études, que je n’aurais jamais imaginé que le problème des violences domestiques était si grave et sous mes yeux. D’une certaine façon, en tout et pour tout, je crois que voir tant de souffrances et d’inégalités de si près m’a rendue plus radicale ! Ou au moins, cela m’a fait sentir que je faisais la différence, aussi petites que soient mes actions, et m’a motivée à aider davantage !

Que répondrais-tu à ceux (et à celles) qui disent que les Women’s Centers et celles qui défendent les droits des femmes et luttent contre les violences masculines, puis les difficultés que rencontrent les femmes parce qu’elles sont femmes les victimisent ? Comme ce que l’on entend parfois « Et pourquoi pas des Maisons des hommes tant qu’on y est ?! »

D’après mon expérience, en mettant de côté les études et théories féministes, dans la vraie vie, le fait que les associations auxquelles je participe sont non mixtes est central à leur succès. Ce n’est pas parce qu’elles sont nées d’une idéologie féministe, néanmoins c’est important pour les femmes qui bénéficient des services proposés que ceux-ci soient uniquement dirigés par les femmes et pour les femmes. La raison pour laquelle cela fonctionne est liée au fait qu’il s’agit d’un environnement sécurisé et où les femmes se sentent à l’aise. Cela va clairement contre la prétendue affirmation qu’elles sont victimisées.
Un exemple plus concret, Foleshill Women’s Training accueille des femmes d’origine indienne, et pakistanaise, mais j’ai aussi rencontré des femmes venant de Somalie, du Kenya, d’Iran, de Roumanie, pour ne citer que quelques pays (mais également des femmes blanches, bien sûr). Dans la plupart de ces cultures, par exemple pour les femmes musulmanes (pas toutes bien entendu), certaines femmes n’ont pas beaucoup de liberté, elles ont seulement la possibilité d’aller au centre et faire des rencontres car c’est réservé aux femmes.

Si l’on dispensait les mêmes cours et autorisait les hommes à y participer, je suis certaine que beaucoup de femmes ne viendraient plus. On perdrait des femmes qui ont vraiment besoin d’aide et qui aiment venir au centre. J’ai vu des femmes venir au centre et enlever leur hijab, leur foulard ; beaucoup de femmes me disent qu’elles peuvent s’exprimer librement et apprécient les rencontres avec d’autres femmes, qu’elles ne pourraient pas le faire autrement. C’est en fait grâce à cela qu’elles gagnent de la liberté, de la confiance et parviennent à intégrer la société. La victimisation n’est pas de mise ici. C’est malheureux que les libertés les plus ‘basiques’, comme sortir lorsque vous le voulez, rencontrer des ami-e-s, aller à l’école n’existent pas pour certaines femmes, mais c’est la réalité, et nous devons faire ce que nous pouvons pour aider. Le meilleur moyen pour moi sont les Maisons des Femmes.
De même, le fait que Coventry Haven soit non mixte est intrinsèque au service que nous fournissons. Beaucoup de femmes ont subi des violences et des mauvais traitements par des hommes, elles peuvent ne pas se sentir en sécurité. C’est aussi difficile pour elles de parler de ces problèmes en présence d’hommes. Le fait que le personnel est constitué de femmes permet de construire un lien de confiance avec les victimes, et du coup elles se sentent à l’aise, c’est ainsi plus facile pour nous de les aider.

Concernant les « Maisons des hommes », l’aide pour les hommes existe aussi. Par exemple, si Coventry Haven est ouvert aux femmes, une autre association Coventry Rape and Sexual Abuse Centre aide les femmes et les hommes. À ces gens-là, je répondrais que malheureusement, les femmes occupent une telle position en société (patriarcale) qu’elles souffrent davantage que les hommes, c’est pourquoi nous avons besoin de services réservés aux femmes. Les statistiques montrent que les femmes sont plus victimes de violences domestiques que les hommes. Ainsi, une aide spécifique aux femmes est requise.

Notes

1. In « Le féminisme ou la mort », Françoise d’Eaubonne.
2. http://www.feminist-reprise.org/

 Lire la suite dans le document suivant.



Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 mai 2012



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Monia Haddad, étudiante en sciences politiques et féministe



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