Montréal, lundi 10 mai 2010 - La présidente actuelle de l’Afeas, Denise Thibeault, souligne le départ d’une des pionnières de l’Afeas, Madame Azilda Marchand, en ces termes : « Femme d’action, cette grande Québécoise vient de nous quitter en nous léguant une contribution exceptionnelle à la promotion de la condition féminine québécoise, tant au niveau de l’éducation et de l’action sociale que de l’évolution des mentalités. » Le Québec vient de perdre une véritable pionnière, une femme de coeur et de conviction. À l’aube de ses 90 années, Madame Azilda Marchand s’est éteinte, entourée de sa nombreuse famille. « Si elle nous a quittées physiquement, l’âme et l’esprit de Madame Azilda Marchand continuera à nous habiter pour plusieurs générations. Elle demeurera longtemps la force, l’inspiration et le modèle des Québécoises ! », ajoute Denise Thibeault.
Bien que la vie vienne de la quitter, Madame Azilda Marchand laisse une trace indélébile dans la mémoire collective du Québec. Si plusieurs organismes sociaux assument un rôle fondamental dans l’évolution de la société vers un mieux-être collectif, c’est grâce à la participation soutenue de citoyennes et de citoyens engagés. Azilda Marchand fut une de ces citoyennes. Son histoire est celle d’un engagement exceptionnel au service de l’éducation des femmes, et ce, en suivant un modèle très répandu parmi les Québécoises de sa génération.
Véritable cheffe de file féministe
Comme plusieurs femmes de sa génération, Madame Marchand fut enseignante dans les petites écoles de rang. Elle s’est mariée et a mis au monde neuf enfants. Toutefois, son parcours de vie sort de l’ordinaire au niveau de sa participation à la construction et à l’évolution des structures communautaires de la société québécoise. Elle fut une véritable cheffe de file. Dès 1937, elle fonde la Jeunesse agricole féminine du diocèse de St-Hyacinthe. Membre de l’Union catholique des fermières, puis de l’Union catholique des femmes rurales, elle participe à la fondation, en 1966, de l’Afeas (Association féminine d’éducation et d’action sociale). Elle en fut la présidente provinciale de 1970 à 1975.
Rendre visible le travail des Québécoises
Madame Azilda Marchand a toujours dénoncé le caractère invisible du travail des femmes. À la suite de vastes travaux d’enquête, de sensibilisation et d’information initiés par elle-même, naissait, en 1976, l’Association des femmes collaboratrices dont la mission visait à faire reconnaître le travail des femmes au sein des entreprises familiales. Deux ans plus tard, la publication du volume “Pendant que les hommes travaillaient, les femmes elles...” rendait plus visible la petite histoire du travail des femmes dans l’évolution et le développement du Québec.
Active sous tous les plans !
La formation des femmes fut sa préoccupation fondamentale. Pédagogue dans l’âme, Madame Marchand a élaboré et dispensé des cours de formation sociale et de psychologie appliquée à la petite enfance. Ces cours ont d’ailleurs été repris par la Direction générale de l’éducation aux adultes.
Cette grande Dame a joué un rôle indéniable dans la participation des femmes à la vie politique et aux instances de pouvoir. D’ailleurs, dans les années ‘70, elle-même siégeait au Conseil du statut de la femme, au Conseil supérieur de l’éducation et à ses Commissions de l’enseignement collégial et de l’enseignement universitaire, ainsi qu’à la Commission canadienne de l’UNESCO pour l’Année internationale des femmes.
En reconnaissance de son travail de pionnière
En 1984, Madame Azilda Marchand reçoit le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne » pour ses efforts en vue d’améliorer le statut de la femme. En 1985, elle reçoit aussi les titres de Chevalière de l’Ordre national du Québec et de Membre de l’Ordre du Canada.
En 1987, le doyen de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke, Pierre Martel affirmait, en lui décernant le titre de docteure en service social honoris causa : « Madame Marchand, vous avez été une des personnes qui ont travaillé le plus à changer le comportement des femmes (et peut-être celui des hommes) et à créer une nouvelle conscience collective féminine au Québec. Vous avez dénoncé avec courage les injustices dont elles souffraient. Vous avez été une animatrice sociale remarquable et c’est avec raison que nous reconnaissons en vous aujourd’hui une pionnière de la promotion féminine au Québec. »
Pour souligner ses nombreuses contributions à l’action sociale, l’Afeas crée en son honneur le Prix Azilda-Marchand, décerné annuellement depuis 1984, afin de souligner les actions des Afeas locales dans leur milieu pour faire avancer la condition féminine.