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mardi 2 février 2010

La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques






Écrits d'Élaine Audet



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J’ai récemment découvert une lettre ouverte qui m’était adressée sur l’excellent site Sisyphe.

Une de mes prises de position, peu originale pourtant, m’est reprochée. Il s’agit de la remise en question des privilèges par les hommes et de leur intérêt à le faire.

Pour tout reprendre depuis le début, nous les hommes bénéficions d’un nombre important de privilèges sur les femmes. Je ne parle pas ici de privilèges particuliers liés à une situation singulière mais bien les privilèges systémiques dont nous héritons dès la naissance, par le seul fait que nous portions des organes génitaux mâles plutôt que femelles.

De meilleurs salaires, des possibilités de promotion professionnelle incomparablement meilleures, l’immense majorité des tâches ménagères et parentales laissées à la responsabilité de femmes, une représentation politique démesurée par rapport à elles, des taux de chômage et de pauvreté (y compris précarité, temps partiel non désiré...) bien inférieurs dans de nombreux pays, sans même parler de la violence conjugale dont les femmes représentent presque la totalité des victimes, du viol, de la prostitution, du sexisme ordinaire, etc.

Contrairement à ce qui est écrit dans la lettre qui m’est adressée, la question des privilèges est très complexe. Qu’en tant qu’homme, je mette en place des stratégies d’évitement, c’est une évidence et j’en suis bien conscient. Le problème est ailleurs.

Tout d’abord, certains privilèges ne peuvent être remis en question individuellement. Ne pas avoir peur d’être violé dans un parking souterrain est un privilège masculin très important qui ne peut être remis en question que par une transformation de la société.

Je peux, en tant qu’homme, militer collectivement pour une meilleure organisation de l’espace public, pour la prévention, une meilleure éducation des enfants au respect et à la sexualité. Mais, individuellement, je ne peux rien remettre en question.

De même, pour la question des salaires restant très inégaux entre hommes et femmes dans de nombreux pays, je ne peux rien faire individuellement, sauf si je suis le patron de l’entreprise. Pas de remise en question individuelle de ces privilèges masculins.

En revanche, d’autres privilèges peuvent être combattus individuellement. Le plus simple et le plus évident est celui de la répartition inégale des tâches ménagères et parentales. Il ne concerne que les hommes hétérosexuels qui peuvent décider d’abolir, en ce qui les concerne, immédiatement cet avantage.

Et là aussi, la difficulté est grande. Car notre socialisation en tant qu’homme nous fournira mille et un trucs pour résister à cette abolition. Comme une feuille de papier qui, pliée en deux, garde définitivement le pli inscrit dans sa structure, nous les hommes devons mener un combat quotidien pour nous défaire de ce qui est devenu une somme de réflexes.

Pratiquant l’exercice depuis des années, je témoigne ne pas avoir connu un seul jour sans m’être pris en "flagrant délit de mec", sur cette thématique bien souvent.

Mais la socialisation des femmes est-elle plus facilement abolie ? Nous jouons ensemble un jeu culturel bien rôdé. L’homme remet à plus tard une tâche ménagère car il sait (consciemment ou inconsciemment) qu’une petite main passera par là entre temps. Il nie l’importance d’une tâche dont l’urgence crève les yeux. Lui si volontairement habile dans d’autres lieux devient maladroit devant une casserole... D’autant qu’une partenaire à ce jeu le poussera du lieu pour réaliser plus vite la tâche à sa place plutôt que de le laisser se débrouiller.

D’où l’importance d’une éducation nettoyée des clichés sexistes. D’où le besoin, pour nous adultes féministes ou pro-féministes, de faire cette révolution sur nous-mêmes.

Mais la question qui m’est reprochée dans la lettre est d’une autre tournure.

Puisque nous vivons dans un système patriarcal qui nous favorise tant, pourquoi, nous les hommes lutterions-nous contre ce qui nous rend la vie si confortable ?

A-t-on vu dans l’histoire beaucoup de privilégiés lutter contre leurs privilèges ? De propriétaires d’esclaves se battre pour l’abolition ? De pays du nord lutter réellement pour l’émancipation des peuples du sud ? De citoyens riches combattre activement et souhaiter le renversement d’un système économique qui opprime en les rendant plus riches encore ?

Cela existe. Mais cela est très rare. Voilà pourquoi j’affirme que l’on ne peut raisonnablement en prédire l’émergence. Ou alors ce serait une première.

D’autre part, certains privilèges entrent mécaniquement en conflit avec une volonté d’égalité entre hommes et femmes. Quand, dans une structure hiérarchique détenue exclusivement par des hommes (une entreprise par exemple ou un concours d’une grande école) des femmes ont commencé à prendre quelques places, les hommes des échelons inférieurs ont reculé d’autant. Ils pouvaient légitimement se dire : "Sans telle femme, j’occuperais un rang supérieur". "Sans dix candidates admises au concours, j’intégrais telle école."

Il est légitime et juste qu’hommes et femmes soient traités sur un pied d’égalité. Mais il est illusoire d’espérer que certains scieront la branche sur laquelle ils sont assis. Ils mettront plutôt en place des stratégies de protection de leurs privilèges.

Enfin, la remise en question des privilèges peut offrir d’autres privilèges à l’homme. Pour un intellectuel, un écrivain, un essayiste, un cinéaste, un politologue, un homme politique, remettre en question ses privilèges peut donner une aura de "type bien", exemplaire, ami des femmes. Il peut même en faire un livre, un film, un discours. Je ne dis pas que nos démarches soient automatiquement cyniques, j’observe des faits.

Mais que dire à l’homme jeune d’un quartier populaire, au chômage, né avec la mauvaise couleur de peau, abandonné sur le bord du chemin social de façon durable pour ne pas dire définitive et à qui l’on va dire : "Abandonne tes privilèges". Contrairement au cinéaste, il n’a rien à gagner directement. Et l’on pourra toujours tenter de le convaincre en lui vantant les mérites d’une égalité et d’une justice de genre, lui sur qui toute la structure sociale s’essuie les pieds.

Voilà pourquoi les féministes ont le plus souvent lutté non seulement pour une égalité et une justice entre hommes et femmes mais aussi et surtout pour une justice tout court. Parce que le combat pour une société plus juste se milite à tous les niveaux. Parce que des injustices ici engendrent des inégalités là-bas. Voilà pourquoi, sans doute, les mouvements féministes se sont toujours retrouvés à gauche, voire à l’extrême gauche.

(Ayant pris l’habitude que l’on me fasse dire ce que je ne pense pas, je précise que la compagne du jeune chômeur précité occupe une place encore moins favorisée que lui, mais qu’en l’occurrence, elle, n’a plus aucun privilège à monnayer.)

Prédire que la révolution féministe en cours vers l’égalité viendra donc des combats des femmes, prédire que les changements fondamentaux en seront la directe conséquence, affirmer que les hommes seront des aides secondaires en coulisse et non des fers de lance de cette bataille, ce n’est pas échafauder une stratégie de défense de mes privilèges. C’est observer les faits à la lumière de la raison et de l’histoire.

C’est, pour une fois, assumer que nous les hommes n’occuperons pas un rôle central dans la plus grande révolution de l’humanité. La lettre ouverte qui m’est destinée à totalement raison sur ce point : même si nous les hommes n’avons pas grand-chose à gagner individuellement à abolir les privilèges, le monde a beaucoup à gagner.

Au final, nos enfants mâles vivront peut-être sans nos privilèges, mais dans un monde plus juste et donc meilleur pour eux.

Des sites à visiter :

  • Site de Patric Jean
  • Blog :
    Blog de Patric Jean.
  • Labo :
    Labo
  • Site La domination masculine

    Mis en ligne sur Sisyphe, février 2010



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  • La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques
    6 février 2010 , par   [retour au début des forums]
    de quels privilèges parle-t-on ?

    votre postulat des privilèges masculins comme une donnée de base constitutive de la société est mensonger.

    ensuite, vous faîtes des privilèges matériels l’unique critère d’appréciation de la qualité de vie des gens.

    je connais des chercheurs passionnés hommes et femmes qui gagnent peu d’argent et sont parfaitement heureux, parce qu’ils mettent de l’affectif dans leur vie, ils ne vivent pas au rythme des statistiques.

    le seul privilège que je constate dans un environnement violent est le privilège du plus fort, du plus musclé, du plus violent, du plus con, et du plus "je m’as-tu vu", qui caractérise les gens en mal de reconnaissance sociale, càd d’amour.

    les hommes (mâles) subissent les autres hommes violents autant que les femmes.

    la violence n’est pas un privilège ce n’est qu’un aveu d’impuissance.

    ce n’est pas une logique masculine, c’est un défaut de logique.
    c’est de la non-pensée. c’est de la bêtise.

    vous prenez l’exemple de la peur du viol qui ne concernerait que les femmes : je vous suggère de discuter avec les garçons de constituion physique fragile, leur peur est de se faire casser la gueule par la brute du coin, de se faire voler et violer aussi quand il est arabe ou pédé, il y a une foule de situations de peur d’être attaqué, maltraité, qui concerne tout le monde. sans parler des vieux.

    à croire que ceux qui parlent de leurs privilèges cherchent à se convaincre eux-mêmes.

    La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques
    6 février 2010 , par   [retour au début des forums]

    Cher Patric,

    [sourire]Ma parole !
    Un seule réponse reste possible :
    Nous as-tu bien lu ?
    Nous

    La question des privilèges - Le réalisateur Patric Jean répond à des critiques
    4 février 2010 , par   [retour au début des forums]

    J’aime beaucoup la réponse de Patric qui rejoint le discours de Choderlos de Laclos (que je considère comme étant un des premiers français féministe et humaniste).
    Voilà ce que disait Laclos au 18ème siècle dans son essai : "des femmes et de leur éducation" :
    "ne vous laissez plus abuser par de trompeuses promesses, n’attendez point les secours des hommes, auteurs de vos maux : ils n’ont ni la volonté, ni la puissance de les finir, et comment pourraient-ils vouloir former des femmes devant lesquelles ils seraient forcés de rougir ?
    Apprenez mesdames qu’on ne sort de l’esclavage que par une grande révolution. Cette révolution est-elle possible ? C’est à vous seules à le dire puisqu’elle dépend de votre courage. Est-elle vraisemblable ? Je me tais sur cette question ; mais jusqu’à ce qu’elle soit arrivée, je serai autorisé à dire, et il me sera facile de trouver qu’il n’est aucun moyen de perfectionner l’éducation des femmes.
    Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation ; dans toute société, les femmes sont esclaves, donc la femme sociale n’est pas susceptible d’éducation. C’est le propre de l’éducation de développer les facultés, le propre de l’esclavage de les étouffer, c’est le propre de l’éducation que de diriger les facultés développées vers l’utilité et le propre de l’esclavage est de rendre l’esclave ennemi de la société."

    Beaucoup de gens ont oublié le discours de Laclos. Et certaines personnes diront que Patric Jean hait son propre sexe. Non, comme Laclos il est réaliste sur la situation. Et à l’époque de Laclos, c’était encore plus dramatique, on pouvait vraiment parler d’esclavage des femmes. Nos ancêtres et nos aînées ont commencé la révolution que réclamait Laclos. Quelques hommes ont suivi et continuent de le faire. Se ne sont pas les fers de lance du combat, car bien sûr, les hommes comparativement auraient dans l’égalité plus à perdre qu’à gagner au plan du pouvoir. Mais ils auraient tout à gagner au plan des rapports humains plus riches et moins tendus, de l’équilibre intérieur qui leur permettrait enfin de pouvoir se vivre aussi bien au plan pro que privé, de l’aspect affectif et sexuel (de meilleurs rapports, plus de tendresse, d’élans, d’échanges, de discussions et de respect), au plan parental (un meilleur suivi des enfants qui seraient plus équilibrés, plus forts pour affronter la vie et ses difficultés car un papa engagé, c’est une meilleure socialisation, plus de confiance en soi et en ses capacités), au plan amoureux (plus d’abandon et de confiance, plus d’écoute et de plaisir)...

    Certains diront que ça ne compensera pas les honneurs, le pouvoir, la gloriole.
    Mais qu’est-ce qui compte réellement à la fin d’une vie d’humain ? Le poste à plusieurs millions ou d’avoir aimé et d’être aimé ? Je penche pour la seconde. Même si durant la jeunesse, beaucoup s’obstinent à croire que seul le pouvoir est important...

    Dominés pour rester dominants
    4 février 2010 , par   [retour au début des forums]

    La réponse de Patric Jean relève d’une vision pro-féministe totalement lucide : historiquement, c’est une évidence, les privilégiés ne renoncent pas de gaieté de coeur à leurs privilèges et c’est se bercer d’illusions d’espérer que la domination patriarcale, la plus ancienne et la plus universelle de toutes les dominations, échappera à cette loi d’airain.

    En complément à cette analyse, je cite la féministe algérienne Wassyla Tamzali : dans son livre "Une femme en colère", elle dit que la force de l’islamisme et l’explication de l’attraction croissante qu’il exerce sur nombre de musulmans (et de non-musulmans), c’est qu’il garantit à ses adeptes mâles la pérennité de leur domination sur les femmes en échange de la renonciation à un système politique démocratique.

    Et ce dominion sur les femmes est considéré comme si vital, si sécurisant, si avantageux par ces hommes qu’ils acceptent en effet de subir des gouvernements autoritaires et inefficaces qui maintiennent leur pays dans le sous-développement si ceux-ci leur garantissent (par des dispositions législatives telles que le Code de la famille en Algérie) que les femmes leur resteront soumises.

    Pour ne parler que des avantages matériels, des économistes américains ont calculé que si, pour accomplir toutes les taches ménagères dont une femme au foyer se charge habituellement, une famille devrait faire appel à des professionnels-lles rémunéré-es, le coût annuel total dépasserait 120 000 $.

    Le contrôle des femmes, de leur corps, de leur sexualité et de leur fertilité, de l’énorme quantité de travail gratuit qu’elles fournissent et sans laquelle aucune société ne pourrait fonctionner, sont un enjeu capital pour les systèmes patriarcaux et individuellement pour les hommes qui y adhèrent.

    Seule la pleine réalisation de l’importance de cet enjeu—et peut être faut il être un homme pour ça—permet d’expliquer la résistance acharnée du patriarcat face au féminisme.

    Femmes participantes à leur propre aliénation
    3 février 2010 , par   [retour au début des forums]

    J’ai encore entendu cette semaine une jeune femme qui revenait du Sud vanter la galanterie des hommes de là-bas par rapport aux Québécois, prenant elle-même plaisir à répéter la façon dont ils l’appelaient, i.e. "Señorita". Pourtant elle "n’est que secrétaire" et si elle a pu se permettre de se rendre là-bas (le plus bas échelon salarial est à 40 000 $), c’est justement que des femmes se sont battues contre ces pièges et pour l’équité salariale, entre autres. Si elle allait travailler là-bas, elle déchanterait. Mais on semble toujours revenir à la case de départ. Beaucoup trop de femmes participent à la reproduction des structures qui les aliènent, et même des femmes qui se disent féministes. (Les féministes de Sisyphe et celles qui s’y reconnaissent sont les seules vraies féministes au Québec.)

    Quand je l’ai entendue, je n’ai pas parlé, car je ne me sens pas soutenue. Pour l’instant j’ai cessé d’intervenir dans ce genre de situation parce que je ne veux pas brûler. Mais il est clair que si les femmes ne se secouent pas non seulement elles ne vont plus avancer mais elle vont reculer.

    Le seul espoir que je vois à l’horizon : les problèmes de l’environnement engendrés par la surpopulation des humains—espèce invasive jamais nommée (je fais allusion à la liste des espèces invasives sur CNN). Ça va peut-être décider certainEs à avoir la lucidité de voir plus clair. En fait, en ce sens, je pense que les féministes comme celles de Sisyphe sont plus vertes que n’importe quel environnementaliste ; Sisyphe est plus vert que Greenpeace ; Sisyphe va à la source des problèmes alors que Greenpeace s’attaque aux problèmes un à la fois sans jamais remettre en question leur cause profonde.


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